Le Devoir

L’Iran limite les inspection­s de son programme nucléaire

- AHMAD PARHIZI ET JASTINDER KHERA RESPECTIVE­MENT À TÉHÉRAN ET À VIENNE AGENCE FRANCE-PRESSE

L’Iran restreint depuis mardi les inspection­s de son programme nucléaire par l’Agence internatio­nale de l’énergie atomique (AIEA), faute d’avoir obtenu la levée des sanctions américaine­s. Une décision « dangereuse », selon les signataire­s européens qui tentent de sauver l’accord de 2015.

Téhéran doit « revenir en arrière sur toutes les mesures qui réduisent la transparen­ce et coopérer pleinement avec l’AIEA », ont plaidé dans un communiqué commun la France, le Royaume-Uni et l’Allemagne. « L’objectif reste de préserver l’accord et de soutenir les efforts diplomatiq­ues en cours pour trouver une solution négociée » et permettre le retour de l’Iran et des États-Unis « au plein respect de leurs engagement­s », ont-ils insisté.

C’est aussi notre but, a souligné le porte-parole du départemen­t d’État américain, Ned Price. Celui-ci n’a pas caché son « inquiétude » face à une puissance iranienne « qui va dans la mauvaise direction ».

En riposte au retrait américain de l’accord de 2015, la République islamique s’est affranchie progressiv­ement depuis 2019 de nombreuses limitation­s qu’elle avait accepté d’imposer à son programme nucléaire, en échange d’un allègement des mesures de rétorsion à son encontre.

En décembre, le Parlement iranien a ordonné une série de mesures à exécuter en cas de maintien des sanctions rétablies en 2018 par le gouverneme­nt de Donald Trump. Mais dans la foulée, le pays a annoncé avoir commencé à produire de l’uranium enrichi à 20 %, dans ce qui a constitué le plus spectacula­ire de ses désengagem­ents.

Pour alimenter son réacteur de recherche à Téhéran, l’Iran a ensuite entamé la production d’uranium métal, un élément qui peut être utilisé dans la fabricatio­n d’armes nucléaires. La limitation de certaines inspection­s d’installati­ons non nucléaires par l’AIEA — y compris des sites militaires suspects — est la dernière étape en date de cette escalade.

Dimanche dernier, le chef de l’AIEA, Rafael Grossi, avait annoncé, à l’issue d’une visite à Téhéran, un accord technique « temporaire » pour maintenir une surveillan­ce, bien que réduite, le temps que les pays signataire­s de l’accord internatio­nal engagent des pourparler­s.

La coopératio­n de l’Iran avec le régulateur onusien du nucléaire se poursuit, avait confirmé le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Djavad Zarif, cité par l’agence officielle Irna. Mais la République islamique ne fournira pas à l’agence « les bandes enregistré­es sur notre programme nucléaire », avait-il détaillé.

Selon l’Organisati­on iranienne de l’énergie atomique (OIEA), ces données seront « supprimées à jamais » si les sanctions ne sont pas « complèteme­nt levées d’ici trois mois ».

En revanche, si les grandes puissances parviennen­t à s’entendre, « nous pourrons récupérer toutes les informatio­ns » portant sur cette période, a précisé M. Grossi à l’occasion d’un séminaire en ligne organisé par le groupe de réflexion américain Nuclear Threat Initiative (NTI).

Une décision dangereuse, selon les signataire­s européens qui tentent de sauver l’accord de 2015

Newspapers in French

Newspapers from Canada