Le Devoir

Des millions d’Américains menacés d’expulsion

La trêve des expulsions, décidée en raison de la pandémie de COVID-19, vient d’expirer

- AURÉLIA END À WASHINGTON AGENCE FRANCE-PRESSE

Les responsabl­es politiques américains tentaient dimanche de prévenir des expulsions massives d’Américains en difficulté­s financière­s, après l’expiration d’un moratoire qui les protégeait.

« Nous risquons d’être expulsés », ont confié Samantha Pate et Andrew Martinez, habitants d’Aurora, dans l’État du Colorado, à la chaîne de télévision KDVR. Le couple avec deux enfants compte s’installer de manière provisoire sur un terrain qu’ils possèdent. La famille s’attend à « vivre dans des tentes avec un poêle à bois pour l’hiver », explique Andrew Martinez.

C’est samedi à minuit qu’a expiré une trêve des expulsions décidée au départ pour des raisons sanitaires liées à la pandémie de COVID-19, et plusieurs fois renouvelée.

La Maison-Blanche avait pris les parlementa­ires de court jeudi, en assurant que les autorités sanitaires ne pouvaient plus, pour des raisons juridiques, prolonger encore le moratoire, et en leur demandant de légiférer en urgence. Ce que les élus ne sont pas parvenus à faire avant que la Chambre des représenta­nts ne cesse ses travaux pour la pause estivale.

Plus de 10 millions de personnes aux États-Unis sont en retard sur le paiement de leur loyer, a calculé le CBPP, un institut de recherche indépendan­t. Et quelque 3,6 millions de locataires estiment qu’ils risquent de se faire expulser dans les deux mois, selon une étude du bureau des statistiqu­es réalisée début juillet auprès de 51 millions de locataires.

« Inhumain »

Le redémarrag­e de l’économie américaine, qui ne profite pas à tous les foyers de la même façon, fait grimper les loyers. Selon le dernier pointage réalisé par le site spécialisé Realtor, entre juin 2020 et juin 2021 le loyer médian aux États-Unis a grimpé de 8,1 %.

Une poignée de parlementa­ires démocrates de la frange la plus à gauche du parti continuaie­nt dimanche à plaider pour un rappel à Washington des membres de la Chambre des représenta­nts. « Nous voulons que la Chambre des représenta­nts se réunisse, le Sénat peut intervenir aussi, le Président pourrait prendre un décret, il faut faire tout ce qui est possible », déclarait dimanche matin à l’AFP le membre de la Chambre des représenta­nts Jamaal Bowman, élu de New York venu sur les marches du Capitole pour soutenir un petit groupe de jeunes activistes qui y ont passé la nuit. « Expulser des gens, ou rendre leur expulsion possible en temps de pandémie, est inhumain ».

L’élu n’est pas tendre pour ses collègues démocrates, majoritair­es à la Chambre des représenta­nts : « Nous autres parlementa­ires, nous sommes prompts à défendre Wall Street, à défendre les grandes entreprise­s, à prendre des décisions qui permettent à Jeff Bezos et à Richard Branson d’aller dans l’espace. »

La patronne de la Chambre, Nancy Pelosi, a expliqué que face aux difficulté­s de légiférer dans l’urgence sur le moratoire, certains démocrates « ont décidé de se concentrer plutôt sur la manière de faire parvenir aux locataires et aux propriétai­res l’argent » prévu dans les mesures de réponse à la pandémie prises au tout début du mandat Biden.

Il s’agit d’une enveloppe de 46 milliards de dollars, destinée justement à régler au moins en partie le problème des loyers impayés, mais dont la distributi­on s’avère très laborieuse, pour des raisons de bureaucrat­ie notamment.

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