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Les nombreux consommateurs qui courent les friperies en ces temps de pandémie devraient bien se préparer et être vigilants. Bon nombre d’entre elles ont fermé leurs salles d’essayage et ont des politiques d’échange restrictives.
À la Friperie Renaissance Pie-IX, à Montréal, l’accès aux cabines d’essayage est bloqué par des rangées de paniers métalliques. Les clients qui se pressent dans les rangées de vêtements à bas prix ont donc intérêt à bien connaître leurs mensurations pour choisir adéquatement leurs pantalons ou leurs robes.
« L’entretien des salles devenait difficile. Et la quantité de vêtements qu’il faudrait mettre en quarantaine pendant 48 heures après l’essayage… ça serait un travail et des coûts énormes », explique le directeur général de Renaissance, Éric St-Arnaud.
Par ailleurs, si l’article acheté ne fait pas, la politique de vente ne permet pas de remboursement, mais seulement un échange d’une valeur équivalente dans les sept jours suivant l’achat. Elle a été assouplie en raison de la pandémie, la limite étant autrefois fixée à trois jours. De plus, il n’est pas possible d’obtenir un deuxième échange si la taille du nouveau vêtement ne convient toujours pas.
Cette politique permet d’éviter de mobiliser des ressources trop importantes et de mettre en péril la capacité de l’organisme à but non lucratif de remplir sa mission sociale, qui est d’aider certaines personnes à réintégrer le marché du travail.
Des politiques variées
Plusieurs friperies ayant un objectif social ont des politiques similaires, voire plus limitatives que Renaissance. La Société de Saint-Vincent de Paul et le Magasin du Chaînon, par exemple, ont fermé leurs cabines d’essayage et ne permettent aucun échange ou remboursement. « En raison de la nature de notre organisme, qui est une oeuvre de bienfaisance, tout achat dans notre magasin communautaire est considéré comme un don pour l’organisme », souligne par courriel le directeur du Magasin du Chaînon, Stéphane Lamarche.
La Friperie du quartier, sur la rue Saint-Hubert, a aussi fermé ses salles d’essayage. « Les gens peuvent venir avec des jeans qui leur font, pour pouvoir comparer, suggère le copropriétaire Charles Hupperetz. Et on essaie vraiment de les aider à trouver la bonne grandeur. »
La période d’échange y est aussi de sept jours, « un standard dans l’industrie », selon M. Hupperetz, dont la boutique permet toutefois le « double échange » pour accommoder les clients en cette période trouble.
Rien n’oblige les magasins à reprendre des articles vendus, avertit pour sa part Sylvie De Bellefeuille, avocate chez Option consommateurs. Chaque commerce est libre de déterminer sa propre politique d’achat. « Avant d’acheter, il est important de bien s’informer de la politique de retour du magasin », recommande-t-elle.
D’autres friperies ont toutefois décidé de permettre l’essayage, en nettoyant bien les salles entre deux clients. Et leur façon de gérer les vêtements essayés varie d’un endroit à l’autre. Chez Cul-desac, à Montréal, on les met aussitôt de côté, en « quarantaine », pendant 24 heures. Chez La Fripe, à Québec, cette période de retrait est plutôt de quatre jours. Chez Sidneys, également à Montréal, la propriétaire, Hailey Bibby, tient plutôt à les mettre dans un sac et à les laver à la machine après chaque essayage.
Tous les commerçants contactés indiquent que les lignes directrices en la matière ne sont pas très précises. Le Guide des normes sanitaires en milieu de travail pour le secteur du commerce de détail et des centres commerciaux exige que les objets touchés par la clientèle fassent l’objet d’un « traitement particulier », comme la mise en attente des vêtements et la désinfection des surfaces. Plusieurs boutiques de vêtements neufs vont pour leur part plus loin, désinfectant les vêtements avec une machine à vapeur. C’est une mesure que l’Institut national de santé publique du Québec recommande pour les objets qui ont été touchés par un cas confirmé de COVID.
Les magasins La vie en rose ont adopté ce système. « On a un protocole pour permettre l’essayage, car c’est désagréable d’acheter des soutiens-gorges sans s’assurer d’avoir la bonne taille. Ça évite des retours et des échanges », indique le président-directeur général de l’entreprise, François Roberge, qui précise qu’une cabine sur deux est fermée.