Manuel des essentiels pour un marathon pré-Oscar
Les oeuvres en lice pour la statuette du meilleur film et où les voir en amont de la cérémonie du 25 avril
Le dimanche 25 avril, la cérémonie des Oscar se tiendra vaille que vaille, dans une incarnation semi-virtuelle de circonstances. Une année cinéma singulière, que 2021. Au vu du contexte pandémique et de la fermeture des salles, l’Académie des arts et des sciences du cinéma a convenu que de manière exceptionnelle, les films sortis uniquement en vidéo sur demande (VSD) et sur plateformes numériques seraient admis. Et de bons films, il y en a eu. S’il est déjà acquis que l’an prochain, les Oscar nommeront dix titres dans la plus prestigieuse catégorie, celle du meilleur film, huit seulement ont été choisis pour cette cuvée-ci. Bien malin qui saurait prédire l’issue de la cérémonie. Les paris sont ouverts ! Survol alphabétique des nommés, et où les voir.
The Father (Le père en V.F.)
Réalisé par Florian Zeller d’après sa pièce Le père, The Father (Le père V.F.) propose une plongée dans la démence vue de l’intérieur. Anthony Hopkins est poignant en octogénaire dont la raison s’effrite alors qu’autour de lui, son appartement devient graduellement un lieu inconnu. Bouleversante aussi, Olivia Colman incarne sa fille bien intentionnée, mais dépassée. Notre cote critique lors de la sortie :
En VSD sur la plupart des plateformes dont Amazon Prime, Cineplex, Google Play, iTunes, Microsoft, YouTube.
Judas and The Black Messiah
L’une des meilleures surprises de l’année, Judas and the Black Messiah (V.O.), de Shaka King, revient sur les destins croisés de Bill O’Neal, un informateur du FBI, et de Fred Hampton, leader des Black Panthers à Chicago assassiné par les forces de l’ordre en 1969. « L’un des aspects les plus troublants de ce film remarquable est que Bill O’Neal n’est pas dépeint comme un opportuniste fourbe, mais comme un homme pris au piège qui se débat pour sauver sa peau. De telle sorte qu’à maints égards, c’est non pas une, mais deux tragédies que relate Shaka King », écrivait-on après avoir vu le film.
Notre cote critique lors de la sortie :
En VSD sur la plupart des plateformes dont Amazon Prime, Cineplex, Google Play, iTunes, Microsoft, YouTube.
Mank
Mank (V.F.), de David Fincher, conte pour sa part comment Herman J. Mankiewicz (un Gary Oldman au sommet) écrivit seul le scénario de Citizen Kane, chef-d’oeuvre d’Orson Welles sorti en 1941. Or, cette thèse fut invalidée hors de tout doute dès 1972. Ce qui n’empêche pas Fincher d’en faire l’assise d’une magnifique lettre d’amour au Hollywood d’alors, en noir et blanc comme il se doit, et en soignant, comme toujours dans son cas, chaque plan. Le résultat est visuellement splendide et évite le piège du pastiche, quoique avec le défilé sans fin de noms connus ou plus obscurs, Mank tient parfois de la fête privée pour cinéphiles avertis. Notre cote critique lors de la sortie :
Sur Netflix.
Minari
Plus universel dans sa portée, Minari (V.F.), film ironiquement très personnel puisqu’inspiré des souvenirs d’enfance du cinéaste Lee Isaac Chung, conte comment une famille d’immigrants sudcoréens tente de se réinventer en cultivateurs. C’est là davantage le rêve du père, et le film explore avec acuité les contrecoups du déracinement et de l’acclimatation forcée sur la mère et les enfants, dont viendra s’occuper la grandmère maternelle (Youn Yuh-jung vole la vedette en aïeule atypique). Une chronique familiale sensible sur les périls de l’orgueil et la possibilité de rédemption. Notre cote critique lors de la sortie :
En VSD sur la plupart des plateformes dont Amazon Prime, Cineplex, Google Play, iTunes, Microsoft, YouTube.
Nomadland
Favori de la course après avoir remporté plusieurs récompenses clé, Nomadland (V.O. STF), de Chloé Zhao, est une oeuvre en tous points remarquable. Frances McDormand est Fern, une femme qui, après la fermeture de la ville industrielle où elle a travaillé toute sa vie, décide d’adopter une vie nomade et de vivre dans une camionnette reconvertie en caravane. Comme dans son précédent The Rider, la cinéaste capte une succession de tableaux où se côtoient réalisme social et poésie. Émouvant mais dénué de sentimentalisme, le film développe, en filigrane, un commentaire socio-économique des plus pertinents. Notre cote critique lors de la sortie : Sous bannière Star de Disney+. Aussi en salle.
Promising Young Woman
Film coup-de-poing, film coup de coeur, Promising Young Woman (Une jeune femme pleine de promesses V.F.), d’Emerald Fennell, est la production post-#MoiAussi qu’on attendait. Carey Mulligan est exceptionnelle dans le rôle-titre, soit celui de cette jeune femme promise, autrefois du moins, à un brillant avenir. Tandis que le film révèle graduellement pourquoi les beaux desseins de la protagoniste ne se sont pas matérialisés, cette dernière prend au piège une série d’hommes qui croient ramener chez eux une conquête ivre au-delà du point de consentement, mais se retrouvent plutôt face à une femme sobre et déterminée.
Notre cote critique lors de la sortie :
1/2
En VSD sur plusieurs plateformes dont Cineplex, Google Play, Illico, iTunes, Microsoft, YouTube.
Sound of Metal
Aux deux tiers épatant, surtout grâce à la performance complètement investie de Riz Ahmed en batteur atteint de surdité précoce, Sound of Metal (Le son du silence V.O. STF) souffre d’un troisième acte mal arrimé. Bien que le personnage soit un ex-toxicomane, le film s’abstient de devenir un récit de rechute et de désintoxication, préférant s’attarder au parcours psychologique de ce jeune homme qui peine à accepter sa nouvelle condition. Réalisé par Darius Marder, le film bénéficie d’une conception sonore brillamment immersive, laquelle, jumelée au travail de la vedette, contribue à l’impression d’immédiateté et d’intimité générale.
Notre cote critique lors de la sortie :
1/2
En VSD sur plusieurs plateformes dont Cinéma du Parc, Cineplex, Google Play, Illico, iTunes, Microsoft, Tiff, YouTube.
The Trial of the Chicago 7
Beaucoup plus pompier s’avère The Trial of the Chicago 7 (Les sept de Chicago V.F.), d’Aaron Sorkin. Un retour sur le procès historique lors duquel un groupe de manifestants opposés à la guerre du Vietnam fut accusé de complot et d’incitation à la révolte, cette deuxième réalisation de l’estimé dramaturge et scénariste (A Few Good Men, The West Wing) allie tout ce qui caractérise le travail de Sorkin, pour le meilleur, mais également pour le pire. Préséance est accordée au dialogue surabondant, entre explosion et démonstration, entre érudition et prêchiprêcha. Afin d’insuffler du dynamisme à son plaidoyer, Sorkin multiplie prises de vues et coupes pour un résultat frénétique, mais assez captivant.
Notre cote critique lors de la sortie :
1/2
Sur Netflix.