Une épreuve uniforme de français dans tous les cégeps ?
Sur la question du français au Québec, une évidence saute aux yeux. S’il est relégué à la zone privée ou familiale et ne réussit pas à s’imposer comme langue de travail officielle à tous les niveaux, quel que soit le nombre d’employés dans une entreprise, il est irrémédiablement voué à une lente disparition. L’attrait de l’anglais dans le contexte nord-américain, l’attrait pour Montréal comme ville internationale, le penchant naturel de plusieurs immigrants pour l’anglais, l’inconscience de Québécois quant à la valeur et au respect de leur langue et de leur spécificité culturelle, le tout ajouté au fait que nous encourageons allègrement les résistants à contourner le français (for English, press 9) et que nous finançons depuis plusieurs années l’anglicisation des allophones en omettant d’appliquer la loi 101 aux cégeps, tout cela n’augure rien de bon.
Or, si le bilinguisme est louable en soi, et si Montréal ne peut y échapper, comment éviter alors l’anglicisation rampante qui prend trop souvent la forme d’un franglais gênant ? Bien sûr, il faudrait idéalement que les Québécois francophones se montrent moins timorés face à leur langue, comme courber l’échine dès qu’on s’adresse à eux dans la langue de Shakespeare, passer à l’anglais dès qu’un seul individu ne comprend pas le français, ou encore adopter une approche hybride (bienvenue-hi) pour ne pas risquer d’offenser quiconque au premier abord.
Pour s’assurer que le français s’impose naturellement comme langue de travail, et pour ne pas causer une commotion en imposant la loi 101, pourquoi ne pas exiger un sérieux test de maîtrise du français parlé et écrit qui se rapprocherait de l’épreuve uniforme du français comme condition à l’obtention du DEC dans les cégeps anglophones ? Une façon de préparer adéquatement tous les citoyens du Québec à utiliser le français comme langue de travail.
Pierre Langis
Drummondville, le 20 février 2021