Le Devoir

Quand les Jeux font leur cinéma

- Éric Desrosiers à Tokyo Le Devoir

On le considère comme l’un des plus grands films sur le sport. Ça tombe bien, il parle justement de Jeux olympiques à Tokyo.

Lorsqu’on commence à regarder le documentai­re de Kon Ichikawa sur les Jeux de Tokyo de 1964, on a inévitable­ment en tête le film bien plus connu de Leni Riefenstah­l sur ceux de Berlin, en 1936. Bien qu’ayant disposé tous les deux de moyens considérab­les pour produire des images magnifique­s, Tokyo Olympiades est aux antipodes de la célébratio­n des nations et des athlètes comme héros surhumains qu’est le film nazi Les dieux du stade.

Au contraire, c’est tout juste si l’on y sait qui a gagné ou perdu, le film se collant plutôt au plus près de l’expérience profondéme­nt humaine vécue non seulement par les athlètes, mais aussi par les gens qui les entourent. Ici, on montre la spectacula­ire remontée d’un coureur. Là, on s’arrête à observer les mille et un tics d’un lanceur de poids. Ailleurs, on est témoin du drame vécu par des marathonie­ns à l’agonie ou par le judoka prisonnier d’une prise dont il ne se sortira pas. Ces images de corps en mouvement et de visages expressifs viennent parfois avec la voix du descripteu­r de la télévision ou de la musique, mais plus souvent avec le bruit de la foule ou, plus simplement, juste le son des crampons sur la piste cendrée et du souffle des athlètes.

Cela permet aussi de découvrir qu’une cinquantai­ne de longs métrages ont ainsi été tournés au fil des ans pour offrir un certain regard sur les Jeux olympiques d’été comme d’hiver, et qu’ils ont parfois été réalisés par d’autres cinéastes de renom, comme Milos Forman (Jeux de Munich de 1972), Claude Lelouch (Jeux de Grenoble de 1968 et de Munich) et Carlos Saura (Jeux de Barcelone de 1992). Pour les Jeux de Montréal, c’est Jean-Claude Labrecque qui avait relevé ce défi, avec Jeux de la XXIe Olympiade, dont l’humanité n’est pas sans rappeler celle de Kon Ichikawa.

Cette année, pour les Jeux de Tokyo 2020, ce rôle reviendra à la Japonaise Naomi Kawase, réalisatri­ce, entre autres, des films primés Suzaku, La forêt de Mogari et Vers la lumière.

Newspapers in French

Newspapers from Canada