Fermes en fleurs
En août, l’autocueillette bat son plein dans plusieurs fermes florales du Québec. Et si on allait aux dahlias, ce week-end ?
Certaines fermes florales ouvrent désormais grand leurs champs aux visiteurs-cueilleurs. À Saint-Anicet, en Montérégie, Au Beau Pré est du nombre. D’abord laitière, puis céréalière, la ferme familiale donne dans les dahlias depuis 2005. « C’était le projet de ta mère ! » lance Roger Quenneville à sa fille, Sarah, qui a pris la relève de l’entreprise et me fait visiter son domaine.
La mission première de la ferme est de produire des tubercules de cette fleur, dont elle a fait sa spécialité, et d’approvisionner les fleuristes. Pourquoi les dahlias ? « Parce que c’est une fleur aux couleurs éclatantes, explique Sarah Beaupré Quenneville. C’est une annuelle tendre qui provient des montagnes du Mexique et qui adore le temps frais de notre mois de septembre. »
En plus de ses 300 variétés de dahlias, la ferme cultive une soixantaine de variétés d’annuelles destinées à l’autocueillette. Elle propose aussi des bouquets sur abonnement selon le même principe que celui des paniers de légumes. La jeune entrepreneuse est d’ailleurs d’avis que l’achat local et saisonnier devrait également concerner cette culture. « On parle beaucoup de la saisonnalité des fruits et légumes, dit-elle, mais on devrait tenir le même discours avec les fleurs. » On veut garnir sa table de pivoines en septembre ? Très bien, mais il faut savoir qu’elles devront parcourir des milliers de kilomètres pour y arriver.
Effectivement, les fleurs coupées vendues au Québec proviennent d’Europe, d’Amérique du Sud et même d’Océanie. Or la floriculture ne sent pas bon partout. Roses, gerberas et autres chrysanthèmes sont cultivés dans d’immenses fermes, dans d’énormes serres, où les droits des travailleurs, surtout des femmes, sont souvent bafoués. C’est sans parler de la contamination des sols et des cours d’eau, ainsi que de la pollution de l’air, qui résulte d’un usage abusif d’additifs agrochimiques, de pesticides, d’insecticides, et qui a aussi des effets néfastes sur la santé des ouvriers. L’important, c’est la rose équitable et… nos souvenirs « Mes fleurs à moi sont équitables, mes employés travaillent dans les serres par temps de canicule, souligne Sarah Beaupré Quenneville. Et quand mes clients reçoivent mes bouquets, il arrive souvent qu’ils reconnaissent des fleurs que leur mère cultivait dans leurs plates-bandes. Donc, en plus d’être jolies, mes fleurs peuvent aussi permettre la remémoration de beaux souvenirs ! »
Sont-elles également bios ? « Ah, ça, ce n’est pas possible, répond la floricultrice. Elles sont plutôt écolos, car si on va manger le radis qui a un petit trou, on ne veut pas des fleurs imparfaites. »
Dans certaines fermes, l’activité d’autocueillette est encadrée. Par exemple, chez Les Effleurés, à Inverness, elle se déroule en deux temps : visite du jardin afin de sélectionner les fleurs parmi une centaine de variétés, puis explications du floriculteur quant à la façon de les cueillir. « Je suis en pleine exploration, note la propriétaire, Catherine Brassard. J’envisage une autocueillette plus large, comme pour celle des petits fruits, mais, déjà, l’activité est très appréciée. »
Au Beau Pré, qui peut recevoir jusqu’à 500 personnes par jour les fins de semaine, les cueilleurs s’en donnent à coeur joie dans les champs qui leur sont réservés, en toute liberté. À l’accueil de la ferme, on leur explique comment couper les fleurs avec les sécateurs qui leur sont prêtés. À la sortie, on leur donne des conseils pour les conserver belles le plus longtemps possible. Pour plus d’information : aubeaupre.com, leseffleures.com