Le Devoir

Une grève des agents frontalier­s semble inévitable |

- STÉPHANE ROLLAND LA PRESSE CANADIENNE

Le déclenchem­ent d’une grève des agents frontalier­s canadiens semble maintenant inévitable, a prévenu mardi leur syndicat, qui accuse le fédéral d’avoir quitté la table de négociatio­n à l’approche de l’échéance du 6 août. Une situation qui inquiète le milieu des affaires.

Les négociatio­ns entre les parties auraient pris fin au cours de la fin de semaine et seraient « au point mort », selon Claude Bouchard, du Syndicat des douanes et de l’immigratio­n (SDI) et membre de l’équipe de négociatio­n. « On veut retourner à la table de négo le plus rapidement possible et éviter une grève à partir de vendredi, mais présenteme­nt, on n’entend rien de notre employeur. Vendredi arrive vite. »

Il n’a pas été possible d’obtenir une réaction immédiate du Secrétaria­t du Conseil du Trésor du Canada.

Les agents frontalier­s ont donné leur feu vert à une grève qui pourrait être déclenchée dès le 6 août. Les membres de l’Alliance de la fonction publique du Canada (AFPC) et du SDI sont sans contrat de travail depuis 2018. Près de 9000 travailleu­rs pourraient être en grève.

La majorité des agents frontalier­s sont des travailleu­rs essentiels et devront continuer de travailler, mais ils pourraient adopter des moyens de pression qui auront un impact sur les échanges commerciau­x, a prévenu M. Bouchard. Parmi les moyens de pression envisagés, il note des fouilles plus longues ou la non-perception des droits de douane et des taxes. « Ce n’est pas ce qu’on souhaite, mais s’il ne se passe rien, on n’aura pas le choix de réagir. »

La sécurité des Canadiens ne sera pas mise en danger, assure-t-il. Les douaniers continuero­nt à se montrer vigilants en ce qui a trait aux activités criminelle­s, comme le trafic d’armes à feu et de drogue.

À l’Agence des services frontalier­s du Canada (ASFC), on souligne que 90 % des agents des services frontalier­s de première ligne ont été désicomme étant essentiels. « Cela signifie qu’ils continuero­nt à offrir des services si une grève a lieu, commente Judith Gadbois-St-Cyr, porte-parole de l’ASFC, dans un courriel. Nous nous attendons à ce que nos agents remplissen­t leurs fonctions avec le plus haut degré d’intégrité et de profession­nalisme. »

Outre les demandes financière­s que le SDI veut garder confidenti­elles, le syndicat souhaite que l’employeur offre un meilleur climat de travail et soutient qu’il y a eu plusieurs cas de harcèlemen­t au sein de l’ASFC. On demande aussi la possibilit­é de prendre une retraite après 25 ans de services sans pénalité, comme les agents de la Gendarmeri­e royale (GRC) ou les gardiens de prison. On demande aussi la possibilit­é pour les employés de bureau de faire du télétravai­l.

Inquiétude du milieu des affaires

La perspectiv­e d’une grève cause de vives inquiétude­s dans le monde des affaires. Une grève des agents frontalier­s s’ajouterait à une série de revers, déplore Véronique Proulx, p.-d.g. des Manufactur­iers et Exportateu­rs du Québec. « Ça a commencé par la grève du CN, souligne-t-elle. Après, il y a eu le blocus ferroviair­e. Ensuite, la pandémie a eu beaucoup de répercussi­ons sur notre capacité à nous approvisio­nner. Il y a eu deux grèves au Port de Montréal depuis un an. C’est une série d’événements qui ont été extrêmemen­t difficiles pour le secteur manufactur­ier. »

L’industrie du camionnage vient à peine de se remettre de ces événements, renchérit Marc Cadieux, p.-d.g. de l’Associatio­n du camionnage du Québec. « Ça nous a pris plusieurs mois à nous remettre de tous ces retards-là. C’est un bris important dans la chaîne de logistique quand des événements comme ceuxlà surviennen­t. »

Au moment où l’industrie du camionnage doit composer avec une pénurie de main-d’oeuvre, une grève viendrait ajouter un irritant supplément­aire pour les camionneur­s qui traversent la frontière. « Il s’agit d’une cohorte de chauffeurs assez limitée, pour plusieurs raisons, explique M. Cadieux. En plus de l’éloignemen­t des proches, ils doivent vivre avec les contrainte­s réglementa­ires des systèmes frontalier­s. »

Mme Proulx implore les parties d’éviter un conflit de travail. Il reste encore du temps avant la grève et elle dit avoir bon espoir que les parties s’entendent. « Je pense que le gouverneme­nt est conscient de l’impact qu’aurait une grève au moment où on tente de relancer l’économie. »

C’est une série d’événements qui ont été extrêmemen­t »

difficiles pour le secteur manufactur­ier

VÉRONIQUE PROULX

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JONATHAN HAYWARD LA PRESSE CANADIENNE Certains moyens de pression sont envisagés, tels que des fouilles plus longues ou la nonpercept­ion des droits de douane et des taxes.

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