La poursuite du traitement jusqu’à la consultation, dit le Collège des médecins
Soupesant les « risques » d’un arrêt brusque, l’ordre professionnel conseille aux patients de continuer à utiliser les appareils rappelés par Philips en attendant l’avis d’un professionnel
Le Collège des médecins du Québec et l’Ordre professionnel des inhalothérapeutes du Québec prennent position quant au rappel mondial d’appareils de traitement de l’apnée du sommeil du fabricant Philips Respironics. Ils estiment que les patients doivent continuer à utiliser leur dispositif en attendant de consulter un médecin ou un inhalothérapeute. La multinationale recommande plutôt un arrêt immédiat.
Les deux ordres professionnels diffuseront jeudi à leurs membres un avis commun rédigé en collaboration avec l’Association des pneumologues de la province du Québec.
Selon le Collège des médecins du Québec, bien des patients ignorent encore l’existence de ce rappel. « On pense que c’est important que nos membres contribuent à informer les patients qui utilisent ce type d’appareil », dit sa directrice générale adjointe et secrétaire, la Dre Isabelle Tardif.
Le fabricant Philips Respironics a annoncé le 14 juin dernier qu’il procédait au rappel de millions d’appareils à pression positive et de ventilateurs mécaniques en raison d’une mousse antibruit qui peut se dégrader en particules et entrer dans le circuit d’air du dispositif. L’utilisateur peut l’ingérer ou l’inhaler, signale le fabricant. La mousse peut également « dégager certains gaz chimiques », selon Philips.
Parmi les risques cités par la multinationale : des maux de tête, une irritation des voies respiratoires, de l’asthme et des « effets toxiques et cancérogènes ». Le fabricant recommande aux gens possédant ces appareils de cesser d’y recourir et de contacter leur médecin.
Comparaison de risques
« Si les gens font juste prendre connaissance du rappel et décident de cesser leur thérapie, c’est sûr et certain qu’il y a des risques pour leur santé, et même pour la population en général », dit Jocelyn Vachon, président de l’Ordre professionnel des inhalothérapeutes du Québec. Un camionneur qui suspend son traitement pourrait s’endormir sur la route et provoquer un accident, cite-t-il en exemple.
« Il faut toujours juger de la pertinence d’un traitement, à savoir quels sont les bienfaits versus les risques, poursuit Jocelyn Vachon. Un patient qui ne respire plus la nuit, ça a des conséquences graves sur ses autres systèmes. Ça pourrait entraîner le décès. »
Les ordres professionnels recommandent donc aux patients de ne pas interrompre leur traitement sans consulter leur médecin ou leur inhalothérapeute. Une évaluation de leur état de santé et de la gravité de leur maladie doit être effectuée pour déterminer la voie à suivre, indique la Dre Isabelle Tardif.
« On veut vraiment transmettre toutes les informations possibles aux patients pour qu’ils puissent prendre une décision éclairée, à savoir : est-ce que je suis dans une condition qui me permet d’interrompre la thérapie en attendant que mon appareil soit remplacé ou réparé, ou si je dois absolument continuer le traitement ? » affirme Jocelyn Vachon.
Santé Canada n’a toujours pas publié d’avis au sujet du rappel des appareils de Philips Respironics. Elle a toutefois diffusé le rappel sur son site Internet.
Un patient qui ne respire plus la nuit, ça a des conséquences graves sur ses autres systèmes JOCELYN VACHON