Bocuse d’Or 2021 : partie remise pour l’équipe canadienne
L’équipe canadienne qui devait se présenter à la finale du Bocuse d’Or – les Olympiques de la gastronomie — en septembre 2021 à Lyon, en France, se retire du concours. Une décision difficile, mais des plus sensées selon l’organisation du pays.
Étant donné la situation de la crise sanitaire, Bocuse d’Or Canada est conscient qu’il est trop risqué de côtoyer des équipes provenant de 24 pays différents. Ils ont donc pris la décision de reporter leur participation à l’un des plus importants concours de gastronomie au monde. L’équipe canadienne, composée du chef et enseignant à l’Institut du tourisme et de l’hôtellerie (ITHQ) Samuel Sirois, de ses entraîneurs, les chefs Alvin Leung et Gilles Herzog, et du commis Alexy Jetté, s’est entraînée sans relâche pendant près de deux ans en prévision de la finale du Bocuse d’Or, un concours créé en 1987 par les chefs français Paul Bocuse et Albert Romain.
Pour le chef Samuel Sirois, c’est surtout un sentiment de culpabilité qui l’a envahi au moment de l’annonce. « Je me suis senti coupable envers mon équipe, mes collègues, ma famille et tous ceux qui ont cru en moi. Après coup, j’avais aussi l’impression de me faire voler mon rêve. » Être candidat au Bocuse d’Or est l’équivalent d’aller aux Jeux olympiques. Comme pour un athlète, il est difficile de dire que ce n’est que partie remise. Mais avec un peu de recul, Samuel Sirois préfère transformer la situation en une bonne nouvelle. « En attendant que la tempête passe, on va faire une pause, donner un coup de pouce aux étudiants [de l’ITHQ] et soutenir notre industrie, qui en a bien besoin. D’ici là, Bocuse d’Or 2023, j’y crois. J’ai toujours le souhait profond d’honorer les gens qui nous ont aidés et de réussir du mieux possible la prochaine fois. »
Faire preuve de sagesse et solidarité
Sur ces sages paroles, Bocuse d’Or Canada juge également qu’il vaut mieux soutenir l’industrie de la restauration en ces temps incertains. « En tant que chefs de file de l’industrie alimentaire, nous ressentons le besoin de soutenir notre restauration, afin de mieux la représenter dans le monde », explique Thomas Delannoy, président de Bocuse d’Or Canada par voie de communiqué. C’est donc dans cet esprit que Bocuse d’Or Canada annonce la création d’une toute nouvelle organisation : Chefs Canada, un réseau de 500 « Ambassad’Or » voué à inspirer l’excellence culinaire, à promouvoir la cuisine, le terroir et tous les acteurs culinaires « En attendant que la tempête passe, on va faire une pause, donner un coup de pouce aux étudiants [de l’ITHQ] et soutenir notre industrie, qui en a bien besoin » canadiens, ici comme à l’étranger. Concrètement, le réseau se déploie en trois piliers.
D’une part, Chefs Canada a mis sur pied une académie pour transmettre le savoir-faire entre les chefs et acteurs culinaires d’un bout à l’autre du pays. « Que ce soit sous forme de séminaires ou de classes de maître, l’idée est de créer des occasions pour que les chefs puissent se parler, partager leurs bons coups et ce qui fonctionne moins bien », précise Brigitte Foisy, vice-présidente de Bocuse d’Or Canada.
D’autre part, Chefs Canada chapeaute le Centre national d’entraînement Bocuse d’Or Canada, inauguré en février 2020 à l’ITHQ, pour faciliter la préparation pour les concours culinaires d’envergure, comme le Bocuse d’Or et la Coupe du monde de pâtisserie. À la façon des centres d’entraînement pour les athlètes olympiques, celui-ci permettra aux meilleurs talents de la gastronomie canadienne de s’illustrer à l’étranger et ainsi faire rayonner toute la richesse de la gastronomie canadienne. « Les gens voyagent pour manger, ajoute Brigitte Foisy. Avant même de réserver un billet d’avion, ils réservent dans les meilleures tables du monde. En participant à ces concours, on souhaite augmenter la visibilité de la gastronomie canadienne à l’international et créer le même engouement ici, lorsque les touristes planifient des vacances au Canada. »
De plus, Chefs Canada offrira bientôt une gamme de produits mettant en vedette les producteurs et artisans d’ici dont les produits seront préparés par les plus grands chefs au pays. Les premiers produits seront sur les tablettes dès la fin mars.
Comme quoi, ce n’est pas toujours calme après la tempête. Mais une chose est sûre, l’avenir s’annonce délicieux !