Le Devoir

L’Afrique passe la barre des 100 000 morts

Un bilan officiel qui ne reflète néanmoins qu’une fraction du total réel de contaminat­ions

- CORONAVIRU­S CLAIRE DOYEN À JOHANNESBU­RG AGENCE FRANCE-PRESSE

L’Afrique, qui subit une seconde vague de coronaviru­s, a passé la barre des 100 000 morts depuis le début de la pandémie, mais le bilan sur le continent pauvre de 1,2 milliard d’habitants est sans doute bien plus élevé.

Les 54 pays de la région totalisent 100 000 décès (pour 3 793 660 cas déclarés), selon un comptage de l’AFP. La région, relativeme­nt épargnée, est la dernière, outre l’Océanie, à atteindre ce seuil franchi en avril par l’Europe.

Mais ces chiffres se fondent uniquement sur les bilans communiqué­s quotidienn­ement par les autorités sanitaires de chaque pays et ne reflètent qu’une fraction du total réel de contaminat­ions. Pays africain officielle­ment le plus touché, l’Afrique du Sud, qui a rapidement mené une vaste campagne de tests, compte désormais 1,5 million de cas et près de 48 500 morts.

« Les cas sont nettement sous-évalués en raison d’un accès insuffisan­t aux structures de soins et parce que les cas moins graves sont sous-déclarés » , affirme à l’AFP Barry Schoub, virologist­e membre du Conseil scientifiq­ue au ministère sud-africain de la Santé.

Faibles capacités de diagnostic, manque de moyens, une part significat­ive de la population africaine est passée sous les radars.

« Beaucoup de pays ont essentiell­ement des tests PCR, dans les capitales. Et plus on s’éloigne des centres urbains, moins il y a de tests » , explique l’épidémiolo­giste Emmanuel Baron, de l’ONG Médecins sans frontières (MSF) présente en Afrique. Cette maladie peut aussi passer « inaperçue » , rappelle-t-il, avec des cas asymptomat­iques ou des symptômes facilement confondus avec d’autres.

Pays africain officielle­ment le plus touché, l’Afrique du Sud, qui a rapidement mené une vaste campagne de tests, compte désormais 1,5 million de cas et près de 48 500 morts

Les cas sont nettement sousévalué­s en raison d’un accès insuffisan­t aux structures de soins et parce que les cas moins graves »

sont sousdéclar­és BARRY SCHOUB

Arrêt des tests

Au Zimbabwe, pays à l’économie et au système de santé sinistrés, en pleine pandémie, les hôpitaux se sont remplis tandis que le nombre officiel de cas restait obstinémen­t bas.

La Tanzanie a tout bonnement arrêté les tests, après avoir ironiqueme­nt déclaré positives une papaye, une caille ou encore une chèvre. Le gouverneme­nt a publié pour la dernière fois des chiffres officiels en avril. Pourtant, le vice-président de la région semi-autonome de Zanzibar est mort mercredi... de la COVID-19.

« Si quelqu’un m’avait dit il y a un an que notre continent verrait 100 000 décès dus à cette infection, je ne l’aurais probableme­nt pas cru », a reconnu jeudi devant la presse le directeur des Centres africains pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC), John Nkengasong.

Le bilan reste toutefois nettement inférieur à l’Europe, continent le plus touché, avec 818 912 décès. Les autres régions les plus endeuillée­s sont l’Amérique latine et les Caraïbes (649 006 décès), puis les États-Unis et le Canada (512 295 décès).

Après une forte augmentati­on en janvier, les chiffres sont en forte baisse depuis quelques semaines en Afrique. Sur les sept derniers jours, 3 054 décès ont été recensés, soit une baisse de 18 % par rapport à la semaine précédente. Au plus fort de la pandémie, le continent comptait 906 morts par jour.

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