Le Devoir

Péquistes, solidaires et écologiste­s exigent la fin de GNL Québec

- ALEXANDRE SHIELDS

Le Parti québécois et Québec solidaire reviennent à la charge pour exiger le rejet du projet d’usine de GNL Québec, dans la foulée d’une analyse de l’Union des consommate­urs qui conclut que l’approvisio­nnement en électricit­é du complexe industriel forcerait les clients d’Hydro-Québec à encaisser un « choc tarifaire ». Les deux partis, mais aussi les groupes écologiste­s, dénoncent du même coup l’idée d’utiliser l’hydroélect­ricité pour « verdir » du gaz naturel albertain.

Selon les informatio­ns publiées vendredi matin dans Le Devoir à partir d’une analyse produite par l’Union des consommate­urs, l’usine de liquéfacti­on de gaz naturel consommera­it chaque année près de cinq térawatthe­ures (TWh), soit l’équivalent de plus de 250 000 clients résidentie­ls d’Hydro-Québec. Cette demande, qui n’est pas inscrite actuelleme­nt dans le « plan d’approvisio­nnement » de la société d’État, devrait d’ailleurs faire bondir la facture d’électricit­é des clients d’Hydro-Québec.

L’analyste Viviane de Tilly, spécialist­e des politiques et de la réglementa­tion en matière d’énergie à l’Union des consommate­urs prévoit que la société d’État devra composer avec un manque à gagner de plusieurs centaines de millions de dollars dès les trois premières années de fonctionne­ment de l’usine, qui commencera­it à liquéfier du gaz naturel en 2027. Le « choc tarifaire » pour les clients surviendra­it en 2030, selon l’analyste, soit au moment de présenter le dossier tarifaire quinquenna­l d’Hydro-Québec.

Gaz naturel et énergie propre

Pour le Parti québécois, ce scénario milite en faveur de l’abandon du mégaprojet d’exportatio­n de gaz naturel albertain. « C’est [...] complèteme­nt absurde d’utiliser une énergie propre, qui est une force en vue de la transition énergétiqu­e, pour “verdir” une source d’énergie fossile », a souligné vendredi le député de Jonquière et porte-parole du Parti québécois en matière d’énergie, Sylvain Gaudreault.

Même son de cloche du côté de Québec solidaire. « Faire payer les Québécois pour offrir notre énergie propre au rabais à une multinatio­nale américaine pour qu’elle transporte du gaz sale de l’Alberta n’a aucun sens. Je me demande quelles qualités le gouverneme­nt de François Legault voit encore dans ce projet », a fait valoir la députée Ruba Ghazal, porte-parole en matière d’énergie et d’environnem­ent.

Pour le Parti libéral du Québec, l’enjeu de l’approvisio­nnement électrique de GNL est un « élément supplément­aire à prendre en considérat­ion dans l’analyse de ce projet, et qui ne milite pas en sa faveur ». « Il faut cependant analyser le projet dans son ensemble et considérer l’ensemble des facteurs, notamment l’acceptabil­ité sociale, les impacts environnem­entaux et la viabilité du financemen­t du projet », a indiqué, par courriel, le porte-parole libéral en matière d’énergie et de ressources naturelles, Saul Polo.

Les groupes écologiste­s Équiterre et Greenpeace, qui militent contre le projet de GNL Québec, ont chacun fait valoir vendredi que la question des coûts de l’approvisio­nnement de l’usine gazière s’ajoute au manque d’acceptabil­ité sociale du projet et aux enjeux climatique­s et de protection de la biodiversi­té.

« Efforts concertés »

Est-ce que le ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles, Jonatan Julien, est inquiet des coûts que risque de provoquer le projet GNL Québec pour les clients d’Hydro-Québec ? « Il est important de considérer que les besoins en énergie et en puissance d’Hydro-Québec ne sont pas tributaire­s uniquement des projets. Aussi, plusieurs efforts concertés avec Hydro-Québec en termes d’efficacité énergétiqu­e ont également un impact sur les ressources », a indiqué son cabinet, dans une réponse écrite transmise vendredi.

« Rappelons que le plan d’approvisio­nnement d’Hydro-Québec a déjà prévu une hausse de la demande en énergie, et ce, dès 2026, en raison de l’augmentati­on de la demande qui est multifacto­rielle », a ajouté le bureau du ministre.

L’an dernier, le ministre Julien avait affirmé à l’Assemblée nationale que l’exportatio­n de 11 millions de tonnes de gaz naturel liquéfié chaque année permettrai­t au Québec de participer à la transition énergétiqu­e mondiale. Il avait alors repris les arguments des promoteurs voulant que le gaz exporté permette de remplacer des sources énergétiqu­es plus polluantes, une hypothèse qui n’a pas encore été démontrée.

GNL Québec a réaffirmé jeudi qu’une décision de constructi­on du complexe doit être prise en 2022.

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