Des inondations prévisibles
La communauté de Zhiibaahaasing, établie sur l’île Manitoulin du lac Huron, bénéficie d’une nouvelle usine d’eau potable depuis 2013. Cette Première Nation de 180 membres, dont 65 vivent dans la réserve, entendait profiter d’une eau saine pour longtemps grâce à cette installation.
Sauf que le niveau du lac, hautement variable en raison des changements climatiques, menace maintenant ses infrastructures. Après les eaux historiquement basses de 2013, la tendance s’est complètement inversée.
À l’été 2019, Services aux Autochtones Canada (SAC) a financé une digue pour protéger l’usine de la montée des eaux. Au printemps 2020, le lac était de 89 cm plus élevé que la moyenne des 100 dernières années, forçant la déclaration de l’état d’urgence.
Ne pouvant plus compter sur son usine de traitement des eaux presque neuve, Zhiibaahaasing a obtenu un financement d’urgence de 1,4 million de SAC et s’est vu livrer en septembre 2020 une « usine portative », du type que l’armée utilise lors de déploiements à l’étranger. Cet équipement temporaire, en fonction depuis décembre dernier, a été installé sur un socle bétonné « bien au-dessus de la ligne des eaux », selon un porte-parole de SAC.
Jamais l’usine de 2013 n’aurait dû être installée aussi proche de la ligne des eaux, juge un ingénieur bien au courant du dossier, mais qui a demandé l’anonymat parce qu’il n’est pas autorisé à en parler publiquement. « Il semble n’y avoir eu aucune considération [des changements climatiques] », déplore-t-il.