Le poème à Réhel
Elina Braslina — qui signait aussi les illustrations du film — assure quant à lui un équilibre entre la candeur des enfants et l’agitation de la ville. Plusieurs plans épousent le récit fait de nombreux rebondissements, le tout sur un fond de couleurs chaudes qui illuminent l’ensemble. Ce jeu d’ombre et de lumière appuie d’ailleurs l’espoir et la force de caractère des personnages déjà bien cadrés par l’autrice.
Jouer avec le destin
Dans un avenir rapproché, les humains sont munis d’une Fonction leur permettant d’annuler une minute de leur vie, un moment d’éternité accordé pour rejouer leur avenir. Une fois utilisée, par contre, la Fonction disparaît et redonne à l’homme sa simple nature de mortel. Nicolas, jeune téméraire protégé par sa Fonction, devient ainsi une star des réseaux sociaux, jouant de cascades toujours plus dangereuses. Jusqu’au jour où un de ses tours l’oblige à utiliser son pouvoir.
Florence, au contraire, se bat contre cette Fonction, assurant qu’elle annihile toute spontanéité et souhaite ainsi que tous s’en affranchissent, car « c’est la seule vraie liberté ! » dit-elle. Après À une minute près, paru en 2019, André Marois récidive avec
Trois minutes de plus, une suite enlevante et intensément prenante. Alternant la narration entre celle de Nicolas et celle de Florence, le récit permet de saisir toute la complexité de cette Fonction et suscite des questions éthiques profondes. D’un côté, elle permet d’assurer une seconde chance, de l’autre, elle programme les individus à ne penser qu’à elle, devenant « des robots sans aucune intelligence artificielle ».
L’écriture fluide et naturelle de Marois contribue à la richesse de ce roman. Son style assumé et maîtrisé met en présence des personnages entiers, crédibles et portés par des ambitions, des craintes et des espoirs qui font d’eux, au final, de véritables humains. Fameux.