La reprise de l’emploi sera longue, avertit la Banque du Canada
Les gouvernements pourraient accroître l’accès aux services de garde d’enfants et réduire leur coût pour aider le marché du travail à rebondir et amoindrir le risque de cicatrices économiques à long terme, a fait valoir mardi le gouverneur de la Banque du Canada.
Selon Tiff Macklem, le fait de rendre les services de garde d’enfants plus accessibles dans tout le pays aiderait davantage de femmes à retourner sur le marché du travail et à y rester. L’emploi a diminué davantage chez les femmes que chez les hommes en janvier, avec une baisse particulièrement marquée chez les mères d’enfants en bas âge et d’âge scolaire.
M. Macklem a ajouté que les femmes et les jeunes avaient subi de manière disproportionnée le contrecoup de la deuxième vague de COVID-19, qui a entraîné plus de 250 pertes d’emplois au cours des deux derniers mois. Au total, le marché du travail canadien a perdu 858 emplois depuis le début de la pandémie, car le resserrement des restrictions contre la COVID-19 en décembre et en janvier a ramené les chiffres sur l’emploi là où ils se trouvaient à la fin de l’été.
Dans le texte d’un discours qu’il devait prononcer mardi, M. Macklem a prévenu que les dommages causés par la COVID-19 au marché national du travail ne seraient pas facilement réparés et que la route menant à une reprise complète serait longue. « Nous ne reviendrons pas au même type d’économie qu’avant, a-t-il affirmé. Une partie des entreprises et des emplois auront disparu en raison des changements permanents de la demande et de l’adoption de nouvelles technologies. Il faut donc s’attendre à un long processus d’ajustement et à une reprise lente. »
Condition essentielle
Le gouverneur a répété que le retour à un marché du travail vigoureux est une condition essentielle à la réalisation de l’objectif de la banque centrale, qui est de maintenir l’inflation à un niveau bas, stable et prévisible.
La Banque centrale américaine (Fed) n’abandonnera pas l’économie dans la tempête provoquée par la COVID-19, a également assuré mardi son président. Jerome Powell a réitéré, lors d’une audition devant une commission sénatoriale, que l’institution allait maintenir sa politique accommodante de soutien à l’économie : des taux d’intérêt quasi nuls et des achats d’actifs à hauteur de 120 milliards par mois pour éviter un assèchement du crédit. Il a aussi balayé les craintes des marchés et de certains économistes au sujet d’une possible inflation galopante dans les prochains mois. Il reste un « long chemin » avant d’atteindre les objectifs de la Fed : s’approcher du plein emploi et être « en voie de dépasser durablement » les 2 % d’inflation annuelle, a expliqué M. Powell. Ce dernier a aussi prévenu que « cela prendra sûrement du temps pour que des progrès significatifs soient réalisés ».
L’euphorie qui devrait succéder à une année particulièrement difficile devrait faire grimper la demande, et donc les prix. Les bons du Trésor américain ont ainsi augmenté ces derniers jours, le bon à 10 ans prenant plus de 1 % mardi, à 1,3824 %. Il est en hausse de près de 50 % depuis janvier.
S’il anticipe une pression sur les prix « plus élevée lorsque l’économie rouvrira complètement », M. Powell estime que « c’est une bonne chose ; je ne pense pas que ces effets soient étendus ». Comme lui, l’administration Biden et le Fonds monétaire international jugent ces craintes exagérées. Le FMI table par exemple sur une inflation de 2,25 % en 2022 aux États-Unis.
Les inquiétudes sont également alimentées par le plan d’aide de 1900 milliards présenté par Joe Biden. Ce plan pourrait provoquer une surchauffe de l’économie, car l’offre ne serait alors pas suffisante face à la forte demande, estiment des économistes. La Fed a néanmoins des « outils » pour juguler une hausse folle des prix, a tenté de rassurer M. Powell.