Quel impact a le couloir de nage ?
Mythe ou vérité ? Selon la croyance populaire, dans les compétitions de natation, le couloir du milieu offre un avantage injuste aux concurrents qui s’y installent. Après les qualifications, les nageurs sont classés dans les couloirs en fonction de leur vitesse lors des épreuves. C’est donc l’athlète qui a fini le plus vite qui prend le quatrième couloir, prétendument parce que le milieu de la piscine va moins s’agiter avec ses remous que les couloirs du côté. Cela signifie-t-il qu’il aurait déjà un avantage important sur les autres nageurs en amont de la compétition ?
D’après les chercheurs américains Chris Brammer, Andrew Cornett et Joel Stager, la réponse aurait plutôt un lien avec la conception de la piscine. Le trio a mené une analyse quantitative des performances enregistrées aux championnats du monde de natation de 2013. À l’époque, plusieurs observateurs et participants à l’événement s’étaient plaints de la présence d’un courant dans l’eau qui ralentissait ou aidait les nageurs en fonction de leur emplacement dans la piscine. Les chercheurs se sont donc lancés dans une étude de 16 autres compétitions nationales et internationales, dont les Jeux d’été de Rio en 2016.
« Nos résultats ont fourni des preuves solides que les championnats du monde de 2013 n’étaient pas uniques. Des biais similaires étaient évidents dans d’autres compétitions de niveau élite », ont-ils écrit dans leur étude sur la question. Selon eux, les nageurs étaient plus lents durant les allers et plus vite pour les retours dans les voies 1 à 4, et l’inverse de l’autre côté de la piscine, dans les voies 5 à 8. « Nous avons émis l’hypothèse que les nageurs des couloirs 1 à 4 seraient [donc] désavantagés dans les épreuves de 50 mètres, alors que les nageurs des couloirs 5 à 8 seraient avantagés. Et c’est exactement ce que nous avons trouvé. »
Puisque la plupart des épreuves de natation comptent des allers-retours, l’avantage qu’un nageur pourrait recevoir à l’aller serait négligeable pour son résultat s’il est ralenti au retour. Les JO gardent d’ailleurs une voie ouverte de chaque côté des piscines olympiques pour amortir les courants. Mais aux épreuves de 50 mètres, avec un aller unique, il y aurait moins de temps pour égaliser les chances.
« Si tu es dans les couloirs 1 et 8, proches des murs, tout dépendant du système de filtration de la piscine, il peut y avoir un courant », affirme la triple médaillée olympique Audrey Lacroix. « Mais pour la plupart des épreuves, c’est vraiment négligeable. Ce qui va le plus déranger, c’est si un athlète est devant toi dans un couloir intérieur. Ça se peut que tu ressentes une vague, mais tu peux t’en servir aussi pour avancer. »
La plupart des nageurs ne s’en soucient pas parce que c’est la réalité de la discipline, ajoute-t-elle.