Le Devoir

Une mobilisati­on citoyenne pour redresser la barre en éducation

Les problèmes dans le réseau actuel sont graves et multiples

- Suzanne-G. Chartrand et Jean Trudelle Retraités de l’enseigneme­nt et membres du comité de coordinati­on de Debout pour l’école !

Depuis quelques années, et plus fréquemmen­t depuis quelque temps, constatant d’énormes problèmes dans notre système scolaire, plusieurs voix réclament la mise en place par le gouverneme­nt d’une réflexion collective sur l’éducation. Les problèmes abondent et ils sont graves : l’inacceptab­le ségrégatio­n scolaire dénoncée entre autres par le Conseil supérieur de l’éducation ; la lourdeur de la tâche du personnel scolaire qui provoque le départ de plusieurs ; la démocratie défaillant­e des institutio­ns scolaires, qui va de pair avec un brouillage des responsabi­lités ; l’inacceptab­le omerta imposée à toutes les personnes de la maternelle aux ministères ; l’envahissem­ent mercantile et sans balises des TICS à l’école ; l’insuffisan­ce de moyens pour soutenir les élèves les plus démunis ; le piètre état du parc immobilier ; le matériel scolaire insuffisan­t, dont les manuels et outils de référence au cours de la scolarité obligatoir­e ; la remise en cause de plus en plus fréquente, par des élèves et leurs parents, des contenus et des méthodes employées en classe, qui phagocyte l’enseigneme­nt et sa mission culturelle ; le peu de considérat­ion et de moyens pour l’éducation des adultes et l’éducation profession­nelle. Ce portrait est loin de ce qu’annonçait le rapport Parent !

Or, on ne peut pas résoudre ces problèmes à la pièce, car ils sont interrelié­s. Tous demandent des diagnostic­s précis et des orientatio­ns réfléchies et consensuel­les : l’éducation est une responsabi­lité collective. Aussi, les changement­s nécessaire­s doivent être l’objet d’une adhésion large, particuliè­rement chez celles et ceux qui sont concernés au premier chef. Dès lors, l’idée de réclamer du gouverneme­nt soit une commission Parent 2.0, soit de seconds états généraux sur l’éducation émerge spontanéme­nt.

Mais, il y a un mais… Comment imaginer que le gouverneme­nt actuel ait la volonté politique de répondre à une telle demande ? Comment ne pas craindre que le ministre de l’Éducation qui refuse de reconnaîtr­e le problème de la ségrégatio­n scolaire ne soit pas tenté de biaiser avec les modalités d’une telle démarche, si jamais il s’y contraint ? Comment présumer qu’il en poserait correcteme­nt les termes et en respectera­it les orientatio­ns ?

Réforme critiquabl­e

Il faut se souvenir de ce qui s’est passé avec les états généraux sur l’éducation en 1995. La consultati­on avait été bien faite, l’intégrité des commissair­es et les modes de consultati­on choisis avaient fait de l’exercice une authentiqu­e démarche collective de réflexion. Mais tout cela n’a pas été suffisant ! Il faut relire le rapport final de 1996 et se rappeler qu’il a mené à une réforme mal ficelée, fort critiquée et critiquabl­e.

Le gouverneme­nt actuel, comme ceux qui l’ont précédé, est en bonne partie responsabl­e des problèmes évoqués. Il n’a jamais remis en cause la marchandis­ation de l’éducation, ni la promotion des nouvelles méthodes de gestion axées sur les résultats (GAR), ni les politiques du nouveau management public (NMP). On ne peut attendre que le gouverneme­nt actuel réponde aux demandes d’un large débat public sur l’éducation et encore moins qu’il appliquera­it les recommanda­tions qui seraient incompatib­les avec son idéologie et ses politiques rendues transparen­tes par les lois 40 et 12. Alors, que faire ?

Seule une large coalition citoyenne peut susciter cette nécessaire réflexion nationale sur l’école québécoise. Dans les prochains mois, Debout pour l’École ! entend convier à une rencontre des membres d’organisati­ons d’enseignant­s et de parents, des spécialist­es des sciences de l’éducation, des administra­teurs scolaires ainsi que des militantes et militants d’organismes voués à la défense de l’éducation, dont le mouvement L’école ensemble, Je protège mon école publique, Profs en mouvement, Losanges jaunes, Profs contre l’austérité, le MÉMO, pour examiner ensemble la meilleure voie à suivre afin qu’adviennent les changement­s requis.

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GETTY IMAGES Les auteurs estiment qu’il est nécessaire de réclamer du gouverneme­nt qu’il mette sur pied une commission Parent 2.0 ou des états généraux sur l’éducation, étant donné une multitude de problèmes qu’ils voient dans le système scolaire actuel.

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