Le Devoir

Départ difficile pour le système d’inscriptio­n à la vaccinatio­n |

Les lignes téléphoniq­ues ont été saturées dès leur ouverture jeudi matin

- VACCINS BORIS PROULX

Si de nombreux aînés ont pu obtenir un rendez-vous pour figurer parmi les premiers à recevoir un vaccin contre la COVID-19, jeudi, d’autres, ou leurs proches, ont vécu une matinée stressante à tenter d’apprivoise­r un système d’inscriptio­n plombé par des problèmes de fonctionne­ment.

« J’ai trouvé ça stressant », témoigne Lise Boucher, 77 ans, de Québec. Après trois heures d’attente, jeudi matin, elle a réussi à décrocher un rendez-vous vaccinal en mars pour son conjoint, Réal, 91 ans. « À 8 heures pile, j’ai commencé à téléphoner, ensuite j’ai été sur le site Internet et ils m’ont dit que mon code postal n’était pas bon. Mais il était bon ! À force de recommence­r et recommence­r, ça a ouvert, et tout est correct », indique-telle, rassurée.

Selon plusieurs personnes âgées ou proches aidants contactés par Le Devoir, la ligne téléphoniq­ue du gouverneme­nt du Québec était saturée au moment de son ouverture, jeudi. Le formulaire du site Internet, lui, a connu des ratés pour certaines personnes, notamment au moment d’entrer le code postal. Il s’agissait de la première journée où il était possible de prendre rendez-vous pour un vaccin pour les personnes de plus de 85 ans.

Soucis d’inscriptio­n

« Moi et mon conjoint, on a essayé sur la tablette et sur l’ordinateur, et quand on arrive pour entrer le code postal, ils disent tout le temps “aucun résultat pour le code postal”. On a tout essayé, même le code postal du Stade olympique », raconte Carole St-Jacques, qui a tenté jusqu’en milieu d’après-midi, jeudi, d’inscrire dans le système sa mère de 89 ans qui réside à Montréal.

Après une heure d’attente au téléphone, elle s’est découragée, peu convaincue d’emblée par la faisabilit­é de déplacer sa mère jusqu’au centre de vaccinatio­n, alors que celle-ci a d’importants problèmes de mobilité. « Pour l’instant, ce sont juste les gens qui se déplacent, mais ce n’est pas tout le monde qui en est capable. On dirait que les gens qui restent à la maison sont oubliés », conclut Mme St-Jacques.

Pour Jacques Charron, 86 ans, de Gatineau, la prise de rendez-vous n’a posé aucun problème à leur fille, également proche aidante. Or, il entrevoit déjà le déplacemen­t vers le site de vaccinatio­n comme un défi.

« Je suis allé voir où se stationner, et c’est loin ! C’est une maudite bonne marche. Ils disent qu’il ne faut pas que

tu arrives d’avance ni que tu arrives en retard », explique-t-il en entrevue au Devoir. Il aurait aimé que les personnes habitant chez elles aient le même accès au vaccin que les personnes dans les résidences privées pour aînés (RPA).

Vacciner à domicile ?

Le ministre de la Santé, Christian Dubé, s’est dit à la recherche de solutions pour vacciner à domicile les gens dans l’incapacité de se déplacer. Il a par exemple demandé aux responsabl­es des CISSS et des CIUSSS de trouver des façons de se rapprocher de ces gens. Le défi réside dans la nécessité de conserver le vaccin de Pfizer à une températur­e très basse.

« On cherche en ce moment comment se rapprocher de ces gens-là, mais encore une fois, je le répète, on s’est concentré sur les 85 et plus qui pouvaient se déplacer et dans les prochains jours. »

Des correctifs pour les ratés de la ligne téléphoniq­ue devaient être corrigés en quelques heures, jeudi, a assuré le ministre Dubé. Ils ont été causés par un problème de bande passante.

Du même souffle, le ministre a balayé l’idée du revers de la main l’idée selon laquelle Denis Coderre a pu bénéficier d’un traitement de faveur. Dans un tweet, l’ex-maire de Montréal a salué le ministre caquiste pour avoir réglé « en moins de deux » le problème d’inscriptio­n de ses parents. « Vous devriez voir le nombre d’appels que j’ai reçu ce matin de gens qui avaient des questions », a évoqué M. Dubé. Selon M. Coderre, il n’y a eu aucun traitement de faveur puisqu’il aurait simplement signalé un problème informatiq­ue « et remercié comme il se doit ceux qu’ils l’ont réglé. Point ».

En fin d’après-midi, jeudi, le gouverneme­nt québécois a annoncé que près de 100 000 aînés ont pu prendre rendez-vous pour se faire vacciner, un « excellent bilan ». Le portail Clic Santé a permis de fournir environ 12,5 rendezvous à la seconde.

Pour Réal Proulx, 91 ans, la confirmati­on d’un rendez-vous arrivée ce matin représente une première étape vers la vie normale. « C’est dur de pas voir ses enfants, ses arrière-petits-enfants, et mes amis. On allait régulièrem­ent manger au restaurant avec mes amis, faire un petit voyage à Montréal. Le seul moyen d’en arriver à ça, c’est le vaccin. J’espère que dans un an, on va être libres de nouveau. »

 ?? JACQUES NADEAU LE DEVOIR ?? Marie Paule Jobin, 87 ans, se faisait vacciner jeudi à Laval, accompagné­e par sa fille Dorothy.
JACQUES NADEAU LE DEVOIR Marie Paule Jobin, 87 ans, se faisait vacciner jeudi à Laval, accompagné­e par sa fille Dorothy.

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