Péquistes, solidaires et écologistes exigent la fin de GNL Québec
Le Parti québécois et Québec solidaire reviennent à la charge pour exiger le rejet du projet d’usine de GNL Québec, dans la foulée d’une analyse de l’Union des consommateurs qui conclut que l’approvisionnement en électricité du complexe industriel forcerait les clients d’Hydro-Québec à encaisser un « choc tarifaire ». Les deux partis, mais aussi les groupes écologistes, dénoncent du même coup l’idée d’utiliser l’hydroélectricité pour « verdir » du gaz naturel albertain.
Selon les informations publiées vendredi matin dans Le Devoir à partir d’une analyse produite par l’Union des consommateurs, l’usine de liquéfaction de gaz naturel consommerait chaque année près de cinq térawattheures (TWh), soit l’équivalent de plus de 250 000 clients résidentiels d’Hydro-Québec. Cette demande, qui n’est pas inscrite actuellement dans le « plan d’approvisionnement » de la société d’État, devrait d’ailleurs faire bondir la facture d’électricité des clients d’Hydro-Québec.
L’analyste Viviane de Tilly, spécialiste des politiques et de la réglementation en matière d’énergie à l’Union des consommateurs prévoit que la société d’État devra composer avec un manque à gagner de plusieurs centaines de millions de dollars dès les trois premières années de fonctionnement de l’usine, qui commencerait à liquéfier du gaz naturel en 2027. Le « choc tarifaire » pour les clients surviendrait en 2030, selon l’analyste, soit au moment de présenter le dossier tarifaire quinquennal d’Hydro-Québec.
Gaz naturel et énergie propre
Pour le Parti québécois, ce scénario milite en faveur de l’abandon du mégaprojet d’exportation de gaz naturel albertain. « C’est [...] complètement absurde d’utiliser une énergie propre, qui est une force en vue de la transition énergétique, pour “verdir” une source d’énergie fossile », a souligné vendredi le député de Jonquière et porte-parole du Parti québécois en matière d’énergie, Sylvain Gaudreault.
Même son de cloche du côté de Québec solidaire. « Faire payer les Québécois pour offrir notre énergie propre au rabais à une multinationale américaine pour qu’elle transporte du gaz sale de l’Alberta n’a aucun sens. Je me demande quelles qualités le gouvernement de François Legault voit encore dans ce projet », a fait valoir la députée Ruba Ghazal, porte-parole en matière d’énergie et d’environnement.
Pour le Parti libéral du Québec, l’enjeu de l’approvisionnement électrique de GNL est un « élément supplémentaire à prendre en considération dans l’analyse de ce projet, et qui ne milite pas en sa faveur ». « Il faut cependant analyser le projet dans son ensemble et considérer l’ensemble des facteurs, notamment l’acceptabilité sociale, les impacts environnementaux et la viabilité du financement du projet », a indiqué, par courriel, le porte-parole libéral en matière d’énergie et de ressources naturelles, Saul Polo.
Les groupes écologistes Équiterre et Greenpeace, qui militent contre le projet de GNL Québec, ont chacun fait valoir vendredi que la question des coûts de l’approvisionnement de l’usine gazière s’ajoute au manque d’acceptabilité sociale du projet et aux enjeux climatiques et de protection de la biodiversité.
« Efforts concertés »
Est-ce que le ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles, Jonatan Julien, est inquiet des coûts que risque de provoquer le projet GNL Québec pour les clients d’Hydro-Québec ? « Il est important de considérer que les besoins en énergie et en puissance d’Hydro-Québec ne sont pas tributaires uniquement des projets. Aussi, plusieurs efforts concertés avec Hydro-Québec en termes d’efficacité énergétique ont également un impact sur les ressources », a indiqué son cabinet, dans une réponse écrite transmise vendredi.
« Rappelons que le plan d’approvisionnement d’Hydro-Québec a déjà prévu une hausse de la demande en énergie, et ce, dès 2026, en raison de l’augmentation de la demande qui est multifactorielle », a ajouté le bureau du ministre.
L’an dernier, le ministre Julien avait affirmé à l’Assemblée nationale que l’exportation de 11 millions de tonnes de gaz naturel liquéfié chaque année permettrait au Québec de participer à la transition énergétique mondiale. Il avait alors repris les arguments des promoteurs voulant que le gaz exporté permette de remplacer des sources énergétiques plus polluantes, une hypothèse qui n’a pas encore été démontrée.
GNL Québec a réaffirmé jeudi qu’une décision de construction du complexe doit être prise en 2022.