Le CRTC accroît la concurrence des services sans fil en région
Les fournisseurs régionaux de services sans fil et Internet du pays profiteront le plus de la décision réglementaire historique du CRTC dévoilée jeudi, estiment des analystes des télécommunications et défenseurs des consommateurs.
Des analystes financiers de RBC Marchés des capitaux et de Canaccord Genuity Capital Markets affirment que Vidéotron, qui appartient à Québecor, et Cogeco Communications auront probablement plus de marge de manoeuvre pour se développer, étant donné les nouvelles restrictions imposées par le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) à Bell Canada de BCE, à Rogers Communications et à Telus.
Mais ces analystes affirment également que les trois grands fournisseurs de services sans fil nationaux seront probablement en mesure de s’adapter aux nouvelles règles du CRTC.
« Nous considérons que cette décision est “suffisamment constructive” et gérable pour les opérateurs nationaux, et qu’elle “tend la main” aux opérateurs sans fil régionaux existants », a écrit l’analyste Drew McReynolds, de RBC Marchés des capitaux, dans un rapport destiné à ses clients.
L’un des groupes de défense des consommateurs les plus revendicateurs du Canada, OpenMedia, a cependant critiqué le CRTC pour avoir trop insisté sur les fournisseurs régionaux et pas assez sur d’éventuelles limites au pouvoir des trois géants sur le marché. En outre, la décision fait très peu pour aider les nouveaux venus sur les marchés du sans-fil, a-t-il ajouté.
Aux yeux de la directrice générale d’OpenMedia, Laura Tribe, le CRTC a raté une occasion de stimuler la concurrence des petits fournisseurs.
« Cela en rajoute vraiment sur l’idée qu’un fournisseur régional sera suffisant pour corriger la part de marché extrême de Bell, Telus et Rogers », a affirmé Mme Tribe lors d’une entrevue.
Mme Tribe a répété, lors de nombreuses audiences gouvernementales et réglementaires, que les trois plus grandes entreprises de télécommunications du Canada — qui détiennent ensemble plus de 90 % de la base d’abonnés du pays — sont trop grandes et que les consommateurs ont trop peu d’options.
Les analystes plus favorables
Les analystes ont adopté une vision plus favorable de la décision du CRTC, en faisant valoir que Vidéotron aura plus d’options pour renforcer sa base au Québec ou acheter des actifs dans d’autres provinces et que Cogeco pourrait être en mesure de faire progresser son objectif stratégique d’ajouter le sans-fil à son offre pour Internet et pour les réseaux de télévision câblée en Ontario et au Québec.
« La décision du CRTC signifie essentiellement que les entreprises de services sans fil régionales “admissibles” seraient en mesure d’utiliser les réseaux en place pour offrir des services jusqu’à ce qu’elles construisent leurs réseaux », a écrit Aravinda Galappatthige dans un rapport de Canaccord Genuity.
M. Galappatthige a estimé que la décision était très favorable aux opérateurs sans fil régionaux.
« Cela ouvre la porte à [Québecor] pour s’étendre au-delà du Québec avec des services sans fil, qu’il choisisse de le faire de manière limitée [soit dans certaines parties de l’Ontario] ou de reprendre le flambeau en tant que quatrième acteur quasi national », a souligné M. Galappatthige.
Le « quatrième acteur quasi national » actuel du Canada est l’ancienne Wind Mobile, qui compte environ deux millions d’abonnés en Ontario, en Alberta et en Colombie-Britannique. Environ la moitié d’entre eux ont été ajoutés après que la société, autrefois indépendante, a été achetée en 2016 par Shaw Communications et renommée Freedom Mobile.
La plupart des observateurs, y compris le CRTC, jugent que l’avenir de Shaw et de Freedom est plus difficile à prévoir en raison du projet de rachat par Rogers, qui détient la plus grande base d’abonnés et un réseau qui couvre la majeure partie du pays. L’entente entre Rogers et Shaw est assujettie à trois approbations fédérales, dont celle du CRTC et celle du Bureau de la concurrence.
Le chef de la direction de Québecor, Pierre Karl Péladeau, a affirmé devant un comité de députés des Communes, qui étudie l’entente Rogers-Shaw, que Vidéotron avait à l’origine voulu devenir un opérateur national de services sans fil, mais qu’il avait vendu ses licences à l’extérieur du Québec après avoir réduit ses ambitions en raison des énormes dépenses liées à la construction d’un nouveau réseau.
Cela ouvre la porte à [Québecor] pour s’étendre au-delà du Québec avec des services sans fil ARAVINDA GALAPPATTHIGE