Les armes à feu, un problème majeur à Toronto
Les fusillades ont augmenté de 60 % dans la Ville Reine entre 2015 et 2020
De plus en plus présents à Montréal, les crimes par armes à feu sont un problème important depuis plusieurs années du côté de la ville de Toronto. Le nombre de fusillades ou de décharges d’armes à feu dans la métropole ontarienne a augmenté de 60 % entre 2015 et 2020. En 2019, 492 fusillades ont eu lieu dans les rues de la ville, le nombre le plus élevé en 15 ans.
Louis March, fondateur de l’organisme torontois Zero Gun Violence Movement, réclame un meilleur leadership du maire John Tory. « Le maire m’a demandé une fois s’il y avait une chose qu’il pouvait faire pour réduire la violence par armes à
feu dans la ville, raconte-t-il. Je lui ai répondu qu’il n’y a pas qu’une chose qui va réduire la violence. Par contre, l’expérience d’autres villes nordaméricaines démontre que le maire doit être au front. » « [Il] ne devrait pas que se présenter dans les quartiers chauds après une fusillade, il devrait y être quand il n’y a pas de fusillade », ajoute-t-il.
Le plus récent blessé dans une fusillade à Toronto, un garçon de 12 ans, a été atteint alors qu’il se trouvait dans un parc du nord-ouest de la ville, le 30 juillet. La rue Jane, située près du lieu de l’incident, traverse l’une des zones les plus dangereuses de la ville. Le poste de quartier 31 de la police de Toronto, qui comprend le quartier Jane and Finch, à quelques kilomètres du site de la fusillade, a comptabilisé le plus grand nombre d’incidents impliquant une arme à feu lors de quatre des cinq dernières années.
Des politiques mal reçues
Quelques mois plus tôt, en février, le maire se trouvait au centre communautaire Falstaff, à quelques mètres seulement de l’endroit où le garçon a été la cible de coups de feu, pour annoncer un financement de 6 millions de dollars dans des programmes destinés aux jeunes. Le tiers des fonds a été distribué à une dizaine d’organismes qui travaillent à éliminer la violence chez les jeunes.
De nombreuses mesures annoncées au cours des dernières années par la Ville de Toronto ou son service de police ne répondaient toutefois pas au problème de violence ou n’ont tout simplement pas vu le jour. Ce fut le cas, entre autres, du plan contre la violence par armes à feu présenté par la Ville en 2018. À ce jour, une partie importante du projet n’est pas financée par le gouvernement fédéral, comme l’avait planifié la Ville, ce qui retarde son déploiement.
En 2019, des chercheurs ont rejeté du revers de la main un plan présenté par le chef de police, Mark Saunders, qui avait pour objectif d’augmenter le nombre de policiers dans les quartiers à risque à des fins d’opérations de renseignement. « Nous ne pouvons continuer de faire des arrestations pour régler les problèmes de violence », disait alors Akwasi Owusu-Bempah, professeur de sociologie à l’Université de Toronto.
L’été dernier, les Torontois ont marché par milliers pour demander un définancement de la police. Les groupes réclamaient une redistribution des fonds habituellement attribués à la police vers des organisations communautaires et des services sociaux. Le budget de la police est finalement resté inchangé lorsque le budget municipal a été voté par les membres du conseil municipal en février.
« On ne peut plus utiliser nos tactiques d’il y a 10 ou 20 ans pour réduire la violence », affirme Louis March. « Pendant combien de temps encore devrons-nous voir la violence continuer avant d’entreprendre de vraies actions, de vrais changements de politique ? » a demandé le fondateur de l’organisme Zero Gun Violence Movement en février. Ses sentiments sont les mêmes six mois plus tard. « Je ferais la même allocution aujourd’hui », dit-il.
On ne peut plus utiliser nos tactiques d’il y a 10 ou 20 ans pour réduire la violence
LOUIS MARCH »