Lutte à quatre à Longueuil
Les quatre aspirants maires entendent bien mettre un terme à ce climat de chicane perpétuelle
La bataille électorale s’annonce vive à Longueuil. Mais les quatre candidats à la mairie s’entendent sur une chose : il faut revoir à la baisse le salaire du maire ou de la mairesse qui prendra le pouvoir le 7 novembre prochain à l’hôtel de ville de Longueuil.
Mieux payée que le premier ministre François Legault (205 793 $) et que Valérie Plante (180 000 $), la mairesse de Longueuil, Sylvie Parent, s’était retrouvée sous le feu de critiques intenses après que son salaire eut bondi à 240 000 $ en 2019. Sa rémunération s’élève maintenant à 250 000 $.
« Ce salaire est indécent », estime Josée Latendresse, cheffe du parti Longueuil Ensemble. « Être maire ou mairesse, ce n’est pas une job, c’est une fonction », dit-elle en promettant de réduire cette rémunération si elle est élue à la mairie cet automne.
Elle n’est pas la seule à juger ce salaire excessif. « Dans une ville où les gens gagnent en moyenne autour de 45 000 $ par année, c’est un peu exagéré », note pour sa part Jacques Létourneau, chef d’Action Longueuil, qui propose d’appliquer un plafond salarial aux élus.
Catherine Fournier, qui dirige Coalition Longueuil, croit aussi qu’un maire de Longueuil ne peut gagner davantage que le premier ministre et la mairesse de Montréal. « Il faut aussi faire attention pour ne pas tomber dans le populisme non plus. […] Mais c’est une question de gros bon sens. »
Jean-Marc Léveillé, chef de Longueuil Citoyen, propose pour sa part de plafonner ce salaire à un montant inférieur à celui que reçoit la mairesse Plante. « Il faut tout de même rémunérer suffisamment les élus parce que cette fonction, c’est très demandant », souligne-t-il.
Les quatre candidats demeurent cependant prudents quand il est question de la rémunération des conseillers. Il faut dire que les quatre dernières années ont été houleuses à l’hôtel de ville de Longueuil. Portée au pouvoir en 2017, la mairesse Sylvie Parent a dû composer avec une équipe minoritaire face au parti d’opposition Longueuil Citoyen qui avait remporté 9 des 15 sièges au conseil municipal. Puis, en 2019, cinq conseillers de l’opposition avaient claqué la porte de leur parti pour siéger comme indépendants.
Les quatre aspirants maires entendent bien mettre un terme à ce climat de chicane perpétuelle. Ils espèrent être élus avec une majorité, mais en entrevue au Devoir, ils assurent que, même sans cette majorité, ils s’efforceront de rallier l’ensemble des élus à un objectif visant les intérêts collectifs.
Reste que la bataille s’annonce épique. Un sondage réalisé en mai dernier plaçait Catherine Fournier en tête dans les intentions de vote. Députée indépendante dans Marie-Victorin et âgée de 29 ans, Mme Fournier a bénéficié d’une attention médiatique plus grande que celle accordée à ses adversaires. « Je ne tiens rien pour acquis. Il y a encore beaucoup d’indécis », soutient-elle.
De son côté, Jacques Létourneau, qui a quitté la présidence de la CSN le 18 juin dernier afin de briguer la mairie de Longueuil, voit son engagement politique comme un prolongement de ses anciennes fonctions. « J’ai toujours défendu les travailleurs. Là, je vais défendre le même monde, mais sous un autre angle », explique-t-il.
Josée Latendresse indique avoir une connaissance approfondie de Longueuil. Ancienne conseillère municipale, elle avait échoué dans sa tentative de succéder à Caroline St-Hilaire à la tête d’Action Longueuil en 2017. Quelques mois plus tard, avec son propre parti, elle avait dû concéder la victoire à Sylvie Parent lors des élections à la mairie. « Ça fait 40 ans que j’habite à Longueuil. Je suis une fille de la place. J’ai toujours été extrêmement impliquée dans le développement social, économique et durable », fait-elle valoir.
Ancien président du conseil d’administration de l’Orchestre symphonique de Longueuil, entrepreneur et gestionnaire, Jean-Marc Léveillé est peut-être le candidat le moins connu du grand public. En revanche, son équipe de candidats compte sept élus déjà en place. « Je suis quelqu’un qui est concret. Et quand je dis que je vais faire quelque chose, je le fais », avance-t-il.
Les quatre aspirants maires entendent bien mettre un terme au climat de chicane perpétuelle au conseil municipal
Taxes et chevreuils
Les quatre candidats ont déjà pris des engagements concernant les taxes. Josée
Latendresse promet un gel de taxes si elle est élue. Catherine Fournier et Jacques Létourneau entendent limiter les hausses à l’inflation. De son côté, Jean-Marc Léveillé évoque un gel ou une hausse sous l’inflation.
Les dossiers de transport et d’habitation risquent d’occuper une grande place dans la campagne électorale, mais la personne qui accédera à la mairie sera appelée à trancher un dossier délicat , celui de la surpopulation de chevreuils dans le parc Michel-Chartrand.
Mise sur pied après que la Ville eut renoncé à abattre 15 des 32 cerfs du parc, une table de concertation composée de citoyens, d’experts et d’organismes doit d’ailleurs formuler des recommandations dans ce dossier cet automne.
« Je ne suis pas un biologiste ni un spécialiste de la faune. Je vais donc suivre les recommandations de la Table de concertation. Si c’est le déplacement qui est recommandé, ce sera le déplacement. Si c’est l’euthanasie, ce sera l’euthanasie », a indiqué Jacques Létourneau.
« On va écouter les citoyens, mais en bout de ligne, notre objectif, c’est de préserver le parc », souligne pour sa part Josée Latendresse. Aujourd’hui, c’est possible de transporter les animaux sans avoir à les tuer. Mais le statu quo n’est pas possible. »
Cofondateur d’un organisme de services animaliers, Jean-Marc Léveillé se montre critique quant à la composition de la Table de concertation : « Le bien-être animal va être ma priorité absolue. Il y a des avenues qu’on n’a jamais évaluées. »
Catherine Fournier entend appliquer les recommandations de la Table de concertation même si l’abattage devait être privilégié. « C’est une question d’équilibre de la biodiversité », dit-elle. Compte tenu des ravages de l’agrile du frêne, de nombreux arbres devront être abattus dans le parc. Un montant de 8 millions de dollars a été réservé pour le reboisement, mais si les cerfs demeurent en surpopulation, « c’est 8 millions qui seront jetés à la poubelle ».