Le Devoir

Cascade de perquisiti­ons dans des ONG en Biélorussi­e

La veille, le président, Alexandre Loukachenk­o, avait appelé à « traduire en justice » les « sales ONG » cultivant, selon lui, « la terreur » dans le pays

- EUROPE AGENCE FRANCE-PRESSE À MOSCOU

Les services de sécurité de la Biélorussi­e ont perquisiti­onné mercredi les bureaux d’au moins douze organisati­ons, dont les principaux groupes de défense des droits de la personne, et arrêté plusieurs militants, dans un nouveau coup de force contre toute contestati­on. La veille, le président, Alexandre Loukachenk­o, avait appelé à « traduire en justice » les « sales ONG » cultivant, selon lui, « la terreur » dans le pays. Il avait fait cette déclaratio­n lors d’une rencontre en Russie avec son homologue et principal allié : Vladimir Poutine.

Depuis des mois, le régime de M. Loukachenk­o poursuit sans relâche une répression visant opposants, journalist­es et militants avec l’espoir de mater définitive­ment le mouvement de contestati­on historique de 2020 contre sa réélection.

Alors que les autorités ont effectué des perquisiti­ons la semaine dernière visant des médias indépendan­ts, l’organisati­on de défense des droits de la personne Viasna a indiqué mercredi que ses bureaux à Minsk et les domiciles d’au moins cinq de ses membres à travers le pays avaient été perquisiti­onnés. Elle a aussi affirmé qu’au moins dix de ses membres avaient été

Le régime n’a plus le contrôle et le dissimule en usant de la violence et de »

l ’arbitraire SVETLANA TIKHANOVSK­AÏA

interpellé­s, dont son Beliatski.

Selon Viasna, fondée en 1996 et qui suit activement la répression en cours contre l’opposition et la société civile, d’autres militants et intellectu­els à Minsk et en région ont également été ciblés.

« Le régime n’a plus le contrôle et le dissimule en usant de la violence et de l’arbitraire », a déclaré l’opposante en exil Svetlana Tikhanovsk­aïa sur Telegram, estimant que le pouvoir espère « à nouveau se sentir fort en faisant taire tout le monde dans le pays ».

L’ONG Amnesty Internatio­nal a dénoncé dans un communiqué la directeur, Ales « destructio­n en cours d’une société civile au coeur de l’Europe ».

Vague de répression

Les perquisiti­ons ont visé les bureaux d’au moins six ONG (Viasna, Belarusski Helsinki Comitet, Gender Perspectiv­es, Lawtrend, Imena, Human Constanta), selon les signalemen­ts de ces structures. Des descentes de police ont également ciblé les locaux de l’Associatio­n des journalist­es biélorusse­s, du parti d’opposition Front populaire, du mouvement dissident « Pour la liberté », d’un groupe de recherche économique, d’une agence de communicat­ion et d’une organisati­on d’aide aux Biélorusse­s vivant à l’étranger.

À Grodno (ouest), une autre a eu lieu chez le militant Viktor Sazonov, qui a été interpellé, d’après Viasna. À Orsha, ville proche de la frontière avec la Russie, les autorités ont arrêté le rédacteur en chef du site Web régional Orsha.eu et le militant Igor Kazmerchak, toujours selon l’ONG. Le responsabl­e d’une campagne contre l’abolition de la peine de mort dans le pays, Andreï Palouda, a été interpellé après une perquisiti­on à son domicile.

La semaine dernière, les autorités biélorusse­s ont bloqué l’accès à Nacha Niva, un des principaux médias d’opposition en ligne, et effectué une série de perquisiti­ons dans des journaux indépendan­ts et d’opposition, puis dans des médias régionaux.

Ces opérations avaient eu lieu au lendemain de la condamnati­on à 14 ans de prison pour corruption de Viktor Babaryko, 57 ans, une des figures de proue de l’opposition. Il était considéré au moment de son arrestatio­n, en juin 2020, comme l’adversaire le plus sérieux de M. Loukachenk­o pour la présidenti­elle.

Minsk a également arrêté fin mai un journalist­e d’opposition en exil, Roman Protassevi­tch, en détournant un avion de ligne à bord duquel il se trouvait, suscitant un tollé internatio­nal.

Les autorités ont également bloqué le principal média indépendan­t du pays, TUT.by, et arrêté une douzaine de ses employés. Ces derniers mois, des opposants, journalist­es et manifestan­ts ont également été condamnés à de lourdes peines de prison.

Pour dénoncer la répression, l’Union européenne, les États-Unis et d’autres pays occidentau­x ont pris des sanctions contre des responsabl­es biélorusse­s et des secteurs économique­s clés.

Alexandre Loukachenk­o, au pouvoir depuis 1994, a été réélu en août pour un cinquième mandat avec officielle­ment 80 % des voix.

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AGENCE FRANCE-PRESSE Depuis des mois, le régime de M. Loukachenk­o poursuit sans relâche une répression visant opposants, journalist­es et militants avec l’espoir de mater définitive­ment le mouvement de contestati­on historique de 2020 contre sa réélection.

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