Le coût de nos « parfaits » gazons
S’il y a un usage des pesticides qui est bien inutile, c’est lorsque nous arrosons nos parterres de fleurs et nos « parfaits » gazons. Pourquoi exposer ses petits-enfants, sa famille, une population entière à de tels produits ? L’esthétique en vautelle le prix ? À ces questions, nous répondons non. À ces questions, nous vous demandons, à vous, élus et candidats aux élections municipales, de répondre non.
Face à l’effondrement de la biodiversité et au dérèglement climatique, les prochaines élections municipales vont se révéler une étape clé dans la mobilisation et l’action environnementale. L’immobilisme des autres ordres gouvernementaux pousse, en effet, les municipalités sur le devant de la scène. Car l’urgence, elle, n’attend pas.
Dans le palmarès du pire en matière d’environnement, les pesticides font malheureusement « bonne figure ». Il faut dire qu’avec des oligopoles formés par les industriels de l’agrochimie (pesticides et OGM) qui brassent des milliards de dollars et leurs stratégies bien pensées pour privatiser le vivant et « gagner du temps » avant l’interdiction de leurs produits néfastes, on ne pouvait y échapper. Pire encore, auprès de Santé Canada, ces derniers semblent « gagner du terrain », comme on le voit avec la proposition d’augmenter la limite de résidus de glyphosate autorisés dans nos aliments, la non-interdiction des néonicotinoïdes et la proposition de ne plus évaluer certains nouveaux OGM avant leur mise en marché.
Les pesticides sont partout. Dans les aliments que nous mangeons, dans l’air que nous respirons et dans l’eau que nous buvons. On les banalise, mais notre exposition est loin d’être anodine. On le sait aujourd’hui, ces produits sont rattachés à l’apparition de certaines maladies, comme la maladie de Parkinson, des cancers, des troubles cognitifs et bien d’autres (INSERM, 2021). Des populations sont aussi plus à risque que d’autres : les personnes utilisant ces produits à titre professionnel (usage massif et répété), les enfants et les femmes enceintes.
Pourtant, nous pourrions nous en passer entièrement ou tout au moins en réduire radicalement l’utilisation. C’est d’ailleurs ce que propose le manifeste Sortir du glyphosate, défendu par Vigilance OGM, en 15 mesures simples, rapides et peu coûteuses.
Aujourd’hui, nous souhaitons rappeler l’importance du rôle des élus municipaux dans ce dossier et plus généralement dans les dossiers environnementaux. Leur pouvoir. Et leurs responsabilités.
De plus, nous espérons qu’avec l’adoption d’une nouvelle réglementation sur l’usage esthétique des pesticides dans un grand nombre de municipalités, nous entamerons un dialogue national sur la dépendance collective que nous avons développée envers ces intrants chimiques.
Il s’agit ici de légiférer pour interdire l’utilisation des pesticides à des fins de jardinage pour les particuliers, mais aussi pour les interdire dans l’entretien des parcs et des jardins des municipalités. Aujourd’hui, seuls les écoles et les CPE sont adéquatement réglementés : nous proposons d’étendre cette réglementation à l’ensemble du territoire municipal. Saugrenue comme idée ? Non ! Déjà 150 municipalités ont instauré un règlement sur les pesticides pour accompagner le Code de gestion des pesticides du gouvernement du Québec. La municipalité d’Hudson a même été la première en Amérique du Nord à demander cette interdiction : cela lui a valu d’être poursuivie en cour par des compagnies de pesticides, poursuite qui s’est soldée par la victoire en Cour suprême de la municipalité.
Soyons à la hauteur du courage de cette municipalité.
Récemment, Laval, troisième ville du Québec, a interdit l’utilisation du glyphosate et des néonicotinoïdes sur son territoire. Drummondville a annoncé la même chose aussi. Le vent tourne.
Mesdames et messieurs, élus comme candidats, apportez votre contribution et répondez aux demandes des citoyens de protéger la santé du plus grand nombre et la santé de nos écosystèmes. Entamez ce débat national. Légiférez.