Les tests rapides iront aux travailleurs de la santé
Le gouvernement du Québec a reçu au total 4,1 millions de tests du fédéral, dont plus de 680 000 BD Veritor
Les tests rapides serviront désormais à faire du dépistage de la COVID-19 chez les travailleurs de la santé asymptomatiques, selon une nouvelle directive ministérielle. Un changement accueilli favorablement qui relance le débat sur l’usage de ces tests dans les écoles.
« C’est une excellente nouvelle, d’autant plus que le ministère de la Santé s’inscrit maintenant dans une logique de dépistage et non pas une logique de diagnostic », a souligné Roxane Borgès da Silva, professeure à l’École de santé publique de l’Université de Montréal.
Le Devoir rapportait en janvier que le gouvernement québécois avait utilisé
moins de 1 % des 2,6 millions de tests rapides livrés par Ottawa quelques mois plus tôt. Québec a depuis changé de ton sur la question de ces tests jugés moins fiables que ceux analysés en laboratoire, avec l’arrivée des nouveaux variants qui se transmettent plus vite. Une décision survenue alors que des milliers de tests ID NOW et BD Veritor expireront en avril.
« La Santé publique raisonnait en termes de diagnostic et non en termes de gestion de risque, a pour sa part fait valoir le Dr Richard Marchand, qui est microbiologiste et infectiologue à l’Institut de cardiologie de Montréal. Dans leurs têtes, ils veulent savoir [si] tu malade, mais en gestion de risque la question qu’on pose c’est “es-tu contagieux ce matin ?”» Celui-ci a récemment soulevé la controverse en affirmant au micro de Paul Arcand ne pas vouloir se faire vacciner pour l’instant, étant donné que les vaccins contre la COVID-19 ont été approuvés plus rapidement qu’à l’habitude.
Le médecin s’est servi des tests antigéniques BD Veritor dans le cadre d’un projet-pilote pour dépister les employés asymptomatiques. Ces tests donnent un résultat en moins de 15 minutes qui, s’il est positif, doit être confirmé par un test PCR analysé en laboratoire. En deux mois, il a détecté 14 porteurs du virus, dont trois superpropagateurs sur plus d’une dizaine de milliers de tests effectués.
« Des gens qui sont arrivés le matin complètement asymptomatiques et qui nous auraient fait des éclosions monstres si on ne les avait pas retirés [du travail], a-t-il fait remarquer. Chacun de ces cas-là aurait pu faire une éclosion de 25 à 30 personnes. »
Les établissements pourront se servir des tests BD Veritor pour effectuer un dépistage récurrent, plusieurs fois par semaine, des travailleurs de la santé, des vaccinateurs, des proches aidants et des visiteurs.
« Pour être efficace, le dépistage doit idéalement viser un taux de 80 % des travailleurs de la santé en contact avec la clientèle vulnérable d’un milieu, écrit le ministère de la Santé et des Services sociaux. Les résultats doivent être obtenus rapidement, avant le prochain quart de travail. Or, une telle approche risque de surcharger les laboratoires. C’est la raison pour laquelle les tests rapides antigéniques sont désormais recommandés. »
Le MSSS dit vouloir utiliser les laboratoires pour l’analyse des tests PCR effectués sur des gens qui présentent déjà des symptômes de la COVID-19 ou pour les éclosions en milieu de soins et en milieu de vie.
Pourquoi pas dans les écoles ?
Le Dr Marchand s’explique mal pourquoi le gouvernement Legault est réticent à l’utilisation de ces tests rapides dans les écoles, d’autant plus qu’ils sont moins invasifs que les tests nasopharyngés puisque l’écouvillon n’a pas à être inséré aussi profondément. Il peut même être utilisé avec la salive chez les plus jeunes enfants pour détecter les superpropagateurs, selon lui.
« On retire l’enfant ou l’employé de l’école deux à trois jours avant ce que la Santé publique ferait quand elle l’apprend plus tard, a-t-il dit. À mon avis, il n’y aura aucune manière d’empêcher la propagation si les variants hyperinfectieux se propagent. »
La professeure Borgès da Silva estime que ces tests pourraient également être utiles pour soutenir la réouverture des cégeps et des universités, étant donné que des étudiants vivent des problèmes de santé mentale dus à l’isolement. « En général, les études disent que 50 % des éclosions prennent leur source chez des gens asymptomatiques », a-telle rappelé.
Les stocks de tests rapides du Québec ont augmenté au cours des dernières semaines. Le gouvernement a reçu au total 4,1 millions de tests du fédéral, dont plus de 680 000 BD Veritor. Il dispose également de plus de 3 millions de tests antigéniques Panbio, qui seront fournis à des entreprises, et plus de 350 000 tests ID NOW, plus fiables, désormais utilisés dans les centres de dépistage. En tout, quelque 38 000 tests rapides ont été utilisés, soit toujours moins de 1 % de leur nombre total.