Le Devoir

Un code QR facile à déchiffrer

La preuve vaccinale pourrait être une mine d’or pour des gens malintenti­onnés

- ALAIN MCKENNA

Le code QR de preuve vaccinale que le gouverneme­nt du Québec souhaitera­it voir adopté par les commerces de la province pour éviter un nouveau confinemen­t en cas de nouvelle vague de COVID-19 n’est pas crypté. Il peut donc être facilement décodé, y compris par des gens malveillan­ts.

C’est ce qu’illustre une vidéo qui a été mise en ligne mardi soir par des membres de la communauté Hackfest, un regroupeme­nt québécois d’informatic­iens profession­nels et amateurs.

Des experts en cybersécur­ité tentent d’avertir depuis quelques semaines le gouverneme­nt québécois des failles possibles de sa preuve de vaccinatio­n numérique. Les programmeu­rs du Hackfest veulent donc renforcer ce message avec leur initiative de mardi soir.

Patrick Mathieu, cofondateu­r de la communauté et expert en sécurité informatiq­ue, croit que l’idée du gouverneme­nt d’adopter le code QR pour assurer l’ouverture des commerces lors d’une nouvelle flambée pandémique est partie d’une bonne intention, mais que la preuve vaccinale a peutêtre été développée un peu trop rapidement. « L’informatio­n rendue accessible à partir de ce code est encodée, mais elle n’est pas cryptée. Elle n’est pas protégée par une clé secrète ou un mot de passe », dit-il.

La bonne nouvelle est qu’on ne peut pas falsifier les codes QR produits par le gouverneme­nt, ajoute l’expert québécois, « mais n’importe qui peut accéder aux données derrière ce code ».

Si le gouverneme­nt rend l’utilisatio­n de ce code obligatoir­e, un commerçant ou un employé mal intentionn­é pourrait donc noter les heures exactes et la fréquence des passages d’une personne dans un ou plusieurs commerces appartenan­t à une même enseigne. « C’est là où ça menace la vie privée des gens », conclut M. Mathieu.

Contacté à ce sujet, le ministère de la Santé du Québec n’avait toujours pas répondu aux questions du Devoir au moment d’écrire ces lignes. Le ministère avait toutefois assuré par le passé qu’il prenait la question de la protection des données privées très au sérieux et qu’il restait encore du temps pour s’assurer que sa preuve vaccinale numérique respecte les normes internatio­nales.

Newspapers in French

Newspapers from Canada