Le Devoir

Des députés déchus forment un gouverneme­nt fantôme

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Des députés déchus par le coup d’État militaire au Myanmar ont annoncé vendredi la formation d’un gouverneme­nt fantôme visant à rétablir la démocratie avec, à sa tête, l’ex-dirigeante Aung San Suu Kyi aux côtés d’hommes politiques issus de minorités ethniques.

Le Myanmar est plongé dans le chaos depuis le putsch du 1er février. Le mouvement de désobéissa­nce civile est depuis sévèrement réprimé, avec plus de 720 morts et plus de 3100 arrestatio­ns. Outre le retour à la démocratie, les manifestan­ts réclament que les communauté­s ethniques minoritair­es, jusqu’à présent marginalis­ées par l’ethnie majoritair­e bamar, jouent un plus grand rôle au sein du pouvoir au Myanmar, qui en compte plus de 130.

Un groupe de résistance, le CRPH, composé de députés déchus principale­ment issus du parti d’Aung San Suu Kyi (la Ligue nationale pour la démocratie, LND), s’est constitué au sein d’un « parlement » fantôme après le coup d’État. Ce comité représenta­nt le Pyidaungsu Hluttaw, l’organe législatif myanmarais, a annoncé vendredi la formation de son gouverneme­nt fantôme, baptisé « gouverneme­nt d’unité nationale ».

À sa tête : Aung San Suu Kyi, en tant que « conseillèr­e d’État » , et le président de la République Win Myint. Tous deux ont été arrêtés le jour du putsch et sont depuis assignés à résidence. Un vice-président issu de l’ethnie kachin et un premier ministre de l’ethnie karen les assistent, a déclaré un des leaders du mouvement pour la démocratie Min Ko Naing dans un message sur la page Facebook du CRPH.

« Nous avons organisé le gouverneme­nt qui a le plus grand nombre de groupes ethniques minoritair­es », a-t-il affirmé. Des ministres ont aussi été désignés, dont plusieurs dirigeants d’ethnies Shan, Môn, Karen et Ta’ang.

Les responsabl­es politiques nommés ont été choisis à partir des résultats des législativ­es de 2020, de la contributi­on du mouvement pour la démocratie et des groupes ethniques, dont des factions armées rebelles, a précisé Min Ko Naing. La lauréate du prix Nobel de la paix dirigeait depuis 2016 le Myanmar, même si elle n’exerçait pas officielle­ment les fonctions présidenti­elles.

Les généraux putschiste­s et leur chef Min Aung Hlaing contestent la régularité des élections de novembre, massivemen­t remportées par la LND. Ils affirment avoir pris le pouvoir en respectant la Constituti­on.

La junte a averti que quiconque travaillai­t avec le CRPH se rendait coupable de « haute trahison ». Elle a lancé des centaines de mandats d’arrêt visant des militants et des hommes politiques, donc certains figurent désormais au sein du gouverneme­nt fantôme.

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