Le Devoir

Les Éditions Mains libres voient le jour à Montréal

Les Éditions Mains libres lanceront sept premiers ouvrages cet automne

- LITTÉRATUR­E ANNABELLE CAILLOU LE DEVOIR

Sans tambour ni trompette, une nouvelle maison d’édition généralist­e a fait son apparition à Montréal dans les derniers mois. Mains libres, qui se spécialise dans la publicatio­n de romans, d’essais et de romans graphiques, lancera sept premiers ouvrages cet automne.

Déjà partenaire­s de vie depuis plusieurs années, les auteurs Stéphane Despatie et Corinne Chevarier rêvaient depuis « de nombreuses années » de créer leur propre maison d’édition. Sans même le savoir, c’est l’illustrate­ur Jean-Michel Girard qui leur a donné l’automne dernier la tape dans le dos qui leur manquait pour enfin lancer leur projet.

La même idée

« Il a communiqué avec moi pour avoir mon opinion sur ses nouvelles illustrati­ons, probableme­nt parce que j’ai déjà fait des critiques de bandes dessinées dans le passé, indique Stéphane Despatie précisant suivre le travail de l’illustrate­ur, mais ne pas le connaître personnell­ement. J’ai montré son travail à Corinne et on a eu la même idée. [Jean-Michel Girard] ne s’attendait pas à ce que je lui dise que s’il ne trouvait pas d’éditeur, on était très intéressés. »

C’est ainsi que le couple d’artistes s’est finalement jeté à l’eau pour mettre sur pied les Éditions Mains libres, en partenaria­t avec Didier Minneci, un autre passionné de littératur­e. En quelques mois seulement, ils ont trouvé un local au Plateau-Mont-Royal, boulevard Saint-Laurent, et se sont entourés de toute une équipe de collaborat­eurs chevronnés.

« Le fait qu’on ait un bureau, une

On a une vision, on sait qu’on veut des livres matures et écrits, mais on peut être bousculé n’importe quand par un livre rebelle d’un jeune auteur. On ne demande que ça en fait.

STÉPHANE DESPATIE »

équipe, ça montre notre sérieux et qu’on ne lâchera pas le projet demain matin », insiste Corinne Chevarier. Elle souligne du même souffle que ils cumulent, chacun, une trentaine d’années d’expérience dans le milieu culturel et particuliè­rement dans le milieu littéraire, ce qui les aidera à faire connaître et grandir leur maison d’édition une fois officielle­ment lancée. La qualité plutôt que la quantité

S’ils ont jusqu’ici travaillé dans l’ombre — dans le secret même — les trois associés ont rapidement mis la main sur plusieurs ouvrages de choix parmi leur entourage, dont sept seront publiés cet automne.

« Sept pour un automne, c’est beaucoup, reconnaît Stéphane Despatie, mais il fallait donner un coup pour exister, montrer nos couleurs et notre direction. On vise ensuite la publicatio­n de 10 livres pour 2022, 16 en 2023, 18 en 2024 et 20 en 2025. » Une progressio­n « normale », dit-il, qui va permettre à la petite équipe de se concentrer sur la qualité plutôt que la quantité en consacrant beaucoup de temps à l’accompagne­ment des auteurs.

« C’est très important pour nous, renchérit Mme Chevarier. On tient à être présents pour les auteurs dans le travail éditorial et même pendant la création si besoin. »

Parmi les ouvrages à paraître chez Mains libres, on retrouve le roman graphique Fuites de Jean-Michel Girard et Stanley Péan, le roman Ciels parallèles d’Henri Chassé, une réédition du roman Skatepark de Madeleine Monette ou encore Paroles amérikoise­s, un essai de Pierre Bastien. Stéphane Despatie a également trouvé le temps de se plonger dans l’écriture et publiera un roman, Fretless, dans sa propre maison d’édition.

Des auteurs méconnus

« On a démarré avec des auteurs confirmés et en qui on a confiance, souligne M. Despatie. Maintenant qu’on va être public, on espère découvrir et faire de la place à des auteurs méconnus. »

Bien qu’on ait l’habitude de voir Stéphane Despatie et Corinne Chevarier s’illustrer en poésie, les deux auteurs souhaitaie­nt que leur maison d’édition généralist­e se spécialise dans d’autres genres qu’ils affectionn­ent particuliè­rement comme lecteurs. Ils insistent toutefois ne vouloir fermer aucune porte.

« La vie ne nous amène pas toujours où on s’y attend. On va par exemple sortir un livre policier [de Marie-Françoise Taggart] et un autre est en travail alors qu’on n’avait pas prévu aller là au départ. On ne dira pas non à des choses qui se présentent et qu’on aime. […] On a une vision, on sait qu’on veut des livres matures et écrits, mais on peut être bousculés n’importe quand par un livre rebelle d’un jeune auteur. On ne demande que ça en fait », indique M. Despatie.

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VALÉRIAN MAZATAUD LE DEVOIR Corinne Chevarier et Stéphane Despatie dans les locaux de leur nouvelle maison d’édition

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