Une librairie jeunesse ouvrira ses portes à Montréal
Une nouvelle librairie de quartier spécialisée dans la littérature jeunesse ouvrira ses portes dans Hochelaga-Maisonneuve, à Montréal
La pandémie n’a pas freiné le rêve de trois Montréalaises d’ouvrir dans Hochelaga-Maisonneuve une librairie de quartier spécialisée dans la littérature jeunesse.
Un pari risqué, diront certains, ou gagnant, diront d’autres, considérant l’engouement des Québécois pour la lecture depuis le début de la crise.
« Les gens — petits et grands — ont un fort besoin de s’évader, de voyager et de rêver dans une telle période. Par le livre, c’est vraiment la meilleure manière de le faire actuellement. Alors on s’est dit qu’on allait se lancer tête première dans notre grand rêve à nous », explique au téléphone Catherine Chiasson, entre deux coups de pinceau.
Lorsque jointe par Le Devoir jeudi matin, elle s’affairait à finaliser les travaux dans le local qu’elle a déniché rue Ontario, au coin de Nicolet, avec Raphaëlle Beauregard et Mélissa Boudreault. Ces trois Montréalaises passionnées par les livres comptent y aménager une nouvelle librairie indépendante : Le Renard perché.
Un clin d’oeil à l’équipe
L’ouverture est prévue le 8 mars prochain, à moins que les mesures sanitaires ne changent d’ici là. Cette date,
Journée internationale des femmes, se veut un clin d’oeil à leur équipe entièrement féminine.
Très bientôt donc, les grandes étagères colorées de l’établissement se rempliront d’une tonne de livres. De la littérature québécoise et étrangère, des romans, de la poésie, des bandes dessinées : il y en aura pour tous les goûts et pour tous les âges, avec une forte proportion toutefois de livres jeunesses.
« On voulait vraiment se spécialiser dans la littérature jeunesse. C’est une passion partagée qui nous a réunies et qui a marqué nos expériences passées comme libraires. On aime les mots, les images, la composition de ces livres. C’est extraordinaire en plus de pouvoir faire découvrir ça à des enfants », explique Raphaëlle Beauregard.
Et le quartier qu’elles ont choisi pour installer leurs pénates semble tout indiqué pour ça. « C’est très familial, Hochelaga-Maisonneuve. Les gens aiment lire et participer à des activités », souligne pour sa part Mélissa Boudreault, qui vit dans le quartier depuis une dizaine d’années, tout comme Catherine Chiasson.
Les trois femmes souhaitent d’ailleurs profiter de leur vaste local pour y organiser fréquemment des activités et ainsi en faire un lieu de rencontres et de discussions. Elles envisagent déjà des lancements de livres, des séances de signatures, des lectures de contes ou encore des rencontres avec des auteurs, des illustrateurs et des éditeurs.
« C’est sûr que la pandémie nous met des bâtons dans les roues », reconnaît Mélissa Boudreault. D’ailleurs, n’est-ce pas là un pari fou que de vouloir ouvrir une librairie en pleine pandémie ? « Ce serait mentir si on disait qu’on n’a aucune inquiétude. C’est plus complexe, mais on va s’adapter, comme toutes les autres librairies », répond-elle, déterminée.
Une année prometteuse
Dans la dernière année, la grande majorité des librairies ont en effet su montrer qu’elles pouvaient garder la tête hors de l’eau malgré la pandémie et son ballet incessant de confinement-déconfinement-reconfinement. La mise en place de la vente en ligne et d’activités virtuelles a particulièrement changé la donne.
D’après la Société de développement des entreprises culturelles (SODEC), l’année 2020 a même été particulièrement payante pour les librairies indépendantes, encouragées par le mouvement de l’achat local au Québec.
Elles ont connu une augmentation de 5,2 % de leurs ventes globales comparativement à l’année précédente. Le livre a été particulièrement attrayant auprès du grand public, un secteur pour lequel l’augmentation est de 18,3 %. Les ventes aux collectivités — soit les écoles et les bibliothèques — ont, elles, chuté de 11,9 %, considérant la fermeture de ces établissements pendant une bonne partie de l’année.
« On a surtout mal commencé la pandémie [avec une baisse de 65 % en avril]. Les librairies indépendantes sont déjà des commerces fragiles, je m’attendais au pire. Finalement, c’est le contraire qui est arrivé », se réjouit Katherine Fafard, directrice générale de l’Association des libraires du Québec (ALQ), qui compte quelque 135 membres.
Elle indique que cinq librairies ont dû fermer leurs portes au Québec entre mars et décembre 2020. C’est légèrement plus que dans les trois dernières années, mais bien moins qu’en
2014 (11) ou 2012 (9). Elle insiste surtout sur le fait que trois nouvelles librairies ont fait leur apparition. L’année 2021 s’annonce également prometteuse, l’ALQ ayant déjà reçu quatre appels de personnes qui souhaitent ouvrir une nouvelle librairie, sans compter Le Renard perché.
« Le livre, ç’a été un produit refuge pour nombre de Québécois. C’était un produit tout destiné à la situation puisqu’il se consomme en solitaire, à la maison. On avait le produit idéal », poursuit Mme Fafard.
Elle s’attend toutefois à une légère baisse lorsque les cinémas, théâtres, restaurants et cafés rouvriront. « Les gens vont s’y précipiter, moi la première. On va sûrement moins lire. Mais je crois qu’on a réussi à redonner le goût de la lecture à beaucoup de personnes qui vont garder cette nouvelle habitude dans leur quotidien. »