Maman très chère
Un homme accomplit une série de tâches afin d’hériter de la maison de sa mère dans Ride the Eagle
On rencontre Leif alors qu’il se la coule douce avec son chien dans la piscine qui flanque une vaste propriété. Or, découvre-t-on peu après, cet homme d’une quarantaine d’années n’habite pas ladite résidence, mais loge plutôt dans un petit cabanon adjacent reconverti en logis : plus désorganisé que chantre de la simplicité volontaire, Leif est un musicien qui vivote. Surgit alors du passé sa mère, ou enfin, si l’on veut, en cela qu’elle vient de décéder, apprend un Leif quasi indifférent.
Ce sentiment, l’indifférence, prévaut pour une bonne partie du film chez le spectateur également, mais on y reviendra. Protagoniste du film indépendant Ride the Eagle, Leif n’avait plus de contact avec la défunte depuis l’âge de 12 ans, soit lorsqu’elle l’abandonna pour rejoindre une secte. Prénommée Honey, sa mère tenta par la suite de reprendre contact, mais Leif refusa toujours.
Le voici donc en route vers la maison de Honey, sise dans la nature enchanteresse du parc de Yosemite. Maison
dont il héritera… à la condition d’accomplir une série de tâches que lui a laissée sa mère sur une vidéocassette.
Le point de départ de cette comédie dramatique est ingénieux, mais malheureusement, le développement s’avère laborieux.
Deux atouts
Constitué d’une suite d’épisodes plus ou moins drôles ou plus ou moins touchants, selon la teneur du moment, le récit peine à captiver. C’est que Leif, force est de le constater, n’est pas un personnage très intéressant. La merveilleuse chienne qui partage sa vie l’est davantage, c’est tout dire. Leif n’a pas eu de parents, il est donc resté un adulescent : mais encore ?
L’acteur Jake Johnson s’est luimême écrit ce rôle avec le réalisateur Trent O’Donnell, un habitué de la télévision qui a dirigé le premier dans plusieurs épisodes de la série New
Girl (2013-2018). D’où, peut-être, la surabondance de monologues impartis à Leif : on dirait parfois un long « démo » d’audition plutôt qu’un film. À l’inverse, O’Donnell semble faire tout son possible pour ne pas se distinguer à la mise en scène. Les séquences tournées à l’intérieur sont particulièrement banales. Pour ce qui est de celles filmées à l’extérieur, les beautés naturelles environnantes font l’essentiel du travail.
Ride the Eagle a cependant deux atouts : J.K. Simmons et Susan Sarandon. Simmons, en ex-amant éploré, offre une contribution brève mais sentie, et c’est grâce à lui qu’on sourit un peu. Bien qu’elle soit confinée à un enregistrement, Sarandon compose pour sa part une Honey tridimensionnelle. On lui doit les seuls vrais moments d’émotion. Faire davantage de place à l’un et l’autre aurait peutêtre été une bonne idée.