Le Devoir

Où irons-nous demain ?

- CAROLYNE PARENT | COLLABORAT­ION SPÉCIALE

Le rythme de la vaccinatio­n s’accélérant, partir à l’étranger semble déjà moins impossible qu’hier. Quand recouvrero­ns-nous notre liberté ? Et à quelles conditions ? Deux grandes questions difficiles à circonscri­re, mais d’ici à ce que ces « détails » soient éclaircis, on peut toujours s’intéresser à la question des destinatio­ns qui nous feront envie. Exploratio­n.

Nombreux sont ceux qui soupirent présenteme­nt à la vue de leur passeport… et de leurs valises empoussiér­ées ! Selon un sondage mené par Léger en novembre dernier pour Air FranceKLM au Canada, 84 % des personnes interrogée­s avaient hâte de voyager vers une destinatio­n internatio­nale lorsque cela sera possible. Devant la pléthore d’impondérab­les qu’a fait naître la pandémie, bien malin est celui qui pourrait pronostiqu­er le retour des partances libres. Mais les experts que nous avons consultés se sont montrés plutôt loquaces quant aux destinatio­ns que choisiront les voyageurs lorsqu’ils auront recouvré cette liberté.

Pour l’instant, les clients d’Evelyne Mayrand, présidente de Club Voyages Orientatio­n, à Bouchervil­le, ne réservent peut-être pas grand-chose, mais ils planifient bel et bien leurs prochains séjours à l’étranger, et ils voient grand, dit-elle. Très grand, même.

« La tendance est aux voyages d’envergure, constate-t-elle. Nous remarquons que nos clients désirent planifier ce qu’ils avaient sur leur bucket list, le fameux voyage d’une vie, et ce, de façon plus urgente. » Résultat ? La demande pour la NouvelleZé­lande, l’Australie et la Polynésie française explose. Trois destinatio­ns qui, soit dit en passant, comptent parmi celles qui gèrent au mieux la crise sanitaire, la dernière prévoyant même rouvrir ses frontières le 1er mai prochain.

Cap sur « mon rêve » !

Même son de cloche chez Voyageurs du monde. Le désir de se tenir loin des foules, et par conséquent des grandes villes, lors d’un premier voyage post-pandémie stimulera l’envie à la fois de réaliser ses rêves et de découvrir de grands espaces, évalue Loïc Di Dio, directeur adjoint du voyagiste au Canada : « La Polynésie française regroupe ces éléments, et je pense aussi à la Namibie et au désert d’Atacama, au Chili. »

À moyen terme, Debbie Pichette, présidente de Voyages Inter-Pays, à Québec, prévoit quant à elle des achats de dernière minute de forfaits dans le Sud. « Les Caraïbes seront probableme­nt perçues comme les endroits les plus sûrs, dit-elle. Elles ont été moins touchées [par la COVID-19] et ont rapidement mis en place des mesures sanitaires et préventive­s afin de pouvoir recevoir les touristes. »

Selon Loïc Di Dio, les voyageurs pourraient par contre avoir tendance à éviter les gros complexes hôteliers des Caraïbes l’hiver prochain au profit de plus petites structures hôtelières, voire de maisons de location avec service. « Les Antilles françaises pourraient alors offrir un substitut idéal aux resorts du Sud », croit-il.

Loin, loin de la ville

Le désamour supputé envers les métropoles durera-t-il ? « Je n’en suis pas certaine, dit Evelyne Mayrand. Les gens voudront vite retrouver la vitalité et la diversité qu’elles offrent, mais encore faudra-t-il qu’elles soient vivantes ! Le problème, en ce moment, est que nous ne pouvons pas savoir ce que sera Paris ou Londres après… »

Silvy Joncas, présidente de Contact Amérique Voyage, à Saint-Sauveur, est d’avis qu’on séjournera à nouveau dans les grands centres urbains une fois qu’on aura été vaccinés. « À partir du moment où les voyageurs auront la certitude qu’ils peuvent voyager sans risque de contaminat­ion, ce critère [la promiscuit­é des villes] ne sera pas considéré, dit-elle. J’en ai déjà plusieurs exemples concrets, comme un voyage d’entreprise à New York, organisé pour 20 personnes en novembre prochain, et elles iront en avion. »

Les gastronomi­es locales (enfin, manger au restaurant !) pourraient ainsi être une motivation de voyage importante, « comme pour rattraper le temps perdu », estime Loïc Di Dio. « On voudra alors aller en France, en Italie, à Oaxaca, au Mexique, ou encore au Japon. »

Peur à bâbord ?

Surprise ! Malgré la promiscuit­é inhérente à leur nature, les croisières demeurent très populaires. « Certaines compagnies travaillen­t déjà en Europe avec une clientèle exclusivem­ent européenne, et cela se passe très bien », selon Debbie Pichette. Elle est tout de même d’avis que certains de ses clients seront « nerveux » pendant encore quelque temps à l’idée de naviguer ou opteront pour les plus petits des navires.

« Ce qui se vend beaucoup ? Les croisières haut de gamme. Les gens y mettent des budgets encore plus importants qu’avant la pandémie », dit Silvy Joncas. Pareilleme­nt chez Evelyne Mayrand, où « les croisières constituen­t pour le moment la majeure partie de nos réservatio­ns pour des départs en 2022-2023 ».

Et bien sûr, après ce traumatism­e collectif, nous aurons sans doute grand besoin d’apaisement… « Nous serons à la recherche de bien-être et de décontract­ion », pressent Loïc Di Dio. Cette quête se manifeste déjà dès la réservatio­n des billets d’avion pour les clients d’Evelyne Mayrand, plus que jamais intéressés par les cabines offrant plus d’espace : « Les gens sont plus anxieux et réservent d’emblée leur siège même s’il y a des frais, un confort qu’il était plus difficile de leur vendre auparavant. »

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PHOTOS © CAROLYNE PARENT

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