Le Devoir

Place aux nouvelles épreuves mixtes

Leur arrivée au stade et à la piscine marque le début d’un nouveau chapitre

- JEUX OLYMPIQUES DE TOKYO 2020 ÉRIC DESROSIERS LE DEVOIR

De nouvelles épreuves mixtes, notamment en athlétisme, en natation et en judo feront leur entrée aux Jeux olympiques samedi. En plus de contribuer à une conception plus égalitaire entre les hommes et les femmes dans le sport, elles apporteron­t un côté spectacula­ire qui servira tout le monde.

Les Jeux de Tokyo ne seront pas seulement les plus égalitaire­s de l’histoire, avec presque 49 % d’athlètes féminines, ils compteront aussi plus d’épreuves mixtes que jamais. Il y avait déjà depuis longtemps des compétitio­ns mixtes en équitation, au tennis, à la voile ou encore au tir ; il y en aura désormais six de plus.

L’une des nouvelles épreuves se tiendra samedi sur la piste du Stade olympique. Elle consistera en une course à relais 4 x 400 mètres, mais dont les équipes seront constituée­s de deux hommes et deux femmes. Il reviendra à chaque équipe de décider dans quel ordre les coureurs se passeront le témoin. Commencera-t-on, comme cela a souvent été le cas lors des compétitio­ns antérieure­s, par un homme, suivi des deux femmes, pour terminer avec le dernier homme ? Ou osera-t-on, par exemple, comme on a vu les Polonais le faire aux derniers championna­ts du monde d’athlétisme à Doha, confier aux deux hommes la responsabi­lité de bâtir la plus grande avance possible au départ et charger ensuite les deux femmes du défi de défendre cette avance jusqu’à la fin ?

« Un très bon ajout »

Le Canada ne s’est pas qualifié pour cette épreuve, mais Félix-Antoine Lapointe la suivra avec attention. « Je trouve que c’est un très bon ajout, dit l’entraîneur-chef à la Fédération québécoise d’athlétisme. Les différente­s stratégies possibles dans le choix de l’ordre des coureurs ajoutent une dimension spectacula­ire. Des puristes vont peut-être trouver cela bizarre et diront qu’on s’éloigne trop de l’essence du sport, mais je ne suis pas d’accord : ces évolutions n’enlèvent rien, au contraire. »

Contrairem­ent au relais mixte au stade, le Canada participer­a aux nouvelles épreuves mixtes en natation et au triathlon.

Dans le premier cas, il s’agira d’un relais 4 x 100 mètres quatre nages qui se courra dans l’ordre habituel des quatre nages (dos, brasse, papillon, style libre), mais où les équipes décideront qui, parmi les deux hommes et les deux femmes, effectuera chacun des relais.

Au triathlon, on sait déjà que c’est l’une des deux femmes qui commencera l’épreuve qui consistera en un triathlon complet, mais en mode extrêmemen­t abrégé (300 m de natation, 6,8 km de vélo et 2 km de course à pied), avant de passer le relais à un homme et de continuer en alternance jusqu’à ce que les quatre athlètes aient couru.

La compositio­n de l’équipe mixte de natation se décidera 24 heures avant la course, explique le directeur de la haute performanc­e à Natation Canada, John Atkinson. Elle dépendra des performanc­es des athlètes aux épreuves individuel­les, de leur niveau de fatigue après les autres épreuves, ainsi que de la stratégie qu’on voudra déployer.

« Les hommes prennent souvent les deux premiers relais, mais ce n’est pas automatiqu­e. Il faut notamment tenir compte des vagues plus importante­s que font les hommes. Ça donne toujours des courses très excitantes avec des équipes qui prennent l’avance et d’autres qui essaient de remonter. On parle d’une épreuve olympique à part entière », dit l’entraîneur qui a connu une semaine de rêve à la piscine olympique avec plusieurs médailles remportées par ses nageuses.

Son homologue à Triathlon Canada, Eugene Liang, a dû adapter ses plans après qu’une blessure au tendon d’Achille a forcé Tyler Mislawchuk, jeudi, à déclarer forfait pour le relais mixte. C’est le Québécois Alexis Lepage qui le remplacera dans le quatuor qui prendra le départ de samedi, marquant par le fait même ses débuts sur la scène olympique. « On est encore à apprivoise­r les subtilités de cette nouvelle épreuve, mais on apprend vite et nos stratégies devraient s’être beaucoup raffinées d’ici les Jeux de Paris, a expliqué le directeur de la haute performanc­e à Triathlon Canada. Ça donne des épreuves vraiment intéressan­tes à regarder et auxquelles les athlètes aiment aussi participer, notamment parce que ça se passe très vite, chaque coureur faisant un triathlon hypersprin­t en environ 20 minutes

Ça donne des épreuves vraiment intér » essantes à regarder ALEXIS LEPAGE

pour une durée totale qui ne fait pas une heure et demie. »

Bon pour le sport

En plus d’offrir un bon spectacle, ce format de compétitio­n ouvre des perspectiv­es prometteus­es pour le développem­ent du sport, poursuit Eugene Liang. Plus court que le triathlon olympique ou le très intimidant Ironman, il sera plus accessible aux jeunes et à ceux qui pourraient vouloir tenter le triathlon, en plus d’être plus facile aussi à organiser.

Il y aura aussi samedi une compétitio­n de judo par équipe mixte à laquelle le Canada ne s’est pas qualifié : chaque équipe y sera constituée de trois hommes et trois femmes qui combattron­t chacun dans leur catégorie contre des adversaire­s du même sexe, mais avec l’objectif d’en arriver ensemble au plus grand nombre de victoires. « C’est dommage qu’on ne se soit pas qualifié parce qu’on avait bien fait aux championna­ts du monde en 2017, observe Antoine Valois-Fortier. C’est une compétitio­n qui donne un très bon spectacle. En plus, cela pourrait encourager certains pays qui ont beaucoup de succès du côté masculin, mais qui comptent peu de femmes, à renforcer leur volet féminin. »

Professeur­e titulaire au départemen­t d’éducation physique de l’Université Laval et experte internatio­nale sur les questions d’égalité et de discrimina­tion dans le sport, Guylaine Demers estime elle aussi que les épreuves mixtes sont non seulement un symbole fort de parité, mais qu’elles pourraient aussi être les instrument­s d’une meilleure reconnaiss­ance du sport au féminin. « Je crois que c’est une excellente chose. Le sport masculin continue de bénéficier d’une plus grande visibilité que le sport féminin. Ces épreuves mixtes permettron­t de montrer des femmes en action et devraient aider à renforcer la perception du public quant à leur niveau de performanc­e. »

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JUNG YEON-JE AGENCE FRANCE-PRESSE Le Japonais Jun Mizutani reçoit la médaille d’or de sa coéquipère Mima Ito au haut du podium de tennis de table à Tokyo, lundi.
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Ces reportages ont été financés grâce au soutien du Fonds de journalism­e internatio­nal Transat-Le Devoir.

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