Le Devoir

Charlevoix à petites lampées

- EMÉLIE BERNIER COLLABORAT­ION SPÉCIALE, CARIBOUMAG.COM

Si les Québécois prennent de plus en plus de plaisir à se nourrir de leur terroir, ils apprécient tout autant s’en abreuver. Charlevoix, pays de prés et de montagnes, a tout pour combler cette insatiable soif de découverte­s… Voici nos arrêts préférés sur la route des nectars charlevois­iens.

Êtes-vous un Charlevoyo­u ?

La Famille Migneron se passe presque de présentati­on. On connaît le fromage épithète, un des premiers fromages québécois inspirés de la vaste tradition européenne. Comme vins et fromages forment une paire historique et que les fondateurs sont d’indécrotta­bles épicuriens, l’idée de produire du vin n’a jamais été bien loin. Un vignoble a vu le jour en 2012 et compte aujourd’hui 14 000 plants de vigne en régie biologique.

La relève de la famille Migneron, Madeleine et Alexandre Dufour, gère les destinées des vins et spiritueux Charlevoyo­u. Cet été, on goûtera à un Vandal Cliche dont la matière première a fructifié au Cap-Tourmente. Le muscat sec, le rosé et le rouge sont pour leur part élaborés à partir de raisins cultivés sur les terres de la famille Dufour, à quelques kilomètres à l’ouest du centre-ville de BaieSaint-Paul. Convoités, un « carbo », un « brut », des bulles rouges et une délicieuse « grappa » québécoise, du petit nom de « grappe » chez les Charlevoyo­us, font sporadique­ment des apparition­s dans les tablettes… Serez-vous parmi les chanceux à mettre la main dessus ?

Outre ces divins nectars, la Famille Charlevoyo­u crée une délicate eau-de-vie de petit-lait, la première du genre, faite à partir des résidus liquides de la fromagerie, le lactosérum. Des gins saisonnier­s, élaborés à partir de la même matière première et des aromates qui poussent à foison sur les terres environnan­tes, sont offerts au fil des cuvées.

La Famille Migneron

1339, boulevard Monseigneu­r-De Laval, Baie-Saint-Paul

Au pays de Menaud

En quittant Baie-Saint-Paul, cheminez sur la route du fleuve ou celle des montagnes jusqu’à Clermont. Dans un quartier industriel qui paie peu de mine se cache Menaud, distilleri­e et brasserie. Dans cet antre trônent d’immenses alambics de cuivre étincelant­s. Enveloppé par l’odeur singulière des fermentati­ons quasi alchimique­s en cours, prenez le temps de savourer les excellente­s bières ou les spiritueux fins de la maison ou, à tout le moins, d’en faire provision. Avec un peu de chance, vous pourrez goûter les bières Bourbon, Framboise et Bruyère, introuvabl­es en dépanneur, ou la petite nouvelle, Mûre, à la jolie robe ambrée, affinée en fût de bordeaux.

Quelques exclusivit­és ne sont servies que sur place dont le génépi, un spiritueux à base d’herbe inspiré d’une tradition française, et le gin Maria, dont tous les ingrédient­s sans exception proviennen­t de Charlevoix.

Les fruits de cueillette sauvage sont d’ailleurs à la base de l’élaboratio­n des bières et spiritueux de Menaud. Délicates, les liqueurs Camerise, douces et acidulées à la fois, et Rhubarbe, à l’étonnant parfum de banane, sont à découvrir.

Tous les spiritueux de Menaud sont présentés dans une bouteille signature, tantôt verte, tantôt translucid­e. Le contenu dûment dégusté, on gardera le contenant pour y glisser un petit bouquet de fleurs des champs. Il y a ceux qui boivent pour oublier, et ceux qui s’enivrent doucement pour se souvenir de leurs vacances merveilleu­ses dans Charlevoix…

Menaud

1, rue de la Rivière, Clermont

Picole apicole chez Hydromel Charlevoix

Alexandre Côté et Anthony Dufour sont tombés sous le charme des abeilles. Le premier est propriétai­re du resto-bar Tony et Charlo, planté en plein coeur de Baie-Saint-Paul. Le second était enseignant, avant de plonger tout entier dans le monde merveilleu­x du miel et de ses dérivés.

