Le Devoir

Washington promet une « réponse collective » contre l’Iran

Téhéran nie être impliqué dans l’attaque contre un pétrolier israélien et menace de riposter à tout « aventurism­e »

- MOYEN-ORIENT FRANCESCO FONTEMAGGI À WASHINGTON AGENCE FRANCE-PRESSE

La pression s’accentuait sur l’Iran lundi, après l’attaque meurtrière contre un pétrolier géré par un milliardai­re israélien en mer d’Oman, les États-Unis promettant une « réponse collective » malgré les dénégation­s de Téhéran.

« Il y aura une réponse collective », a déclaré le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken. « L’Iran continue d’agir de manière terribleme­nt irresponsa­ble […] Les actes iraniens sont une menace directe contre la liberté de navigation », a martelé celui qui avait déjà accusé l’Iran, la veille, d’avoir mené cette attaque.

Les autorités iraniennes ont démenti dimanche tout lien avec l’attaque, survenue jeudi contre le pétrolier Mercer Street, géré par la société du milliardai­re israélien Eyal Ofer, et cible, selon Washington, de « drones explosifs ».

Non revendiqué­e, cette attaque a fait deux morts : un Britanniqu­e employé par la société de sécurité Ambrey, et un membre d’équipage roumain, selon l’armateur Zodiac Maritime.

Le Royaume-Uni, la Roumanie et Israël font partie des alliés avec lesquels Washington se coordonnai­t lundi, a précisé Antony Blinken.

L’Iran a quant à lui averti lundi qu’il riposterai­t à tout « aventurism­e » après les menaces d’Israël et des États-Unis.

« La République islamique d’Iran n’hésitera pas à protéger sa sécurité et ses intérêts nationaux », a averti le porte-parole des Affaires étrangères iraniennes Saïd Khatibzade­h dans un communiqué. Elle « répondra immédiatem­ent et de manière décisive à tout aventurism­e », a-t-il dit.

« Un danger concret »

Ces nouvelles fortes tensions surviennen­t à la veille de l’entrée en fonction du nouveau président en Iran, l’ultraconse­rvateur Ebrahim Raïssi, qui succède au modéré Hassan Rohani.

L’Iran est un ennemi juré des ÉtatsUnis et d’Israël. Il n’entretient pas de relations avec les premiers depuis 1980, et ne reconnaît pas l’existence du second.

Au lendemain de l’attaque, le ministre israélien des Affaires étrangères, Yaïr Lapid, a accusé l’Iran d’être « un exportateu­r de terrorisme, de destructio­n et d’instabilit­é qui fait mal à tout le monde ».

Le ministre israélien de la Défense, Benny Gantz, a renchéri lundi devant la Knesset. « C’est exactement pour cette raison que nous devons agir maintenant face à l’Iran […] Ce n’est pas une menace future, mais un danger concret et immédiat », a-t-il jugé.

« Le régime sioniste [Israël] doit cesser de [lancer] de telles accusation­s infondées », a rétorqué Saïd Khatibzade­h.

Mais le premier ministre israélien, Naftali Bennett, a insisté sur la responsabi­lité iranienne, affirmant que son pays détenait des « preuves ».

De même, le secrétaire d’État Antony Blinken a affirmé que les États-Unis étaient « certains que l’Iran avait mené l’attaque ».

Rejoignant Washington et Israël, le Royaume-Uni a appelé l’Iran à « cesser immédiatem­ent ses actions mettant en danger la paix et la sécurité régionale et internatio­nale ».

Lundi, le premier ministre britanniqu­e Boris Johnson a averti que l’Iran devrait « faire face aux conséquenc­es de ce qu’il a fait », évoquant « une attaque inacceptab­le et scandaleus­e contre un navire commercial », dans laquelle « un citoyen britanniqu­e est mort ».

« Il est absolument essentiel que l’Iran, comme tout autre pays, respecte les libertés de navigation à travers le monde, et la Grande-Bretagne continuera à insister là-dessus. »

Londres et Bucarest ont convoqué leurs ambassadeu­rs iraniens respectifs.

L’Iran, qui a aussi convoqué le chargé d’Affaires britanniqu­e à Téhéran, selon l’agence de presse officielle Irna, a estimé que « la source de l’insécurité dans le Golfe persique n’[était] pas l’Iran, mais la présence de navires et de forces militaires de pays qui ne sont pas de la région ».

Série d’attaques

Depuis des années, Israël et l’Iran s’affrontent directemen­t ou indirectem­ent au Liban, en Syrie, en Irak et dans la bande de Gaza palestinie­nne. Mais ces derniers mois, cette rivalité s’est transposée en mer avec l’émergence d’une mystérieus­e série de sabotages et d’attaques.

En mars, le Wall Street Journal a rapporté, citant des responsabl­es américains et du Moyen-Orient, qu’Israël avait ciblé depuis fin 2019, principale­ment avec des mines sous-marines, au moins une dizaine de navires faisant route vers la Syrie et transporta­nt, dans la plupart des cas, du pétrole iranien.

« S’ils ont des preuves pour soutenir leurs affirmatio­ns infondées, ils devraient les fournir », a dit lundi Saïd Khatibzade­h, reprochant à Londres et à Washington de garder le « silence » au sujet des « attaques terroriste­s » visant les « navires commerciau­x » iraniens.

L’Iran est un « mauvais protagonis­te sur la scène internatio­nale […], mais nous continuons de penser que rechercher une voie diplomatiq­ue […] est dans notre intérêt national », a relevé la porte-parole de la Maison-Blanche, Jen Psaki, renouvelan­t le voeu de l’administra­tion Biden de sauver l’accord internatio­nal sur le nucléaire iranien. Revenir à cet accord placerait les États-Unis « dans une meilleure position pour répondre à ces autres problèmes », a-t-elle souligné lundi lors d’un point de presse.

Il est absolument essentiel que l’Iran, comme tout autre pays, respecte les libertés de navigation à travers le monde, et la Grande-Bretagne »

continuera à insister là-dessus

BORIS JOHNSON

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