Parcelle d’un soleil d’enfance
Tanya Lapointe offre une odyssée au coeur de la création et de l’âme de Claude Lafortune
Des générations d’enfants ont grandi en s’émerveillant devant les prouesses de Claude Lafortune. Magicien du papier, de la colle et des ciseaux, l’animateur donna vie, des décennies durant, à des personnages tout de carton souple conçus. Sa pratique unique, qui se déploya bien au-delà
d’émissions phares telles que L’Évangile en papier, L’histoire en papier et Parcelle de soleil, transcendait la notion de bricolage : parvenu à un tel niveau de maestria, on parle d’art.
L’un des aspects les plus révélateurs de Lafortune en papier, le beau documentaire de Tanya Lapointe, est qu’on peut y voir le principal intéressé, d’une humilité touchante, hésiter à se qualifier d’artiste. Mais il y a plus à retirer de cette odyssée au coeur de la création et de l’âme de Claude Lafortune, emporté au printemps 2020 par la COVID-19. Au cours d’un tournagefleuve de deux ans, non seulement Tanya Lapointe en a appris davantage sur l’homme, mais elle a lié avec lui une profonde amitié. Ces bribes d’intimité viennent éclairer sa démarche artistique sous un jour inédit.
Tanya Lapointe a effectué un remarquable travail de recherche, exhumant des trésors d’archives s’étalant des années 1960 aux années 2000. Elle fait oeuvre utile en mettant en lumière l’effet positif qu’eut Claude Lafortune sur l’imaginaire de milliers d’enfants. Ne serait-ce que pour cela,
Lafortune en papier revêt une valeur patrimoniale indéniable, mais humaine également. Car, en un écho à ce que vécut la réalisatrice elle-même, lorsque le film s’achève, ce n’est plus uniquement à une idole de jeunesse qu’on dit adieu, mais à un ami.
Lafortune en papier ICI Artv, lundi, 20h