Le Devoir

La seconde vague frappe à la maison

Les dégâts de la COVID-19 chez les aînés ne se limitent plus aux CHSLD

- ISABELLE PARÉ

Ça devient important de vacciner les personnes les plus à risque qui vivent à domicile

LE DR RODICA GILCA

Depuis la 2e vague, le nombre absolu de Québécois morts à domicile de la COVID a presque égalé le nombre de décès déplorés dans les CHSLD, et il l’a dépassé depuis la mi-janvier. Une réalité méconnue qui démontre le besoin pressant de vacciner les aînés autonomes résidant encore chez eux.

Selon les données recensées par l’Institut national de santé publique (INSPQ) sur l’évolution des décès en fonction du milieu de vie, plus de 1000 Québécois qui vivaient à domicile ont été emportés par la COVID depuis le 29 novembre, soit le même nombre que ceux résidant en CHSLD.

À compter du début octobre, la forte transmissi­on communauta­ire a nourri cette tendance, qui a culminé pendant le temps des Fêtes et s’est accélérée début janvier.

Depuis janvier 2021, plus de 660 décès ont été rapportés à domicile, majoritair­ement des personnes âgées, soit plus que dans l’ensemble des CHSLD

Il y a beaucoup de gens qui pourraient passer à t ravers les “craques”

GINETTE FAUCHER

(531), et que dans les résidences pour aînés (495). Et ce, même si les personnes vivant en CHSLD sont beaucoup plus vulnérable­s et plus âgées que celles qui vivent encore à leur domicile.

Selon le Dr David Lussier, gériatre à l’Institut universita­ire de gériatrie de Montréal (IUGM), cela démontre qu’il urge de vacciner les personnes de 70 ans et plus, qui sont plus mobiles, plus actives et plus à risque de contracter des infections dans la communauté. Surtout avec l’arrivée des variants, celles-ci sont plus susceptibl­es d’être infectées rapidement, et de se retrouver hospitalis­ées et aux soins intensifs.

« Ce qui est important, c’est qu’on voit une diminution du nombre d’hospitalis­ations, car 75 % des gens ont reçu

le vaccin en CHSLD et 50 % en RPA, en plus de l’effet du couvre-feu. Maintenant, ça devient important de vacciner les personnes les plus à risque qui vivent à domicile », explique le Dr Rodica Gilca, médecin-conseil à l’INSPQ et membre du Comité sur l’immunisati­on du Québec (CIQ).

Pour les personnes vivant en CHSLD, l’effet protecteur du vaccin a commencé son travail de protection autour de la mi-janvier, soit de 15 à 21 jours après la vaccinatio­n. Selon cette experte, l’ordre de priorisati­on pour la vaccinatio­n reste pour l’instant inchangé, mais les experts du CIQ) surveillen­t de près l’effet de l’arrivée des variants sur la transmissi­on communauta­ire.

À Montréal, cet effet pourrait être explosif. Selon des données de la Direction régionale de santé publique de Montréal, une soixantain­e de personnes résidant à domicile (milieu ouvert) sont mortes depuis le début du mois de février et 50 dans les 10 derniers jours de janvier.

« L’objectif de la campagne de vaccinatio­n est de prévenir les complicati­ons, donc tout est analysé en ce sens, dit la Dre Gilca. Si les variants entraînent des complicati­ons chez des personnes plus jeunes, il faudra voir si ces nouveaux éléments nécessiten­t de revoir l’ordre de priorité de la vaccinatio­n. »

Chose certaine, les nombreux organismes communauta­ires qui travaillen­t auprès des aînés à domicile anticipent le début de la vaccinatio­n de masse. « Il va falloir travailler fort pour aller rejoindre des personnes seules et très isolées qui ne seront pas capables de se rendre aux sites de vaccinatio­n », soutient Ginette Faucher, directrice générale de l’organisme communauta­ire Le Pivot à Québec.

« Ce n’est pas tout le monde qui a des enfants qui peuvent venir les aider à se déplacer. Il y a beaucoup de gens qui pourraient passer à travers les “craques”, dit-elle. Certains ne sont même pas au courant qu’il y a une campagne de vaccinatio­n ! »

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