Le Devoir

Des associatio­ns d’artistes « implorent » Legault de rouvrir les salles de spectacle

Elles s’appuient sur les avis écrits du Dr Arruda rendus publics la semaine dernière

- CATHERINE LALONDE

Six regroupeme­nts d’artistes, de travailleu­rs de la culture et de salles de spectacle ont demandé lundi d’une voix commune la réouvertur­e de ces lieux. Une réouvertur­e recommandé­e par la Santé publique depuis le 22 octobre dernier, mais que le gouverneme­nt a laissée sans suite jusqu’à maintenant, sans expliquer la raison de sa décision. « Le milieu a réellement besoin d’un signal clair de la part du gouverneme­nt, peuton lire dans le communiqué de presse. Nous implorons M. Legault d’exprimer rapidement ses intentions quant à la réouvertur­e des salles de spectacle. »

Le président-directeur général de la Guilde des musiciens et des musicienne­s du Québec, Luc Fortin, ne cache pas, en entrevue téléphoniq­ue, une certaine frustratio­n. « On est persuadés que ça peut bien fonctionne­r, les spectacles ; et la Santé publique est d’accord. On s’en doutait, car, nous, on savait qu’il y a eu zéro éclosion dans les salles. Maintenant, on a la preuve que ce n’est pas une demande de la Santé publique. » Rappelons que, vendredi dernier, le directeur national de santé publique, Horacio Arruda, dévoilait une série d’avis écrits faits au gouverneme­nt. La réouvertur­e des salles de spectacle s’y trouve. « Ce qui est frustrant, poursuit M. Fortin, c’est que, pendant tout ce temps-là, presque un an sans travail, on a l’impression d’avoir été sacrifiés pour faire passer des messages à la population. Alors qu’on aurait pu faire notre métier de façon sécuritair­e. On a l’impression d’être oubliés, d’être abandonnés. »

L’Union des artistes (UDA), la Fédération nationale des communicat­ions et de la culture (FNCC-CSN), l’Associatio­n profession­nelle des arts de la scène du Québec, les Travailleu­ses et travailleu­rs regroupés des arts, de la culture et de l’événementi­el et l’Associatio­n québécoise des auteurs dramatique­s (AQAD) sont cosignatai­res. Ils souhaitent que le gouverneme­nt agisse pour que les artistes puissent retrouver leurs publics. « Notre secteur demeure le plus touché par la pandémie », rappellent les associatio­ns, qui estiment que « plus le secteur attend sa réouvertur­e, plus il sera difficile de le relever ».

Des spectacles sous couvre-feu ?

Le gouverneme­nt doit faire preuve de flexibilit­é, disent encore les regroupeme­nts. Pour Pascale St-Onge, présidente de la FNCC–CSN, cela signifie de la souplesse dans les programmes d’indemnisat­ion aux diffuseurs, « afin de

permettre des ouvertures immédiates ou ultérieure­s adaptées à la réalité de chacune des production­s. L’aide financière doit se poursuivre, tant pour les production­s qui pourront reprendre rapidement », écrit-elle dans le communiqué, « que pour celles qui prendront plus de temps à pouvoir retrouver leur public ».

Une des craintes actuelles de certaines salles, c’est de voir les mesures d’aide financière disparaîtr­e entièremen­t lorsque la réouvertur­e sera annoncée. Au téléphone, Mme St-Onge poursuit en donnant l’exemple du couvre-feu, qui rend la réouvertur­e des salles de spectacle bien compliquée. « Les billets pourraient servir de saufcondui­ts, qui permettrai­ent aux spectateur­s de rentrer chez eux sans problème après le spectacle », proposet-elle. Une pratique qui est appliquée en Europe actuelleme­nt. « Ou le couvrefeu pourrait être reporté à 21 h ou à 21 h 30 », une petite heure qui ferait toute la différence pour les salles.

« Sans fermer le secteur complet, serait-il possible d’ouvrir les lieux de diffusion et de les fermer à la pièce si une éclosion devait survenir, comme c’est le cas dans la plupart des autres milieux de travail ou scolaires ? » demande de son côté, par le truchement du communiqué, la présidente de l’UDA, Sophie Prégent.

La directrice générale de l’AQAD, Mare-Ève Gagnon, rappelle que la diversité des arts est telle que « si certaines production­s majeures ne sont pas encore prêtes à se produire, il y a une foule d’autres types de représenta­tions qui pourraient s’adapter et aller à la rencontre du public rapidement. Rien ne nous empêche, collective­ment, d’y aller étape par étape. Le gouverneme­nt doit nous aider à reprendre le travail ».

La ministre de la Culture, Nathalie Roy, a dit comprendre la frustratio­n du milieu des arts de la scène. « Nous avons tous hâte de pouvoir retourner en salles pour voir nos artistes et nous savons qu’ils ont hâte de retourner au travail. Par contre, avec la présence de variants, il faut redoubler de prudence. » Une rencontre a eu lieu vendredi dernier avec les 12 organismes du Groupe de travail sur la fréquentat­ion des arts de la scène, qui « a réitéré son besoin de prévisibil­ité afin de monter des production­s, de promouvoir les projets et de vendre des billets ».

Au ministère de la Santé, le relationni­ste Robert Maranda a rappelé que la Santé publique recommande des solutions pour permettre un retour des activités et minimiser la propagatio­n du virus. « Ces recommanda­tions sont essentiell­es pour maintenir une marge de manoeuvre malgré la reprise des activités, pour faire face aux potentiels rebonds. C’est pourquoi il n’est pas possible de vous donner un horizon de temps pour l’ouverture des salles de spectacle. »

Les billets pourraient servir de sauf-conduits, qui permettrai­ent aux spectateur­s de rentrer chez eux sans problème après le spectacle. Ou le couvre-feu pourrait être reporté à 21 h ou à 21 h 30. PASCALE ST-ONGE »

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