Le Devoir

Le Congrès fait un pas vers les secrets fiscaux de Donald Trump

- CHARLOTTE PLANTIVE

Les Américains méritent de connaître les faits sur ses conflits d’intérêts troublants qui, sous sa présidence, ont miné notre sécurité et notre démocratie NANCY PELOSI

Les Américains finiront-ils par connaître les secrets d’argent de leur ancien président ? Le ministère américain de la Justice a fait un pas dans cette direction vendredi, en ordonnant aux services fiscaux de transmettr­e au Congrès les déclaratio­ns de revenus de Donald Trump.

Une commission de la Chambre des représenta­nts qui s’occupe de questions budgétaire­s « a présenté des raisons suffisante­s pour demander les données fiscales de l’ancien président », écrit le ministère dans un mémorandum.

En conséquenc­e, « le Trésor doit lui fournir ces informatio­ns », ajoute-t-il dans ce document de 39 pages qui s’inscrit dans une bataille judiciaire au long cours.

Contrairem­ent à tous ses prédécesse­urs depuis les années 1970, Donald Trump, qui a fait de sa fortune un argument de campagne, refuse de publier ses déclaratio­ns fiscales. Son manque de transparen­ce alimente les spéculatio­ns sur l’étendue de sa richesse ou sur de potentiels conflits d’intérêts.

Pour tenter d’en savoir plus, trois commission­s de la Chambre des représenta­nts, contrôlée par les démocrates, avaient demandé en 2019 au cabinet comptable Mazars, mais aussi aux banques Deutsche Bank et Capital One, toute une série de documents financiers portant sur les affaires de Donald Trump entre 2010 et 2018, et sur celles de ses proches.

La commission des « voies et moyens », sur laquelle porte le mémorandum du ministère, réclame plus spécifique­ment six ans de déclaratio­ns de revenus précédant son entrée à la Maison-Blanche, dans le cadre de son pouvoir d’audit des services fiscaux.

En parallèle, le procureur de Manhattan, Cyrus Vance, lui aussi un élu démocrate, avait réclamé les archives financière­s de Donald Trump dans le cadre d’une enquête sur de possibles violations des lois new-yorkaises.

En justice

Arguant de son immunité présidenti­elle et de la séparation des pouvoirs, Donald Trump s’était battu sur tous ces fronts, allant à deux reprises jusqu’à la Cour suprême.

Il avait perdu une première bataille en février, quand la Cour a autorisé la transmissi­on de certains documents à la justice new-yorkaise. L’enquête se déroulant à huis clos, ces informatio­ns restent protégées par le secret.

Cette fois, si ses déclaratio­ns de revenus sont transmises au Congrès, il faudra encore que la commission vote en son sein pour décider de les rendre publiques.

L’ancien président Donald Trump pourrait toutefois à nouveau présenter des recours pour s’opposer à l’ordre du ministère de la Justice. Il n’avait pas immédiatem­ent fait connaître ses intentions vendredi.

Sans attendre, la présidente démocrate de la Chambre des représenta­nts, Nancy Pelosi, a salué « une victoire pour l’État de droit ».

« Les Américains méritent de connaître les faits sur ses conflits d’intérêts troublants qui, sous sa présidence, ont miné notre sécurité et notre démocratie », a-t-elle estimé dans un communiqué.

En fait, le voile a déjà été partiellem­ent levé par le New York Times qui, juste avant l’élection de novembre, avait publié une enquête basée sur 20 années de données fiscales concernant l’ex-magnat de l’immobilier et son groupe. Il n’a payé que 750 dollars d’impôt fédéral en 2016, et rien au cours de dix des quinze années précédente­s, en déclarant plus de pertes que de gains, avait affirmé le quotidien.

Donald Trump avait dénoncé des « informatio­ns bidon » et assuré avoir « payé beaucoup d’impôts », sans donner plus de précisions.

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