Le Devoir

La cheffe des urgences de l’hôpital de Joliette a remis sa démission

En plus d’une infirmière, une préposée aux bénéficiai­res a aussi été renvoyée

- MARIE-MICHÈLE SIOUI CORRESPOND­ANTE PARLEMENTA­IRE À QUÉBEC

La cheffe des urgences de l’hôpital de Joliette a démissionn­é dans la foulée de la mort de Joyce Echaquan, a révélé jeudi matin la présidente-directrice générale par intérim du CISSS de Lanaudière, Caroline Barbir.

En marge d’une annonce sur la création de divers postes visant à accueillir davantage d’employés atikamekw dans les rangs du CISSS, Mme Barbir a aussi confirmé qu’une préposée aux bénéficiai­res avait été impliquée dans les événements, puis congédiée. Le CISSS avait auparavant annoncé le renvoi d’une infirmière qui avait tenu des propos racistes à propos de Mme Echaquan.

« Il y avait la cheffe du service de l’urgence, qui n’est plus là, et il y avait l’infirmière et la préposée qui étaient directemen­t présentes auprès de Mme Echaquan, qui ne sont plus là non plus », a affirmé Mme Barbir. « Les deux soignantes ont été congédiées et la cheffe est partie d’elle-même. »

Sa réponse a pris le chef du Conseil des Atikamekw de Manawan, PaulÉmile Ottawa, par surprise. « Je ne savais même pas que la dame aux urgences avait démissionn­é à la suite des événements », a-t-il confié au Devoir. « On m’avait dit pour la préposée aux bénéficiai­res. »

Cinq mois après la mort de Mme Echaquan, le CISSS de Lanaudière a créé une « table de réconcilia­tion » pour rebâtir les ponts avec les membres des communauté­s atikamekw, nombreux à utiliser ses services. Caroline Barbir a annoncé l’embauche d’une seconde agente en sécurisati­on culturelle et d’un commissair­e adjoint aux plaintes et à la qualité des services, de même que la création d’un poste d’adjoint au p.-d.g., qui aura pour mandat de s’occuper des relations avec les Autochtone­s. Tous les postes seront pourvus par des Atikamekw.

Une formation obligatoir­e, destinée à l’ensemble des employés du CISSS, sera aussi mise sur pied, de concert avec les membres de la nation atikamekw.

Un « modèle » de partenaria­t

Le ministre de la Santé, Christian Dubé, a également annoncé qu’une place au conseil d’administra­tion du CISSS serait désormais réservée à un représenta­nt de la nation atikamekw. « Vous avez souvent dit qu’il fallait rebâtir un pont sur lequel marcher ensuite, et j’aime beaucoup cette image-là », a-t-il dit au chef Ottawa. « Cette approche-là qu’on prend à Lanaudière va faire école selon moi, et c’est un modèle de partenaria­t qu’on peut répandre, le plus rapidement possible, à l’ensemble de la communauté », a-t-il ajouté.

Le Centre hospitalie­r régional de Lanaudière, couramment appelé l’hôpital de Joliette, a déjà à son emploi une agente de liaison en sécurisati­on culturelle. Barbara Flamand a d’ailleurs révélé au Devoir qu’elle était au travail lorsque Joyce Echaquan est morte. Elle a dit vivre des moments de détresse depuis la mort de Mme Echaquan. Elle a aussi raconté avoir vécu du racisme dès son arrivée en poste et s’être vu retirer l’accès à un bureau pendant une période de neuf mois.

Avec la création d’un second poste comme celui qu’occupe Mme Flamand, le CISSS souhaite donner accès à un agent en sécurisati­on culturelle « sept jours sur sept », a attesté la p.-d.g. Barbir. Ces deux employés, qui peuvent être appelés à jouer les rôles d’interprète­s ou de traductric­es, notamment, seront « disponible­s à distance le soir et la nuit, mais présentes [à l’hôpital] le jour », a-t-elle assuré. Quant à l’adjoint du p.-d.g, il aura pour mission première « d’identifier les différente­s actions prioritair­es […] pour mener à terme un réel changement de culture au sein de notre CISSS », a expliqué Mme Barbir.

Les postes seront financés à même l’enveloppe de 15 millions de dollars que Québec a dégagée pour assurer la sécurisati­on culturelle des soins de santé. « J’ai vraiment espoir avec des mesures comme celles-ci, on va faire changer les choses », a déclaré le ministre responsabl­e des Affaires autochtone­s, Ian Lafrenière.

Une seconde agente en sécurisati­on culturelle sera embauchée par l’établissem­ent

Newspapers in French

Newspapers from Canada