La Santé publique fait enquête sur l’agression d’une voyageuse
L’Agence de la santé publique du Canada a ouvert une enquête et promet de revoir ses façons de faire après qu’une femme en quarantaine obligatoire dans un hôtel de Dorval eut été victime d’une agression sexuelle. Une réponse insuffisante, aux yeux des partis d’opposition, qui réclament la suspension de ces quarantaines surveillées, ou du moins des mesures de sécurité supplémentaires sur les lieux.
Le récit d’une Québécoise de 24 ans, qui a rapporté au quotidien La Presse qu’un Ontarien de 29 ans aurait essayé de l’agresser sexuellement lors de leur confinement au Sheraton près de l’aéroport Trudeau, a enflammé les débats aux Communes jeudi. Robert Shakory aurait été accusé d’agression sexuelle, d’introduction par effraction et de harcèlement.
La ministre de la Santé, Patty Hajdu, a affirmé à la Chambre des communes qu’une enquête a été commandée. « Ces allégations sont profondément troublantes. Elles font l’objet d’une enquête. Mes fonctionnaires sont en train de revoir tous les procédés et les protocoles, y compris avec nos fournisseurs de service, afin d’assurer la sécurité de tous les Canadiens », a-t-elle rapporté.
Incident troublant
Choqués par l’incident de la semaine dernière, les conservateurs ont demandé que la quarantaine surveillée à l’hôtel soit suspendue le temps que de nouvelles mesures de sécurité soient ajoutées. La députée Michelle Rempel Garner a relaté, lors de la période des questions, le témoignage de la victime alléguée. Celleci aurait croisé un autre voyageur en quarantaine dans le couloir de l’hôtel.
L’homme se serait invité dans sa chambre, il l’aurait touchée avant de sortir un condom de sa poche et de lui demander de coucher avec lui. Après le refus de la jeune femme, l’homme se serait mis à se masturber. « Si cela rend ceux qui écoutent mal à l’aise, tant mieux. Imaginez comment elle se sentait, elle », a lancé Mme Rempel Garner.
La ministre Hajdu s’est dite profondément troublée par cet incident. « L’agression d’une femme n’est jamais acceptable », a-t-elle rétorqué. « Toutes les femmes méritent de vivre une vie sans violence et une vie dans la dignité. Mais je le répète : ces mesures frontalières sont en place pour protéger les Canadiens et elles demeureront en place jusqu’à ce que la science nous indique qu’il est sécuritaire de les abandonner », a-t-elle insisté.
Le chef bloquiste, Yves-François Blanchet, n’est pas allé jusqu’à réclamer la fin des quarantaines surveillées. « Ce n’est pas parce qu’il y a des trous dans le filet qu’on doit enlever le filet. » Le Bloc somme plutôt le fédéral d’ajouter du personnel de sécurité dans les hôtels, d’améliorer la logistique des déplacements des voyageurs pour éviter les engorgements — et les risques de propager le coronavirus — et d’ajouter un site Internet à la ligne téléphonique de réservations d’hôtels, qui a connu des ratés.
L’Agence de la santé publique promet de doubler dès cette semaine la capacité de ses téléphonistes, afin qu’ils puissent répondre à 6000 ou 7000 appels par jour plutôt que 2000 ou 3000. Il n’est pas exclu de créer aussi une plateforme de réservations en ligne.
Quant à la sécurité des voyageurs en quarantaine, le gouvernement n’a pas su préciser jeudi s’il augmentera le nombre d’agents de sécurité et d’employés du gouvernement postés dans les hôtels à la suite de son enquête interne.