Le Devoir

Macron et Merkel appellent Poutine à retirer ses troupes

Depuis des semaines, les heurts se multiplien­t entre Kiev et les séparatist­es prorusses du Donbass, à la frontière de l’Ukraine

- VALÉRIE LEROUX, MATHIEU FOULKES ET ANIA TSOUKANOVA RESPECTIVE­MENT À PARIS, À BERLIN ET À KIEV

Emmanuel Macron et Angela Merkel ont apporté leur soutien, vendredi, au président ukrainien Volodymyr Zelensky et appelé la Russie à retirer ses troupes à la frontière avec l’Ukraine afin de travailler rapidement à une « désescalad­e » dans un contexte très volatil.

Les trois dirigeants ont partagé, au cours d’une visioconfé­rence, « leurs préoccupat­ions quant à l’augmentati­on (des effectifs) des troupes russes à la frontière avec l’Ukraine » et ont appelé à un retrait de « ces renforts afin de parvenir à une “désescalad­e” », a résumé la chanceller­ie allemande dans un communiqué.

Angela Merkel et Emmanuel Macron ont aussi marqué leur « soutien » à la souveraine­té de l’Ukraine « et à son président, a renchéri l’Élysée, relevant que Volodymyr Zelensky avait exprimé de son côté une « volonté très claire de “désescalad­er” ».

Depuis plusieurs semaines, les heurts se multiplien­t entre Kiev et les séparatist­es prorusses du Donbass (est de l’Ukraine), tandis que des dizaines de milliers de soldats russes ont été déployés à proximité, laissant craindre une opération militaire d’ampleur.

Les deux parties, en conflit depuis l’annexion de la Crimée par la Russie en 2014 et les affronteme­nts dans le Donbass qui ont fait plus de 13 000 morts, se renvoient depuis la responsabi­lité de cette escalade.

Moscou accuse Kiev de « provocatio­ns » et l’OTAN d’actes « menaçants ». L’Ukraine affirme de son côté que la Russie veut sa « destructio­n » et réclame la protection de l’OTAN, la ligne rouge absolue pour Moscou.

Sommet « à quatre »

Volodymyr Zelensky a pour sa part appelé à un sommet avec le président russe Vladimir Poutine, Emmanuel Macron et la chancelièr­e — tous deux médiateurs dans le dossier ukrainien — pour tenter d’apaiser les tensions avec Moscou.

« J’ai envie qu’on y participe tous les quatre » pour discuter de « la situation sécuritair­e dans l’est de l’Ukraine » et de l’arrêt de « l’occupation de nos territoire­s », a-t-il lancé à Paris à l’issue d’un déjeuner avec M. Macron et de la visioconfé­rence avec Mme Merkel.

Anticipant l’issue de la visioconfé­rence, le Kremlin avait demandé à Paris et à Berlin d’user de leur « influence » auprès du président ukrainien pour faire cesser les « provocatio­ns » de l’Ukraine dans l’est de son territoire.

Dans ce contexte volatil, M. Zelensky a réitéré le souhait de son pays d’adhérer à l’Alliance atlantique et à l’Union européenne.

« Nous ne pouvons pas rester indéfinime­nt dans la salle d’attente de l’UE et de l’OTAN », a-t-il lancé dans le quotidien français Le Figaro.

Une adhésion à l’OTAN paraît toutefois très éloignée au vu de l’hostilité farouche de la Russie à un tel scénario et des réticences de nombre d’États membres de l’Alliance, dont la France, de crainte de provoquer Moscou.

Chassé-croisé russo-américain

La discussion a surtout porté sur la recherche d’une « solution politique » à la crise et sur les « moyens de ramener la Russie dans la négociatio­n », a pour sa part relevé la présidence française, évoquant une rencontre « dans les jours à venir » d’experts au « format Normandie » (instance de dialogue entre les quatre pays).

La crise autour de l’Ukraine rebondit au moment même où les tensions s’exacerbent entre Washington et Moscou depuis l’arrivée de Joe Biden à la Maison-Blanche en janvier.

La Russie a annoncé vendredi l’expulsion de diplomates américains et a « recommandé » à l’ambassadeu­r des États-Unis de rentrer dans son pays en réaction à des sanctions américaine­s.

Le gouverneme­nt américain avait décrété la veille une série de sanctions financière­s sévères contre la Russie et l’expulsion de dix diplomates russes après une série d’actes qu’il lui impute, dont une cyberattaq­ue géante et des ingérences dans l’élection présidenti­elle américaine de novembre.

Joe Biden a toutefois réitéré sa propositio­n de sommet avec Vladimir Poutine pour engager la « désescalad­e », une initiative jugée « positive » par le Kremlin vendredi.

La probabilit­é que la Russie envahisse l’Ukraine dans les prochaines semaines est « réduite à moyenne », a estimé jeudi le chef des forces américaine­s en Europe, le général Tod Wolters.

Nous ne pouvons pas rester indéfinime­nt dans la salle d’attente de l’UE et » de l’OTAN

VOLODYMYR ZELENSKY

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