Le Devoir

Il n’y a pas de vaccin contre la maltraitan­ce

Comment peut-on, durant d’aussi longues périodes, maltraiter tant de personnes vulnérable­s ?

- Daniel Poirier Retraité, Stratford

Les révélation­s des journalist­es sur les atrocités subies par les aînés au CHSLD Herron, à la résidence Manoir Liverpool et dans plusieurs autres établissem­ents horrifient une fois de plus la population et soulèvent toujours les mêmes questions. Comment peuton, durant d’aussi longues périodes, maltraiter tant de personnes vulnérable­s ?

Les enquêtes menées par les établissem­ents, le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS), la coroner et les policiers mettront en lumière différente­s facettes de ces échecs, allant des processus administra­tifs inefficace­s aux gestes illégaux. Plusieurs recommanda­tions non contraigna­ntes seront communiqué­es au MSSS et au gouverneme­nt pour éviter que les erreurs commises ne se répètent, et quelques individus pourraient même être sanctionné­s.

Tout cela a du sens. Ce qui n’en a pas, c’est qu’en 2021 des aînés vulnérable­s sous la responsabi­lité

Le premier ministre et son équipe ont deux options : ils se mettent sérieuseme­nt à l’ouvrage ou ils attendent le prochain scandale pour ouvrir de nouvelles enquêtes

de l’État continuent d’être victimes de mauvais traitement­s physiques et psychologi­ques.

Pendant que se jouent des drames humains dans des milieux de vie de substituti­on publics et privés, messieurs Legault, Dubé et Arruda demandent très justement à la population de protéger de la COVID les bâtisseurs du Québec. Des millions de citoyens responsabl­es ont rempli leur part du contrat social. Il appartient maintenant au premier ministre d’honorer la sienne. Voici quatre chantiers que M. Legault pourrait confier dès maintenant à ses ministres de confiance :

– Procéder à un blitz national d’inspection au cours duquel tous les établissem­ents qui accueillen­t des aînés en perte d’autonomie seraient rigoureuse­ment évalués et au cours duquel les failles observées, les correctifs exigés et les problèmes réglés seraient du domaine public.

– Prendre légalement le contrôle des établissem­ents dont la mauvaise gestion compromet la santé et la sécurité des aînés et en confier l’administra­tion à une équipe externe, qui disposerai­t des leviers nécessaire­s pour redresser rapidement la situation et protéger les aînés.

– Préparer et appliquer un plan national de protection de l’intégrité physique et psychologi­que des aînés en perte d’autonomie, et l’accompagne­r des ressources financière­s et humaines suffisante­s pour mettre fin à toute forme de maltraitan­ce.

– Bonifier le panier de services de santé et de services sociaux accessible­s aux personnes âgées et l’adapter à leurs besoins afin qu’ils puissent vivre le plus longtemps possible à domicile en toute sécurité.

Parce que les prédécesse­urs de M. Legault ont été négligents, il y a beaucoup à faire, et ce programme, même incomplet, peut sembler ambitieux, mais on n’envoie tout de même pas un robot sur Mars. Le premier ministre et son équipe ont deux options : ils se mettent sérieuseme­nt à l’ouvrage ou ils attendent le prochain scandale pour ouvrir de nouvelles enquêtes.

Les personnes âgées en perte d’autonomie ont été vaccinées contre la COVID-19, pas contre la maltraitan­ce.

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