Le Devoir

L’accès aux vaccins creuse les inégalités dans la reprise économique, selon le FMI

- JULIE CHABANAS AGENCE FRANCE-PRESSE

La reprise devrait être plus rapide qu’attendu dans les économies développée­s, mais plus lente du côté des pays émergents, en raison notamment de l’accès inégal aux vaccins contre la COVID-19, prévient le Fonds monétaire internatio­nal (FMI), qui maintient sa prévision de croissance mondiale de 6 % en 2021.

« L’accès aux vaccins est devenu la principale ligne de rupture divisant la reprise mondiale en deux blocs », a souligné le FMI dans ses prévisions économique­s mondiales actualisée­s publiées mardi. D’un côté, la plupart des économies avancées, qui ont accès aux vaccins et « peuvent s’attendre à une normalisat­ion de l’activité cette année ». De l’autre, les pays qui n’y ont pas ou peu accès et « resteront confrontés à une résurgence des infections » à la COVID-19.

Le PIB devrait donc progresser plus vite que prévu dans les économies développée­s, de 5,6 % en 2021 (0,5 point de plus que lors des dernières prévisions, en avril). Par contraste, les marchés émergents et les économies en développem­ent devraient croître de 6,3 % cette année, une croissance forte, mais moins qu’attendu (-0,4 point).

En cause notamment, le fort ralentisse­ment attendu de la croissance en Inde, à 9,5 % (-3 points), pays ravagé par une résurgence de la maladie à cause du variant Delta. La situation se dégrade aussi pour la Chine, à 8,1 % (-0,3 point).

L’améliorati­on pour les économies avancées [est] entièremen­t compensée par une dégradatio­n pour les économies émergentes

GITA GOPINATH »

Déséquilib­re

« L’améliorati­on pour les économies avancées [est] entièremen­t compensée par une dégradatio­n pour les économies émergentes », a détaillé Gita Gopinath, économiste en chef du FMI, en conférence de presse mardi matin. « C’était déjà divergent et ça s’aggrave », notamment à cause de « l’accès inégal à la vaccinatio­n », mais aussi du « soutien budgétaire [qui] est beaucoup plus facile à maintenir dans les économies avancées qui ont un accès facile au financemen­t », a-t-elle précisé.

Ainsi, les États-Unis devraient connaître une croissance de 7 % cette année (+0,6 point) et de 4,9 % en 2022 (+1,4 point) grâce aux plans d’investisse­ments massifs dans les infrastruc­tures et les dépenses sociales qui pourraient être bientôt adoptés au Congrès. Avec des répercussi­ons positives sur ses partenaire­s commerciau­x.

La situation est identique dans la zone euro, où le plan de relance devrait stimuler la croissance, désormais attendue à 4,6 % en 2021 (+0,2 point). La situation devrait également être meilleure que prévu au Royaume-Uni, avec un PIB en hausse de 7 % (+1,7 point).

Le Canada se démarque également, avec une croissance attendue révisée à la hausse à 6,3 % cette année (+1,3 point), mais ramenée à 4,5 % en 2022 (-0,2 point).

Près de 40 % de la population des économies avancées est entièremen­t vaccinée, contre 11 % dans les économies de marché émergentes et une infime fraction dans les pays en développem­ent à faible revenu, détaille le FMI qui a récemment proposé un plan de 50 milliards de dollars pour vacciner au moins 40 % de la population mondiale d’ici la fin de l’année.

« Nous sommes plus inquiets que nous ne l’étions en avril », a même indiqué à l’AFP Petya Koeva Brooks, directrice adjointe du FMI.

Inquiétude­s

Le variant Delta « est une préoccupat­ion importante. Même si nous en avons intégré une partie dans nos prévisions, il existe toujours un risque de baisse important, en fonction de l’évolution », a encore relevé Gita Gopinath. Les variants, très contagieux, pourraient coûter 4500 milliards de dollars à l’économie mondiale d’ici 2025, a-t-elle alerté dans une entrée de blogue également publiée mardi.

Autre source d’inquiétude, l’inflation. Le FMI estime qu’elle « devrait retourner à ses niveaux prépandémi­ques dans la plupart des pays en 2022 », malgré « le risque que des pressions transitoir­es puissent devenir plus persistant­es ». Elle devrait toutefois « rester élevée jusqu’en 2022 dans certains marchés émergents et économies en développem­ent, en partie en raison des pressions continues sur les prix des denrées alimentair­es et des dépréciati­ons monétaires, créant ainsi un nouveau fossé », a souligné Mme Gopinath.

Le FMI recommande aux banques centrales de maintenir leur soutien aux économies et de ne pas essayer de contrer cette hausse des prix en resserrant leurs politiques monétaires dès maintenant.

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GRAHAM HUGHES LA PRESSE CANADIENNE Les pays dont l’économie est considérée comme avancée comptent près de 40 % de leur population vaccinée contre 11 % dans les pays où l’économie de marché est considérée comme émergente.

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