Le Devoir

Le sort des réfugiés afghans

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Quel sort sera réservé aux réfugiés afghans qui ont aidé les soldats canadiens en mission en Afghanista­n ? Le gouverneme­nt canadien a bien tardivemen­t mis sur pied un programme pour leur venue ainsi que leur famille au Canada. Je me demande si le sort de ces réfugiés ne sera pas finalement comparable aux harkis algériens en large partie abandonnés par la France à la fin de la guerre d’Algérie en 1962.

Les harkis, composés d’Algériens, étaient des forces supplétive­s incorporée­s à l’armée française. À la suite des Accords d’Évian de 1962 qui mirent fin à cette guerre et qui, notamment, devaient protéger les harkis, plusieurs de ceux-ci et des membres de leur famille furent torturés et tués par le nouveau pouvoir algérien et ses sympathisa­nts. On estime qu’environ 50 000 harkis furent massacrés en 1962. Quelques dizaines de milliers d’entre eux réussirent à se rendre en France pour demeurer dans des camps aux rudes conditions de vie situés dans le sud de la France. Les gouverneme­nts français, depuis le temps de la présidence de Jacques Chirac, ont reconnu leur responsabi­lité de ne pas avoir protégé les harkis. Le 25 septembre de chaque année, le gouverneme­nt français, depuis 2003, leur rend hommage.

Est-ce le sort qui attend les « harkis » afghans ? Il faut espérer que non et que le gouverneme­nt canadien et les autres membres de la Coalition internatio­nale feront tout ce qu’il faut pour sauver la vie de ces réfugiés. Le temps presse et on peut penser que les talibans ne feront pas de quartier. Ou bien faudra-t-il se contenter, comme en France, d’un monument ou d’une plaque en hommage aux réfugiés afghans qui ont aidé les troupes canadienne­s en Afghanista­n ?

Michel Lebel

Entrelacs, le 6 août 2021

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