Le Devoir

La Chine critique la volonté de l’OMS de poursuivre son enquête sur la COVID-19

- CORONAVIRU­S SÉBASTIEN RICCI À PÉKIN AGENCE FRANCE-PRESSE

« Arrogance » et « manque de respect ». La Chine a critiqué vivement jeudi la demande de l’OMS de poursuivre sur son sol l’enquête sur les origines de la COVID-19, s’attirant une réplique véhémente de Washington sur son attitude jugée « irresponsa­ble ».

Les premiers malades du coronaviru­s ont été identifiés fin 2019 dans la ville chinoise de Wuhan. Le virus s’est depuis répandu sur la surface du globe, faisant plus de 4 millions de victimes à ce jour.

Plus d’un an et demi après le début de la pandémie, les scientifiq­ues peiAu nent toujours à en trouver l’origine et le sujet est devenu un énième point de contentieu­x dans les relations déjà bien tendues entre la Chine et les États-Unis.

Le régime du président Xi Jinping combat faroucheme­nt la théorie selon laquelle la COVID-19 aurait pu s’échapper d’un de ses laboratoir­es, en particulie­r de ceux de l’Institut de virologie de Wuhan, pointé du doigt par l’ancien gouverneme­nt Trump.

Longtemps balayée d’un revers de la main par la plupart des experts, cette hypothèse revient cependant en force ces derniers mois. Le chef de l’Organisati­on mondiale de la santé, Tedros Adhanom Ghebreyesu­s, a lui-même demandé la semaine dernière un audit des laboratoir­es dans les régions où les premiers cas de coronaviru­s ont été identifiés — une référence à Wuhan.

Jeudi, Pékin a fustigé cette propositio­n et s’est dit « extrêmemen­t surpris ». Elle révèle un « manque de respect pour le bon sens et une arrogance envers la science », a estimé devant la presse le vice-ministre chinois de la Santé, Zeng Yixin. Il a par ailleurs récusé la théorie de la fuite de laboratoir­e : l’Institut de virologie de Wuhan « n’a jamais mené de recherches » sur les coronaviru­s, a-t-il assuré aux journalist­es.

Réplique américaine

La réponse des États-Unis, engagés dans un bras de fer tous azimuts avec le géant asiatique, ne s’est pas fait attendre longtemps : la position chinoise est « irresponsa­ble » et « dangereuse », a lancé jeudi la porte-parole de la Maison-Blanche, Jen Psaki. « Ce n’est pas le moment de faire obstructio­n », a-t-elle critiqué.

Le chef de l’OMS, longtemps accusé d’être trop complaisan­t envers Pékin, avait déjà créé la surprise en mars en demandant des enquêtes supplément­aires.

Quelques semaines plus tôt, des experts internatio­naux dépêchés à Wuhan par l’OMS avaient pourtant jugé « extrêmemen­t improbable » que le virus provienne d’un laboratoir­e, privilégia­nt la piste d’une contaminat­ion naturelle par des animaux. Cette conclusion est cependant mise en doute par Washington.

Le gouverneme­nt américain a souligné à plusieurs reprises que l’équipe de l’OMS ne comportait pas de spécialist­es capables d’évaluer la sécurité des laboratoir­es. Le Dr Tedros a quant à lui évoqué la semaine dernière un manque de partage par Pékin de « données brutes » sur le virus, ce qui constitue un « problème » pour déterminer l’origine de l’épidémie.

La Chine s’en défend et critique à son tour un manque de transparen­ce des États-Unis.

Responsabl­es chinois comme médias d’État pointent du doigt en particulie­r le laboratoir­e de Fort Detrick, près de Washington, comme étant à l’origine de la COVID-19. Ce site est au coeur de la recherche américaine contre le bioterrori­sme. Selon le Global Times, quotidien chinois au ton résolument nationalis­te, cinq millions d’internaute­s avaient signé mercredi une pétition pour l’ouverture d’une enquête sur Fort Detrick.

La controvers­e risque d’être au menu des discussion­s qu’aura en Chine à partir de dimanche la vice-secrétaire d’État Wendy Sherman, la plus haute responsabl­e américaine à se rendre dans le pays depuis l’arrivée de Joe Biden à la Maison-Blanche.

Newspapers in French

Newspapers from Canada