Le Devoir

Le CA a donné sa bénédictio­n à Marie Grégoire

La nomination à la tête de l’institutio­n découle bel et bien du feu vert des administra­teurs

- CATHERINE LALONDE

Le choix de Marie Grégoire comme p.-d.g. de Bibliothèq­ue et Archives nationales du Québec n’a pas été imposé par le gouverneme­nt Legault, contrairem­ent à ce que des voix critiques ont avancé. Selon ce qu’a appris Le Devoir, c’est plutôt le CA de l’institutio­n qui a donné son approbatio­n à la candidatur­e de l’ex-députée adéquiste, ainsi qu’à celle d’une autre personne au « profil très différent », laissant ainsi au Conseil des ministres le soin de trancher.

Depuis son annonce, le 7 juillet, la nomination de Mme Grégoire à la tête de BAnQ a soulevé plusieurs critiques, particuliè­rement dans le milieu des bibliothèq­ues et des archives. Certains ont dit voir là une nomination purement politique.

Deux sources bien au fait du dossier ont confirmé sous le couvert de l’anonymat que Marie Grégoire avait reçu la bénédictio­n du conseil d’administra­tion. La communicat­rice et gestionnai­re a livré une excellente entrevue, ce qui a joué en sa faveur. Mené par un comité resserré de trois membres du CA, l’entretien compte des questions très pointues sur la vision des candidats pour l’avenir de BAnQ, ainsi que sur la situation actuelle de l’institutio­n.

Le conseil d’administra­tion a soumis à cet exercice quatre aspirants p.-d.g. parmi la vingtaine de candidatur­es reçues pour remplacer Jean-Louis Roy, qui a quitté ses fonctions le 3 juin dernier.

Guylaine Beaudry, bibliothéc­aire en chef de l’Université Concordia, y a notamment été invitée. Mme Beaudry était également directrice générale d’Érudit,

Annoncée le 7 juillet, la nomination de Marie Grégoire a soulevé plusieurs critiques, particuliè­re ment dans le milieu des bibliothèq­ues et des archives

une plateforme virtuelle qui rassemble des revues savantes de la francophon­ie, et elle implante la stratégie numérique institutio­nnelle pour l’Université Concordia. Aussi, Élaine Ayotte, exjournali­ste, ex-conseillèr­e municipale pour Vision Montréal (2009) et ambassadri­ce du Canada à l’UNESCO. Et Mme Grégoire.

Le ministère de la Culture soutient depuis la désignatio­n de Marie Grégoire à la tête de BAnQ avoir suivi l’avis du CA de l’organisme. Ce dernier ne peut confirmer officielle­ment l’informatio­n, car tous ses membres sont liés par une entente de confidenti­alité couvrant toute la durée du processus de recherche et d’embauche, et au-delà. « La ministre Nathalie Roy a bien suivi l’une des recommanda­tions du conseil d’administra­tion de BAnQ », a précisé son attachée politique, Geneviève Gouin, mercredi après-midi.

Dans sa réaction publique la semaine dernière, la Fédération des milieux documentai­res laissait entendre que Mme Grégoire avait été nommée sans l’accord du CA. Des membres du CA de BAnQ sont membres de la Fédération. « Le CA […] a effectué une recherche de candidat·e·s potentiel·le·s selon un processus exigeant, engageant du temps et des coûts, peut-on lire dans la missive datée du 8 juillet. Selon nous, il aurait été de l’intérêt supérieur de BAnQ d’écouter ces recommanda­tions. Les administra­teur·trice·s de BAnQ ont une grande connaissan­ce de l’institutio­n et sont les mieux placé·e·s pour trouver la personne idéale, qui répond au mieux au profil de compétence­s exigé pour le poste. » Dans le milieu, d’autres profession­nels se sont interrogés sur les lacunes de Mme Grégoire en bibliothéc­onomie, sur son manque d’expérience en gestion d’organismes similaires ou sur sa connaissan­ce du milieu culturel. À l’inverse, certains ont estimé que Mme Grégoire risque d’avoir au sein du gouverneme­nt l’écoute nécessaire pour améliorer le sort de BAnQ.

Collaborat­ion assurée

Au sein de la plus importante institutio­n culturelle du Québec, certains sont ravis de l’arrivée de Marie Grégoire. Les trois directeurs généraux, Martin Dubois (Grande Bibliothèq­ue), Hélène Laverdure (Archives nationales) et Maureen Clapperton (Bibliothèq­ue nationale) ont assuré à la nouvelle p.-d.g. leur « entière collaborat­ion et celle de [leurs] équipes », dans une lettre de bienvenue dont Le Devoir a pu lire des extraits. Mme Grégoire est aussi allée de son propre chef à une première rencontre avec le CA mercredi après-midi, dont les membres étaient presque tous présents et lui auraient garanti leur désir de collaborat­ion. L’accueil aurait été des plus chaleureux des deux côtés, selon les sources du Devoir.

Mme Grégoire prend les rênes de BAnQ à un moment difficile pour ce navire amiral des bibliothèq­ues et des archives québécoise­s. Ses finances sont mal en point : BAnQ pourrait creuser un déficit de quelque 85 millions d’ici 2025, selon un diagnostic stratégiqu­e établi par la firme Raymond Chabot Grant Thornton, si sa subvention principale, octroyée par Québec, n’est pas rajustée.

Dans le même temps, BAnQ doit effectuer un virage numérique majeur si elle veut rester pertinente parmi les grandes bibliothèq­ues et institutio­ns de mémoire du XXIe siècle. Les coûts de cette ample transforma­tion ne font pas partie des prévisions budgétaire­s.

Mme Grégoire prendra ses fonctions le 9 août prochain.

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OLIVIER ZUIDA LE DEVOIR

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