Le Devoir

Promenons-nous dans les bois

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En pleine pandémie, Martin arrive dans un centre de recherches improvisé sis à l’orée d’une immense forêt protégée. Au coeur de cette nature indomptée, sa collègue Olivia, dont il est sans nouvelle, étudie les particular­ités du réseau fongique souterrain, particular­ités qui pourraient s’avérer utiles en ces temps de crise. Voici donc Martin en route vers le campement d’Olivia en compagnie d’Alma, une garde forestière locale. Or, selon une légende du cru, un nécromanci­en se serait jadis caché dans la forêt. Depuis, quelques disparitio­ns sont survenues, mais rien pour ébranler l’esprit scientifiq­ue de Martin ni celui, cartésien, d’Alma. Après le remake opulent et impersonne­l de Rebecca, Ben Wheatley rebondit avec In the Earth, un petit film tordu dont il a le secret. Comme dans son brillant Kill List, le cinéaste forge une atmosphère de plus en plus insolite. On sent la menace sourdre, insidieuse­ment. Au diapason, les interprète­s modulent expertemen­t cette lente montée. Le point de départ pourra sembler éculé (le péril surnaturel en forêt), et la mythologie proposée devient un brin confuse, quoique c’est à terme sans doute voulu, mais la capacité de Wheatley (également responsabl­e du montage hypnotique) à offrir des images saisissant­es à la pelle, compense largement. Ce n’est pas un cinéma d’horreur où l’on sursaute, mais où l’on se tortille d’inconfort. Il s’agit en outre d’une approche de l’épouvante où, hormis quelques éléments gore choisis, la suggestion et l’ambiguïté l’emportent. Des questions restent sans réponse, mais loin d’être frustrant, ce n’est que plus effrayant.

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