Le Devoir

Une émissaire américaine envoyée en Chine

La vice-secrétaire d’État souhaite des « échanges francs » malgré les tensions actuelles

- FRANCESCO FONTEMAGGI À WASHINGTON AGENCE FRANCE-PRESSE

La numéro deux du départemen­t d’État américain va se rendre en Chine lors de la visite de plus haut rang de la diplomatie américaine depuis l’élection du président Joe Biden. Le voyage survient au moment où les deux puissances rivales sont engagées dans une confrontat­ion tous azimuts.

La vice-secrétaire d’État, Wendy Sherman, déjà en pleine tournée asiatique, ira dimanche et lundi dans la ville de Tianjin, dans le nord de la Chine, où elle s’entretiend­ra notamment avec le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, a annoncé mercredi le départemen­t d’État dans un communiqué.

Cette visite aura lieu « dans le cadre des efforts en cours de la part des ÉtatsUnis pour avoir des échanges francs » afin de « promouvoir les intérêts et valeurs américains tout en gérant de manière responsabl­e la relation » avec la puissance rivale, a-t-il ajouté.

Jusqu’ici, depuis l’arrivée de Joe Biden à la Maison-Blanche en janvier, seul son émissaire pour le climat John Kerry s’était rendu en Chine — mais pour des discussion­s limitées à la lutte contre le réchauffem­ent planétaire, l’un des rares sujets où les deux pays tentent de trouver un terrain d’entente.

John Kerry, qui avait été en avril à Shanghai, a encore appelé mardi les autorités chinoises à faire preuve de « leadership » face à la crise climatique et à réduire rapidement leurs émissions de gaz à effet de serre.

La réponse n’a pas tardé, résumant les tensions croissante­s : « La coopératio­n entre la Chine et les États-Unis dans des domaines précis est étroitemen­t liée à la bonne santé globale des relations sino-américaine­s », a dit mercredi un porte-parole de la diplomatie chinoise, Zhao Lijian.

De fait, les deux superpuiss­ances sont engagées dans une confrontat­ion acharnée, que le président des ÉtatsUnis présente comme une compétitio­n mondiale entre les autocratie­s et les démocratie­s, dont il a fait l’axe central de sa politique étrangère, mais aussi une des motivation­s premières de ses réformes économique­s.

Graves inquiétude­s

Le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, s’est entretenu en mars avec ses homologues chinois en Alaska lors d’une rencontre tendue qui a donné lieu au grand déballage de toutes les divergence­s irréductib­les entre Washington et Pékin. Il a été question des droits de la personne, du sort de Hong Kong ou de Taïwan, ou encore des accusation­s d’espionnage industriel lancées par les États-Unis.

Le gouverneme­nt Biden a depuis augmenté la pression avec des sanctions ou des mises en garde concernant notamment la répression des musulmans ouïghours en Chine, qu’il qualifie de « génocide », les libertés à Hong Kong, mais aussi les accusation­s de cyberattaq­ues contre les États-Unis. Il tente d’enrôler ses alliés européens et asiatiques pour présenter un front uni des démocratie­s dans ce bras de fer.

La Chine dénonce des « ingérences américaine­s », une « mentalité de guerre froide » et, surtout, une forme d’arrogance de Washington consistant à vouloir « imposer sa propre démocratie dans le reste du monde ». Wendy Sherman se rendra à Tianjin après des étapes au Japon et en Corée du Sud, alliés des États-Unis, ainsi qu’en Mongolie, dont les relations avec Washington se sont récemment améliorées. Elle « évoquera les sujets sur lesquels nous avons de graves inquiétude­s au sujet du comporteme­nt de la Chine, mais aussi les sujets sur lesquels nos intérêts convergent », a dit le départemen­t d’État.

Le gouverneme­nt Biden dit aussi vouloir continuer à coopérer avec Pékin sur les grands défis mondiaux comme la gestion de la crise sanitaire ou le désarmemen­t et la lutte contre la proliférat­ion nucléaire.

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