Le Canada, meilleur pays
Jean Chrétien en sera ravi. Le Canada se hisse cette année au premier rang du classement des meilleurs pays du US News & World Report. Que dire ? Dans la sixième édition annuelle du classement, compilé avec la collaboration d’une firme de communication et marketing ainsi que de l’école de gestion Wharton School de l’Université de Pennsylvanie, le Canada détrône cette année la Suisse au premier rang d’un groupe de 78 pays étudiés. Les quelque 17 000 répondants recrutés parmi les dirigeants d’entreprises, les personnes de classe moyenne à élevée détenant un diplôme postsecondaire et des citoyens « représentatifs de leur pays », accordent la note globale la plus élevée au Canada pour sa qualité de vie et l’atteinte des buts à caractère social.
Leur perception hautement favorable s’étend notamment à la qualité de son marché du travail, de son système de santé et d’éducation, à sa stabilité économique et politique, à son ouverture au monde des affaires, au respect des droits de la personne, à son engagement envers une justice sociale et à l’égalité raciale. On lui reconnaît aussi une agilité, témoignant d’une capacité d’adaptation aux chocs économiques et sociaux, ce qui inclut sa réponse à la crise sanitaire. Le Canada se situe également au sommet en matière de respect des droits de propriété et il est vu comme étant un pays où la corruption est en définitive absente. Une longue liste.
Le Canada obtient un score plus faible pour ses préoccupations environnementales et ses engagements envers des cibles climatiques, quoique sa cote sur ces questions demeure loin au-dessus de la note de passage.
Justice sociale
Dans ce vaste sondage dont les résultats ont été publiés le 13 avril, 80 % des répondants se disent particulièrement sensibles à la justice sociale, un thème regroupant les questions raciales et d’égalité des genres. Ils sont 76 % à affirmer que la diversité des races et ethnique est un facteur de renforcement pour un pays. Le Canada et les pays nordiques sont, ici, perçus comme étant les plus engagés à ce chapitre.
Sur cette question de justice sociale, les États-Unis campent au 18e rang, mais tombent au 69e derrière la Chine et l’Iraq sur la question précise de l’égalité raciale, rattrapés qu’ils sont par la présence d’un racisme qualifié de systémique.
Autre élément-phare du rapport, 83 % des répondants soutiennent que le monde vit présentement une crise de leadership. Ils sont majoritaires à voir la lumière du côté d’un leadership féminin, 68 % affirmant qu’un pays dirigé par une femme tend à être mieux géré.
Enfin, 75 % des répondants sont d’accord avec l’affirmation voulant que les théories conspirationnistes soient une menace pour la société. Ce qui n’empêche pas à
39 % des répondants de croire que les gouvernements ont créé la pandémie de COVID-19 dans le but de contrôler leurs citoyens. Que dire !
Ratés de la crise
Cette perception élogieuse n’enlève en rien aux leçons que le Canada doit tirer de la crise sanitaire. L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) le soulignait en mars dernier. La pandémie a braqué les projecteurs sur les faiblesses ou les carences dans les grandes missions de l’État, historiquement sous financées. En plus des lacunes des programmes d’assurance-emploi et de bien-être social, la pandémie a notamment mis en exergue les débordements des services de santé et de soins aux personnes âgées, a rappelé l’OCDE. Elle a donné au passage l’exemple du Québec et de son réseau public de service de garde et son programme d’assurance médicaments. Et l’OCDE situait le Canada au 168e rang sur 180 pays « concernant les émissions de gaz à effet de serre par habitant ».