Québec songe au passeport vaccinal
Québec se prépare à créer « à court terme » un passeport de vaccination pour permettre aux Québécois qui seront inoculés contre la COVID-19 de visiter certains lieux publics et ainsi procéder au déconfinement.
« C’est l’objectif, a indiqué le ministre de la Santé, Christian Dubé, en conférence de presse jeudi. C’est exactement ce que j’ai demandé à la Santé publique. » Ce passeport serait semblable à la preuve de vaccination que les Québécois pouvaient imprimer à la maison lors de l’épidémie de H1N1 il y a une dizaine d’années, à l’exception du fait qu’il serait numérique.
Cette preuve permettrait-elle un déconfinement plus hâtif ? « Je n’irai pas là tout de suite », a-t-il dit avec le sourire, en ajoutant qu’il fallait d’abord poursuivre la campagne de vaccination.
« Tous les outils dont on va pouvoir se servir comme mesures sanitaires sont importants, a-t-il ajouté. Ça, c’en est un, mais il va falloir le mettre en place et il va falloir être capables de s’assurer qu’il est pratique. Mais c’est sûr qu’on est en train de regarder ça. »
L’un des enjeux est de définir les critères de la Santé publique pour considérer qu’une personne est bel et bien immunisée contre la COVID-19. Le développement de la réponse immunitaire après une dose de vaccin prend 21 jours chez les personnes âgées, et 14 jours chez les adultes plus jeunes. Et le passeport ne mènerait pas nécessairement à l’abandon de toutes les mesures de prévention si elles sont toujours nécessaires.
Québec solidaire s’est inquiété des effets potentiellement discriminatoires d’un tel passeport vaccinal. « Il ne s’agit pas seulement de pouvoir prendre l’avion ou de pouvoir souper au restaurant ! Des questions sérieuses se posent sur l’accès au logement et sur le droit au travail, pour ne nommer que ces deux exemples », a déclaré le coporte-parole Gabriel Nadeau-Dubois.
La question du passeport vaccinal pour permettre la reprise du tourisme et accélérer la réouverture des frontières déchire présentement l’Union européenne. À Ottawa, le premier ministre Justin Trudeau avait déjà écarté cette idée en janvier.
D’autres vaccins en route
Entre-temps, le gouvernement fédéral a confirmé que les livraisons de vaccin se mettront bientôt à augmenter.
À compter de la semaine prochaine, le Canada attend 444 000 doses du vaccin Pfizer toutes les semaines jusqu’à la fin mars. La pharmaceutique aura ainsi livré les quatre millions de doses promises d’ici la fin du premier trimestre. En avril, 769 000 doses seront livrées lors de chacune des deux premières semaines.
Du côté de Moderna, la compagnie est désormais en mesure de garantir
Tous les outils dont on va pouvoir se servir » comme mesures sanitaires sont importants
CHRISTIAN DUBÉ
une livraison bimensuelle. Quelque 466 000 doses seront livrées la semaine 8 mars, puis 846 000 pour celle du 22 mars. L’entreprise respectera ainsi elle aussi son contrat de commandes de deux millions de doses pour le premier trimestre. Pour la suite, Moderna n’a pas encore précisé le nombre de doses qui seront acheminées en avril, mais le major général Danny Fortin a assuré avoir été informé que les quantités continueront d’augmenter.
En Ontario, le général à la retraite Rick Hillier s’est dit « réticent » mercredi à garantir comme le fédéral que tous les citoyens seront vaccinés d’ici la fin septembre.
Le major général Fortin a dit comprendre l’hésitation de certaines provinces, qui ont été confrontées à des retards de livraisons et des pénuries de vaccins. « Mais nous sommes en train de sortir de cette phase », a-t-il insisté. Le Canada recevra d’ici fin mars six millions de doses des vaccins Pfizer et Moderna, puis 23 millions entre avril et juin, et environ 50 millions entre juin et septembre, a-t-il promis.
Le ministre Dubé s’est d’ailleurs montré optimiste jeudi puisque le Québec recevra 700 000 doses des deux vaccins d’ici la fin du mois prochain. Le gouvernement pourra ainsi injecter la deuxième dose aux premières personnes inoculées à compter du 15 mars, comme prévu.
Et de nouveaux vaccins, comme celui de Johson & Johnson ou d’AstraZeneca, risquent de s’ajouter aux réserves s’ils sont approuvés par Santé Canada, a rappelé le major général Fortin. Plus de 1,5 million de doses ont maintenant été administrées au pays : 2,9 % des Canadiens ont reçu une première dose, 1,1 % en ont reçu deux. La semaine dernière, les provinces ont injecté 240 000 doses — un record depuis cinq semaines.
Par ailleurs, les variants continuent de préoccuper le gouvernement québécois. Depuis mercredi, 170 cas présumés se sont ajoutés, ce qui porte leur nombre total à 772.