Le Devoir

Philippe Falardeau en trois propos choisis

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Au sujet de la genèse du film

« Je cherchais depuis un moment du matériel qui m’inspirerai­t un prochain film. Je n’avais pas l’élan d’écrire à partir de zéro comme je venais de le faire pour

Guibord s’en va-t-en guerre. Je souhaitais en outre développer un personnage féminin, une héroïne. Un jour où j’allais au cinéma, je suis arrivé trop tôt alors j’en ai profité pour bouquiner dans la librairie d’à côté. J’ai acheté trois livres : un sur la photograph­e de guerre Lee Miller, un sur Cléopâtre — sur qui je ne ferai jamais de film, et enfin, celui de Joanna Rakoff. Je connaissai­s la mythologie autour de Salinger, mais je ne l’avais jamais lu, tout comme Joanna au début, ai-je découvert. J’ai donc lu ses mémoires, et j’ai adoré. Ce milieu littéraire comme toile de fond m’a stimulé ; j’entrevoyai­s bien comment l’aborder en film. »

Au sujet de Joanna Rakoff

« J’ai fait un long pitch à Joanna au téléphone, puis je suis allé la rencontrer à Boston et elle a embarqué. Elle était contente de la vision que j’avais pour l’adaptation. Elle avait déjà reçu des offres, mais elle les avait déclinées parce qu’elle n’aimait pas la direction dans laquelle ces films se proposaien­t d’aller — par exemple en misant sur une histoire d’amour inventée entre Joanna et un admirateur. J’ai vécu une situation semblable avec Bruno Hébert pour C’est pas

moi, je le jure ! : pour lui aussi, il y avait eu des tentatives infructueu­ses d’adaptation­s. Joanna a été encouragea­nte dès le départ. Elle aimait beaucoup les nouvelles scènes, comme les correspond­ances fictives, créées pour le film. Tu avertis toujours l’auteur que tu vas transgress­er, mais tu ne veux pas trahir l’esprit du livre. »

Au sujet de Sigourney Weaver

« Parmi les scènes fictives, il y a celle où Joanna se rend chez Margaret [qui vit alors un deuil]. Je voulais que Sigourney joue cette scène sans maquillage, mais je ne m’étais pas encore résolu à lui en parler. Mais elle m’a pris de vitesse et s’est présentée sans maquillage. Elle m’a demandé : “De quoi j’ai l’air ?” Je la sentais nerveuse, et je lui ai répondu qu’elle était magnifique. Et elle l’était. Elle est fabuleuse dans cette scène. »

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