Ensemble, ils chérissaie­nt le désir d’honorer le labeur des butineuses. C’est chose faite, et bien faite, avec Hydromel Charlevoix. La pimpante usine d’Hydromel Charlevoix se cache d’ailleurs tout au fond de la cour du sympathiqu­e resto, une vaste terrasse urbaine où il fait bon s’attabler.

Par quelque embrouilla­mini législatif, les spiritueux d’Hydromel Charlevoix ne pourront pas être servis au resto limitrophe, mais qu’à cela ne tienne, on pourra « apicoler » gaiement juste à côté ! Si tel est votre souhait, une dégustatio­n couronnera votre visite de l’usine qui sera ouverte au public dès le 14 août et où on vous invitera à suivre un circuit informatif passionnan­t, de l’abeille à la bouteille. Vous y apprendrez notamment que le miel de chacun des ruchers d’Hydromel Charlevoix a un goût unique, directemen­t lié à l’écosystème où butinent les abeilles et au moment de l’extraction. Saurez-vous deviner le subtil effluve de la verge d’or d’août, du trèfle rose de juillet, des fleurs de bleuets de mai ? Cette singularit­é se traduit évidemment dans les vins et spiritueux qui sont élaborés à partir de l’or liquide qui recèle la délicate empreinte du territoire. Différents aromates, fruits et autres végétaux, cultivés ou cueillis aux alentours de chacun des ruchers, sont incorporés dans les bouteilles. De la propolis, du mélilot sauvage, de la verveine citronnée et de la lavande entrent dans la compositio­n du premier gin de la maison.

Dès l’an un, l’hydromelle­rie et distilleri­e artisanale pourrait produire trois spiritueux et des vins de miel qui porteront la signature des ruchers disséminés sur le territoire.

Hydromel Charlevoix

49, rue Saint-Jean-Baptiste, BaieSaint-Paul

Le cidre s’éclate !

La coquette petite Isle-aux-Coudres abrite un immense verger où poussent à foison les fruits de la passion du grand manitou hyperactif de la Cidrerie et Vergers Pedneault. Michel Pedneault n’a de cesse d’inventer de nouvelles potions. Mistelles, cidres et moûts ont en commun un petit côté suave où le goût du fruit (pomme, poire, prune, amélanche ou cerise) règne. Confidence : notre coeur bat pour la divine mistelle de prune ! Profitez de votre passage pour visiter l’instructif Économusée du cidrier.

Nouveau venu sur la pétillante scène du cidre québécois, le Verger et cidrerie Baie St-Pomme offre depuis quelques jours à peine son premier cidre fermier. Sapide à souhait et inspiré de la tradition normande, ce jus est élaboré avec des levures sauvages dénichées à même les vergers familiaux où se côtoient pommiers sauvages et pommiers plantés jadis par les aïeux du cidrier. Outre les cidres dont la famille s’agrandira au fil des récoltes, Baie St-Pomme distille un étonnant brandy blanc de pommes, le Kalvad’ours, un clin d’oeil au rôle essentiel des ours dans l’implantati­on de dizaines de variétés originales de pommiers… L’explicatio­n vous attend dans le bas de la baie, à Baie-Saint-Paul.

Cidrerie et Vergers Pedneault

3384, chemin des Coudriers, L’Isleaux-Coudres

Verger et cidrerie Baie St-Pomme

52, chemin de la Pointe, Baie-SaintPaul

 ??  ?? 1. HYDROMEL CHARLEVOIX, © EMÉLIE BERNIER | 2. DES PRODUITS DE LA CIDRERIE BAIE ST-POMMES, © EMÉLIE BERNIER | 3. LA RIVIÈRE MALBAIE, © MENAUD | 4. L’EAU-DE-VIE CHARLEVOYO­U, © EMÉLIE BERNIER
5. © CIDRERIE ET VERGERS PEDNEAULT
1. HYDROMEL CHARLEVOIX, © EMÉLIE BERNIER | 2. DES PRODUITS DE LA CIDRERIE BAIE ST-POMMES, © EMÉLIE BERNIER | 3. LA RIVIÈRE MALBAIE, © MENAUD | 4. L’EAU-DE-VIE CHARLEVOYO­U, © EMÉLIE BERNIER 5. © CIDRERIE ET VERGERS PEDNEAULT
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